À l’approche du 9 juillet, les chancelleries fourmillent. C’est à cette date que doit prendre fin la trêve de 90 jours sur les droits de douane mondiaux décrétés par l’administration Trump. Depuis, Washington enchaîne les négociations bilatérales, et les coups de pression sur les petits pays.
La Chine, qui a conclu un accord avec les États-Unis, fait tout pour défendre le multilatéralisme et éviter des échanges qui pourraient être à son désavantage. « Si une telle situation survenait, la Chine ne l’accepterait pas et prendrait des contre-mesures fermes et résolues », a prévenu le ministère du Commerce le 28 juin, après avoir qualifié les tarifs douaniers réciproques de Donald Trump de « harcèlement unilatéral ».
Pour se prévenir d’une mise à l’écart et prôner un rapprochement avec l’Union européenne, Pékin y a envoyé cette semaine son ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, l’un des plus grands diplomates chinois de ces dernières années. Arrivé lundi 30 juin, il se rendra d’abord au 13e cycle du Dialogue stratégique de haut niveau Chine-UE, à Bruxelles, où il doit s’entretenir avec la vice-présidente de la Commission Kaja Kallas, avant de rencontrer le premier ministre belge Bart De Wever et les chefs des diplomaties française et allemande, Jean-Noël Barrot et Johann Wadephul, d’ici le dimanche 6 juillet.
Économies extraverties
« Ce rapprochement est vivement souhaité du côté de la Chine », expliquait l’économiste Ding Yifan à l’Humanité, mais l’Europe « reste encore très réticente ». Depuis les sanctions économiques des administrations Trump et Biden, Pékin a dû diversifier ses partenariats, notamment vers l’Union européenne.
Les échanges commerciaux entre les deux parties ont d’ailleurs quasiment quadruplé ces vingt dernières années, pour atteindre 785 milliards de dollars en 2024. Mais du côté des vingt-sept, on préfère retenir un autre chiffre, celui du déficit commercial de 357,1 milliards de dollars. Et se faire tordre le bras par la Maison-Blanche plutôt que d’explorer la piste chinoise, preuve en est de la hausse aberrante des dépenses militaires européennes sous la pression de Washington et de l’OTAN.
Alors, la présidente de la Commission européenne et atlantiste convaincue Ursula von der Leyen fait preuve de zèle dans la confrontation avec Pékin. Après une enquête sur les subventions publiques reçues par les constructeurs chinois de véhicules électriques, l’UE a décrété une taxe sur ces derniers, fin octobre 2024. Les fabricants tels que BYD consentent pourtant à délocaliser une partie de la production en Europe, ce qui créerait des emplois pour les ouvriers, mais menacerait le capital du continent.
Droits de douane chinois sur le cognac français
L’administration Xi a donc répliqué avec des droits de douane sur certains produits, le cognac français par exemple. Plus récemment, le vendredi 20 juin, l’Union européenne excluait les entreprises chinoises des commandes publiques de matériel médical dépassant 5 millions d’euros.
Malgré tout son talent de négociation, Wang Yi devra donc batailler pour un éventuel rapprochement entre la deuxième puissance mondiale et les vingt-sept. Ces derniers sont plus attirés par l’Amérique que par l’Asie, nous rappelait l’économiste Benjamin Bürbaumer : « Le modèle chinois est extrêmement extraverti, il repose sur les exportations de capital et de marchandises… Comme celui de l’Union européenne. Il paraît difficile qu’elles puissent s’entendre, surtout quand la principale zone d’importation, les États-Unis, semble de plus en plus réticente à continuer. De ce point de vue, Trump pourrait aussi générer des tensions plus fortes entre l’UE et la Chine ».
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