Par

Isabelle Villy

Publié le

30 juin 2025 à 18h04

Les traces de l’incendie du 24 mai sont encore visibles sur les murs de la résidence de la rue du Panorama, à Darnétal, près de Rouen (Seine-Maritime). Sur le parking de l’immeuble, d’énormes containers, installés de façon provisoire pour récupérer les eaux usées, prennent les places des voitures : l’accès à ce niveau reste de toute façon interdite, depuis l’incendie.

Évacuation des eaux usées : du provisoire qui dure…

Mais près d’un mois après le sinistre, les locataires n’en peuvent plus ! Ils se sentent totalement abandonnés par leur bailleur, Habitat 76. Et comme si l’incendie ne suffisait pas, ils ont aussi été victimes d’inondations après les violents orages qui se sont abattus sur la Seine-Maritime, vendredi 13 juin dernier. Trop c’est trop, et ils demandent au bailleur d’agir.

Trous dans les murs après que les tuyaux d’évacuation des eaux usées ont été changés, fenêtres noircies témoignant du passage de l’incendie, humidité après les inondations consécutives à l’orage du 13 juin… la coupe est pleine pour les locataires. 

L’une de leurs principales demandes : que l’évacuation des eaux usées soit enfin refaite, d’un bout à l’autre. Les tuyaux d’évacuation, qui avaient fondu par le feu, ont été changés, mais actuellement, ce sont des cuves installées sur le parking qui récupère les eaux usées des appartements… « Elles ne sont pas vidées régulièrement et évidemment, ça déborde… et on ne vous raconte pas les odeurs », confie Sabrina, maman d’une des locataires qu’elle héberge d’ailleurs chez elle depuis l’incendie.

« On ne se sent plus en sécurité » 

« Ma mère est une des locataires dont l’appartement a été le plus touché par l’incendie. Un relogement avait été proposé par le bailleur, dans le même immeuble, mais sans aide pour le déménagement », explique la fille de la locataire, dont l’appartement est toujours aujourd’hui difficilement habitable.

« On ne se sent plus en sécurité. Et quand je vois l’état de mes meubles, remplis de suie et la fenêtre noire et qui a éclaté par la chaleur, c’est difficile. La fenêtre a été sécurisée début juin et une société de nettoyage est intervenue pour nettoyer la suie », confie la mère de Sabrina, âgée de 73 ans, qui a, de plus, dû nettoyer son appartement totalement inondé d’eaux usées, trois jours après l’incendie : « tout ressortait depuis les toilettes et s’est répandu dans tout l’appartement. Cela a duré cinq jours », dénonce sa fille.

Cinq logements inondés

Après l’incendie du 24 mai, c’est donc l’orage du 13 juin qui a, une nouvelle fois, causé des dommages aux locataires : l’un d’entre eux est monté sur le toit pour comprendre d’où venaient des infiltrations d’eau qui ont détruit le placo®, s’infiltrant partout dans les appartements, les rendant, une fois de plus, inhabitables.

« Il manquait un bout de tuyau d’évacuation, certainement déplacé à cause de l’incendie », explique Sabrina, qui souligne la solidarité entre les voisins de l’immeuble et l’entraide dont ils ont fait preuve les uns envers les autres. Quoi qu’il en soit, cinq logements ont été inondés : des dégâts s’ajoutant à ceux de l’incendie pour des locataires déjà éprouvés.

Le bailleur Habitat 76 fait le point

Le directeur du territoire concerné pour Habitat 76, Tanguy Hameeuw, affirme que le bailleur reste « mobilisé et à l’écoute des locataires, jusqu’à la remise en état complète de la résidence. Après l’incendie de deux véhicules dans le parking couvert, la mobilisation immédiate des équipes d’Habitat 76 (avec notamment le passage de son expert), de ses prestataires et de la mairie de Darnétal, a permis que les familles regagnent leur logement dès le mercredi suivant », fait valoir le directeur, qui concède que l’incendie a plus sérieusement touché deux logements, et que leurs habitants n’ont pas encore pu rentrer chez eux à ce jour. 

En ce qui concerne la remise en état définitive des réseaux d’eaux usées et pluviales, il indique que les travaux ont démarré, tout comme la réalisation des peintures des halls et des paliers.

« Durant l’été, nous allons procéder à la réfection des deux logements les plus impactés : les travaux se traduiront par le changement des sols, des fenêtres et des volets, ainsi que par la réparation des plomberies », annonce Tanguy Hameeuw, qui assure que jusqu’ici, tout a été mis en œuvre pour « rendre les espaces de vie sûrs et habitables, dans les meilleurs délais ».

S’agissant du parking, le directeur constate que « les dates de passage des experts, mandatés pour les assureurs des propriétaires des véhicules, demeurent inconnues. Leurs validations sont malheureusement indispensables pour lancer toutes les réparations concernant l’isolation, la maçonnerie, l’électricité ou encore le remplacement de la porte. Les commandes sont déjà prêtes et sont évaluées à près de 350 000 euros », détaille Tanguy Hameeuw, qui indique que durant cette période, « la facturation des emplacements de stationnement est suspendue ».

Mère d’un enfant autiste, elle a cherché un autre logement

Parmi les sinistrés, une mère de famille dont l’un des enfants est autiste : « J’ai emménagé ici en 2024, mais là, ce n’est plus possible. Nous avons des trous dans les murs, de l’humidité partout dans l’appartement et pour mon fils, ces conditions de vie ne sont pas possibles. Avec les ouvertures béantes dans les murs dans lesquels passent les tuyaux d’évacuation, toutes les odeurs de fumée arrivent aussi dans les chambres, et dans tout l’appartement et comme mon fils, en plus d’être autiste, souffre d’allergies, c’est devenu compliqué de rester ici », confie Carole, qui a fait démarches et a trouvé une solution pour être relogée.

Darnétal Le Panorama suites incendie
Depuis l’incendie, les eaux usées sont évacuées dans des cuves, qui ne sont pas toujours vidées et qui débordent.  ©Isabelle VILLYLes locataires déterminés à prendre un avocat

Aujourd’hui, les locataires vivent dans le stress, comme cette habitante du cinquième étage qui ne dort plus que sur son canapé et avec les fenêtres ouvertes, sa chambre présentant encore des traces des inondations et de l’incendie. « Cela fait un mois que les locataires sont dans la galère. Il n’est plus possible de vivre ainsi : il faut continuer à payer les loyers alors que la direction d’Habitat 76 ne nous apporte pas de réponse. Si rien ne change, nous allons prendre un avocat et faire procéder à des constats par huissier », annonce, déterminée, Sabrina, qui tient ici à remercier le maire Christopher Langlois, qui les a soutenus.

« Il était là le jour de l’incendie et il est intervenu auprès du bailleur », confirme la mère de la locataire sinistrée.

Le maire de Darnétal reste « attentif à l’évolution de la situation »

« J’ai été informé de ces difficultés persistantes rencontrées par les locataires de l’immeuble touché par l’incendie. J’en ai échangé aussitôt avec le directeur d’Habitat 76, et lui ai indiqué que j’attendais de lui une mobilisation et des réponses rapides et concrètes pour les habitants, et donc la réalisation des travaux nécessaires dans les délais les plus restreints possibles », indique le maire de Darnétal, Christopher Langlois, contacté par la Rédaction.

Darnétal Le Panorama suites incendie
Dans cet appartement du cinquième étage, la locataire attend que les cloisons soient refaites après que le changement des tuyaux d’évacuation.  ©Isabelle VILLY

Il ajoute que depuis le jour du sinistre, il est présent aux côtés des habitants, avec les services municipaux. « Nous nous sommes immédiatement mobilisés, avec beaucoup de rigueur, pour accompagner les locataires, les informer, les orienter, et leur apporter tout le soutien nécessaire dans cette période difficile. Je reste donc particulièrement attentif à l’évolution de la situation et continuerai à l’être jusqu’à ce que les engagements pris par le bailleur soient tenus », promet l’élu.

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