2025 signe le 120e anniversaire de l’arrivée de Matisse à Collioure. Le Musée d’art moderne de la ville revendique les couleurs de ses séjours décisifs dans la naissance du fauvisme tout cet été 2025 à travers une exposition chorale de 13 artistes rendant hommage au maître du fauvisme. Baptisée Back to Matisse, apparition d’un fauve à Collioure, elle se dévoile jusqu’au 27 septembre.
Matisse découvre Collioure en 1905. Il reviendra jusqu’en 1914. En 1906, il inscrit même ses deux enfants à l’école du village. Parce que tant a été dit et montré sur le maître du fauvisme et la perle de la Côte Vermeille, la conservatrice du musée, Claire Muchir, ouvre un nouveau dialogue à travers l’hommage de treize artistes contemporains à Matisse. Baptisée Back to Matisse, apparition d’un fauve à Collioure, l’exposition se livre jusqu’au 28 septembre dans l’intimité et la douceur du Musée d’art moderne.
« Pour Matisse, la couleur fauve surgit à Collioure. Elle est là avant le dessin. La Méditerranée est un retour aux origines, à un paradis perdu pour lui. Le temps devient suspendu », décrypte Claire Muchir. Elle a donc sélectionné 13 artistes coups de cœur et découvertes. En quête, comme Matisse, « de la couleur ultime ».
À l’image des toiles « fluos » de Benoît Bonnemaison-Fitte. « C’est quasiment un travail d’affichiste, avec cette fusion entre la figure et le fond de la toile. Il y a dans ses œuvres de la sauvagerie du fauvisme ». Ce Toulousain de naissance vit à Aurignac, non loin du Cominges. C’est peut-être pour cela que ses œuvres dialoguent aussi avec les peintures rupestres. Pas surprenant qu’une d’elles a été choisie comme affiche de l’exposition.
Broderie, marqueterie, petits formats comme autant de dialogues
« La fenêtre est un élément majeur dans l’œuvre de Matisse », poursuit Claire Muchir devant les œuvres de Barbra Nascimbeni, elles aussi consacrées à ces « écrans si particuliers ». « Chez Matisse, la fenêtre est un filtre, il ne donne aucune profondeur. La fenêtre est un passage ».
Le Catalan Nicolas Cussac dialogue 125 ans plus tard avec le maître du fauvisme. « Ses petits formats disent le Collioure d’aujourd’hui, avec tendresse, acuité, second degré parfois ». Le tout signé d’un mystérieux « La mer m’émou vante », comme une bouteille à la mer scandée. Alice Guittard a choisi un matériel rare, la marqueterie, pour retravailler des détails de Matisse. Charnelles et sensibles, ses œuvres guident autrement le long du parcours du peintre.
Le Perpignanais Franck Gabarrou a choisi la broderie pour rendre hommage aux si fameux bouquets de Matisse. « Il y a à la fois de la naïveté et de la vitalité dans ses broderies », déguste Claire Muchir. Comme il faut savourer ce « come-back » de Matisse dans l’écrin qui le fit fauve.
« Derain disait à Collioure, on utilise la couleur comme des bâtons de dynamite »
De la dynamite, de la couleur, de l’audace et une poésie tentaculaire, il y en a dans les œuvres de Claire Lindner. Ces céramiques flamboyantes se découvrent dans une salle unique ouvrant sur le cloître du Musée d’art moderne. « Derain disait à Collioure, on utilise la couleur comme des bâtons de dynamite, les oeuvres de Claire Lindner approuvent. Elle est installée dans les Corbières et son travail possède la force d’un feu d’artifice fauve ».
Nouveauté cet été, la librairie port-vendraise Oxymore s’installe au musée d’art moderne de Collioure. Elle y proposera une sélection de livres d’art tous les jours. À déguster autour d’un café servi dans la superbe cour intérieure du musée. Un musée qui propose des animations tout l’été pour tous les âges. Et affiche un très raisonnable prix d’entrée de 3 euros, « moins cher qu’une boule de glace ».