Aux Philippines, des chercheurs ont utilisé des cendres
volcaniques afin de fabriquer des blocs de mortier capables de
bloquer les rayonnements ionisants. Cette innovation pourrait se
montrer utile dans les centrales nucléaires mais également dans les
hôpitaux.

Un mortier capable de bloquer les rayonnements ionisants

En début d’année 2020, le volcan philippin Taal est
entré en éruption, induisant des dépôts de cendre à plus de 60 km
de distance. Pas moins de 50 000 personnes ont fait l’objet d’une
évacuation dans un rayon de 14 km autour de l’édifice. Le fait est
que l’élimination de ces cendres représentait un
véritable défi, dans la mesure où ces dernières sont différentes
des cendres habituelles. En effet, les cendres volcaniques sont
constituées de roche et de verre, autrement dit des fragments
abrasifs, corrosifs et tranchants. Il ne fait
aucun doute que leur présence dans la nature représente un danger
pour le vivant.

Comme le révèle un communiqué publié en février
2025, une équipe de l’Université Ateneo de Manille (Philippines) a
travaillé sur un projet intéressant. L’objectif ? Collecter les
cendres volcaniques afin de les intégrer à la fabrication d’un
matériau de construction inédit, à savoir des blocs de mortier
géopolymère. Selon les chercheurs, ce matériau bénéficie d’une
grande capacité de blocage des rayonnements
ionisants
grâce à la présence dans les cendres de minéraux
riches en fer.

« Le fer a un plus grand pouvoir d’interaction parce
qu’il contient plus d’électrons. De plus, c’est un métal dense en
raison de sa structure lourde et serrée. Les matériaux à haute
teneur en électrons et plus denses, tels que la TVA, ont une plus
grande efficacité pour bloquer les rayons X et les rayons gamma
dangereux. », a déclaré Floyd Rey Plando, principal
meneur des recherches.

volcan Taal

Crédit :
iStock

Le volcan Taal aux Philippines.
Crédits : Herve Jaubert / iStockQuelles applications pour ce matériau ?

Rappelons que le blindage contre les radiations n’est
pas seulement utile pour la construction de centrales
nucléaires
. En effet, le matériau pourrait également
servir à bâtir des hôpitaux, où certains appareils médicaux
émettent des rayonnements ionisants. Citons également les sites
industriels ayant recours à la stérilisation par radiation, afin
d’étendre la durée de conservation des produits. Bien qu’utiles,
ces énergies n’en demeurent pas moins un danger pour les humains et
l’environnement, d’où l’utilité de réfléchir à des
solutions permettant de les contenir
et si possible, à
faible coût en utilisant des ressources locales.

Depuis la présentation de leurs premiers résultats, les
chercheurs philippins poursuivent leurs travaux. Le but est
d’améliorer à la fois la durabilité et les performances de leur
mortier. En cas de succès, cette innovation pourrait attirer divers
industriels dans le cadre d’une production dans les zones
où l’activité volcanique est présente.