C’est la “fin d’un long silence”, commente El País. Mardi, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont parlé au téléphone pendant plus de deux heures. Le premier échange entre les deux présidents depuis septembre 2022, rappelle La Stampa. Au menu de la conversation, l’Ukraine mais aussi l’Iran.
“L’Union européenne avait évité de parler avec Poutine jusqu’à présent”, signale El País. “Les exceptions avaient été ses deux grands soutiens au sein du bloc communautaire, le premier ministre hongrois, Viktor Orbán, qu’il a rencontré et contacté par téléphone à plusieurs reprises pendant la guerre, et le premier ministre slovaque, Robert Fico, qu’il a reçu au Kremlin en décembre de l’année dernière”, précise le quotidien espagnol.
Au cours de cet appel, M. Macron a insisté sur le “soutien inébranlable de la France à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine”, plaidant pour un cessez-le-feu rapide. “Poutine a rappelé une fois de plus que le conflit ukrainien est une conséquence directe de la politique des États occidentaux”, rapporte Rossiyskaya Gazeta. “Pendant de nombreuses années, ils ont ignoré les intérêts de la sécurité de la Russie, ont créé une tête de pont anti-russe en Ukraine”, continue le quotidien financé par le gouvernement russe.
“Il est impossible de partager cette analyse”, pointe El País, ajoutant que le dirigeant français a donc “invité Poutine à se concentrer sur la situation actuelle plutôt que reprendre une conversation sur les causes profondes du conflit comme le fait régulièrement la Russie”.
Le Corriere della Sera observe que cet “entretien téléphonique intervient deux jours seulement après que le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré à propos de Merz et Macron que ces personnages ont “définitivement perdu la tête” et tentent ouvertement de revenir à l’époque où la France et l’Allemagne voulaient conquérir toute l’Europe, en premier lieu l’Empire tsariste et l’Union soviétique”.
Laissés à l’écart par Washington
Le site ukrainien Kyiv Independent souligne de son côté que la Russie “a rejeté à plusieurs reprises la proposition de cessez-le-feu soutenue par les États-Unis, retardant les négociations de paix”. La Russie est restée “intransigeante dans ses demandes maximalistes et a résisté à la pression de l’Europe et des États-Unis pour des négociations sincères”, confirme le Kyiv Post.
Sur l’Iran en revanche, M. Macron et Poutine paraissent d’accord sur la stratégie à adopter : “la crise concernant le programme iranien ne doit être réglée que par des voies diplomatiques”, résume Politico Europe. C’est d’ailleurs le bombardement des sites nucléaires iraniens par les États-Unis qui serait à l’origine de ce coup de téléphone. “Les deux leaders avaient été laissés en marge de la décision américaine”, constate le New York Times.
Alors le fait qu’Emmanuel Macron – qui a parlé avec Volodymyr Zelensky après son échange avec M. Poutine – ait pris “le risque diplomatique” d’entrer en contact avec son homologue russe et de briser son isolement “ressemble à une tentative de retrouver un rôle dans le Moyen-Orient”, estime le journal. Pour M. Poutine, “c’était une opportunité d’accentuer la stature de la Russie comme acteur majeur de la géopolitique malgré l’indignation de l’Occident après l’invasion de l’Ukraine”.
En fin de journée, les Etats-Unis ont annoncé qu’ils cessaient de livrer des missiles de défense antiaériens Patriot à l’Ukraine. Le Pentagone s’inquiète de voir baisser ses stocks pour sa propre défense. Mais cette décision « reflète la baisse d’engagement de l’administration Trump vis-à-vis de Kiev », suggère le Wall Street Journal.