Dans une Union européenne qui penche toujours plus à droite, ils ne sont plus que trois dirigeants de gauche sur 27 : le Maltais Robert Abela, forcément marginal, l’Espagnol Pedro Sánchez, sous la menace d’un scandale de corruption, et la Danoise Mette Frederiksen, qui postule au rôle de modèle de la gauche européenne.

Objectif « zéro réfugié »

Les résultats sont là : Mette Frederiksen, 47 ans, est au pouvoir à Copenhague depuis 2019. Aux dernières législatives de 2022, son parti Social-Démocratie a amélioré de deux points (à 27,5 %) le score obtenu trois ans plus tôt, et les sondages continuent de le placer largement en tête. Sa recette ? Elle a « recentré la gauche », assumé « un discours régalien clair sur la souveraineté, la sécurité et l’immigration, non par repli identitaire mais pour préserver l’État providence », résume Renaud Large dans La Troisième gauche (Fondation Jean Jaurès).

L’inflexion est spectaculaire sur l’immigration, qu’elle justifie ainsi auprès du Guardian : « Pour moi, il devient de plus en plus clair que le prix de la mondialisation incontrôlée, de l’immigration massive et de la livre circulation des travailleurs est payé par les classes populaires. » Cela donne un objectif politique de « zéro réfugié », un accord en suspens avec le Rwanda pour y traiter les demandes d’asile, et un autre avec le Kosovo pour y interner les délinquants étrangers (avant expulsion vers leur pays d’origine).

Avec Meloni et Retailleau

Résultat, la meilleure amie de Mette Frederiksen dans l’UE est la présidente italienne postfasciste Giorgia Meloni. Toutes deux pilotent avant chaque Conseil européen une réunion de volontaires décidés à durcir la politique européenne en ce domaine – le chancelier Friedrich Merz s’y est invité au dernier Conseil, le 26 juin, et le ministre français Bruno Retailleau a salué leur travail.

À voir si la gauche européenne suivra vraiment ce modèle. Quant à Emmanuel Macron, il l’aura pour alliée sur la défense et la souveraineté européennes, mais comme adversaire sur les accords de libre-échange. Et l’on aura compris que Mette Frederiksen, qui s’est dressée contre Donald Trump et ses prétentions sur le Groenland, est solide sur ses convictions.