Adrien se prépare à « une rude semaine ». « Je crains terriblement la chaleur, mais ce sont les nuits que j’appréhende le plus… » confie le quadragénaire parisien, rencontré ce dimanche dans un parc où il promenait ses deux enfants.
À côté des 40 °C qui nous attendent au plus chaud de la journée sur une bonne partie du pays ce mardi, des températures juste en dessous de 30 °C paraissent bien petites dans l’absolu. Et pourtant, quand le mercure ne descend pas beaucoup au cours de la nuit et plafonne à 27, 28 voire 29 °C à l’aube, les organismes souffrent profondément car ils ne parviennent pas à bien récupérer.
« Les températures maximales sont intéressantes à suivre pour les arbres et la végétation. En ce qui concerne le bâtiment et la ville, c’est vraiment la température minimale qui va tout commander », pointe Clément Gaillard, urbaniste spécialisé en conception bioclimatique.
Des nuits tropicales sur une large partie du pays
Depuis une semaine, le sud de la France est déjà habitué à ces nuits dites « tropicales » — c’est-à-dire quand la température minimale reste au-dessus de la barre de 20 °C. Perpignan, Nice ou encore Marseille ne sont pas descendues sous 26 voire 28 °C. Ces deux prochaines nuits, le centre de la France sera concerné à son tour. « Dans quasiment toutes les villes allant du pourtour méditerranéen à l’Île-de-France en passant par le sud-ouest et le Poitou-Charentes, on restera au-dessus de 20 °C », avance Adrien Warnan, prévisionniste à Météo France.
La nuit la plus chaude devrait être celle de mardi à mercredi. À Paris, le mercure pourrait rester bloqué à 25 voire 26 ou 27 °C. Le record mensuel de température minimale la plus élevée à la station de Paris-Montsouris, à savoir 25 °C à l’aune du 25 juillet 2019, pourrait être approché voire battu. Depuis plusieurs décennies, le nombre de nuits tropicales dans la capitale tend déjà à augmenter.
« On communique beaucoup sur les maximales car c’est souvent mieux perçu par la population, mais les minimales seront au moins aussi notables », résume Adrien Warnan. Et comme celles-ci seront atteintes à l’aube, il peut faire encore 30 °C à minuit voire 1 heure du matin !
En centre-ville, le phénomène d’îlot de chaleur
Ces phases nocturnes seront — comme toujours — beaucoup plus suffocantes en centre-ville qu’en banlieue, à cause du phénomène d’îlot de chaleur urbain. Le bitume absorbe la chaleur puis il la relâche en fin de journée, empêchant les températures de beaucoup descendre la nuit en zone urbaine.
« Quand il fait 24 °C à Paris, on peut atteindre 28 °C dans le centre et gagner encore 1 ou 2 degrés en plus si des appareils électriques (four, machine, etc.) fonctionnent dans l’appartement », prévient Clément Gaillard. Alors, si vous n’avez pas la climatisation à domicile, le chercheur conseille notamment de « dormir dans la pièce la plus fraîche ».