Le lien entre alcool et cancer du pancréas était jusqu’ici jugé incertain, mais une nouvelle étude internationale vient de le confirmer. Selon cette étude, même une consommation modérée d’alcool augmente significativement le risque de développer ce cancer redouté. Voici les chiffres clés à retenir.
Le cancer du pancréas est l’un des plus redoutés en raison de son diagnostic souvent tardif et de son évolution rapide. Il n’y a pas si longtemps, les preuves liant sa survenue à la consommation d’alcool restaient limitées. Toutefois, une étude publiée le 20 mai dernier dans la revue PLOS Medicine, menée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), change la donne. En analysant les données de plus de 2,5 millions de personnes sur quatre continents, les chercheurs ont mis en évidence une association claire entre la consommation d’alcool et le risque accru de cancer du pancréas.
L’alcool, un facteur à risque du cancer du pancréas Un seul verre par jour suffit à augmenter le risque
Les chercheurs du CIRC ont mis en évidence une association claire entre la consommation d’alcool et le risque de cancer du pancréas, même à des niveaux modérés. Chaque augmentation de 10 g d’alcool pur par jour, soit l’équivalent d’un verre standard, est associée à une hausse de 3 % du risque de développer ce cancer. Ce lien est observé indépendamment du sexe, de l’âge ou du statut tabagique, ce qui en fait un facteur de risque autonome. Autrement dit, même les personnes non-fumeuses, en bonne santé générale, ne sont pas épargnées. Ces résultats remettent en question l’idée selon laquelle une consommation modérée d’alcool serait sans danger.
Des seuils de risque bien identifiés selon le sexe
L’étude révèle également des seuils de risque différenciés entre les sexes. Chez les femmes, une consommation quotidienne de 15 à 30 g d’alcool, soit environ un à deux verres, augmente le risque de cancer du pancréas de 12 % par rapport à une consommation très faible (0,1 à 5 g/jour). Chez les hommes, le risque grimpe de 15 % pour une consommation de 30 à 60 g/jour, et atteint 36 % au-delà de 60 g/jour. Ces données fournies par Doctissimo confirment une relation dose-dépendante, ce qui signifie que plus la consommation est élevée, plus le risque augmente.
Un lien sous-estimé jusqu’à présent
Jusqu’à cette étude, le lien entre alcool et cancer du pancréas était jugé peu concluant, contrairement à d’autres cancers (foie, sein, œsophage, côlon…). Cette nouvelle analyse, dirigée par le Dr Pietro Ferrari du CIRC, apporte des preuves solides que le pancréas est lui aussi vulnérable aux effets de l’alcool. Selon La Provence, le risque est présent même à des niveaux de consommation inférieurs à deux verres par jour, ce qui remet en question la notion de « consommation modérée » sans danger.
Le cancer du pancréas : une maladie redoutable et encore mal comprise Un cancer souvent diagnostiqué trop tard
Le cancer du pancréas est aujourd’hui l’un des cancers les plus meurtriers, en grande partie à cause de son diagnostic tardif. Bien qu’il ne figure qu’au 12ᵉ rang des cancers les plus fréquents, il est responsable d’environ 5 % des décès par cancer dans le monde. Cette létalité s’explique par des symptômes souvent discrets ou non spécifiques aux premiers stades. La maladie est généralement détectée à un stade avancé, lorsque la tumeur est inopérable. Le taux de survie à 5 ans reste inférieur à 10 %, et seuls 20 % des patients sont diagnostiqués à un stade encore opérable.
Des facteurs de risque multiples
Outre l’alcool, plusieurs facteurs de risque sont bien établis. Le tabagisme est le principal, impliqué dans 20 à 30 % des cas. L’obésité, le diabète de type 2, la pancréatite chronique et certains antécédents familiaux augmentent également le risque. Des mutations génétiques, comme celles des gènes BRCA1/2 ou PRSS1, peuvent aussi être en cause dans les formes héréditaires. L’étude du CIRC souligne que l’alcool agit comme un facteur de risque indépendant, même en l’absence de ces autres éléments.
Un message clair pour la prévention
Cette étude renforce un message de santé publique déjà bien établi : il n’existe pas de seuil de consommation d’alcool sans risque. Même un seul verre par jour peut avoir des conséquences à long terme. Réduire, voire supprimer, sa consommation d’alcool constitue donc un levier concret pour diminuer le risque de cancer du pancréas et d’autres cancers associés.