Des « lanceurs d’alerte ». C’est ainsi que se définissent Jean-Pierre Colin, vice-président de la Région, et Ahmed Touati, fonctionnaire territorial connu localement pour son combat contre le Front national en 1995.

En révélant aujourd’hui les détails d’un sondage privé sur les prochaines élections municipales à Toulon, commandé par le premier nommé en mars (nos éditions précédentes), le duo de centristes entend jeter un pavé dans la mare de leur camp politique: « Si rien n’est fait, l’an prochain, la candidate du Rassemblement national Laure Lavalette va être élue maire » de la capitale du Var.

Les chiffres fournis par l’institut Elabe, qui s’est appuyé sur un panel « représentatif » de 800 personnes, sont éloquents.

En termes de notoriété, Laure Lavalette est loin devant Josée Massi, que seuls 26% des électeurs disent connaître (contre 44% pour la parlementaire RN). « Pour un maire, ce chiffre est extrêmement faible et inquiétant », souligne Jean-Pierre Colin.

Dans les urnes, la députée d’extrême droite serait même créditée de 46% d’intentions de vote au premier tour en cas de confrontation avec l’édile (33%) et une liste de gauche plurielle (21%). Autant dire que le scrutin ne serait plus très loin d’être joué.

« En 1995, quand le FN a accédé à l’hôtel de ville, ça a été une énorme surprise », poursuit Jean-Pierre Colin. « Là, à neuf mois des municipales, on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas. »

Quelles leçons tire-t-il de ces résultats? « Il faut une prise de conscience au centre et à droite, avec une union sacrée entre les équipes de Josée Massi, de Michel Bonnus mais aussi de Pierre-Jacques Depallens ».

Hubert Falco, le facteur X

En outre, pour l’élu seynois, battre le Rassemblement national ne sera possible « que si Hubert Falco s’implique vraiment, ce que souhaitent 50% des inscrits ».

Ahmed Touati renchérit: « Les écarts sont trop importants pour qu’on se dise: Une belle campagne électorale suffira. » C’est faux. »

Dans le cas de plusieurs listes de même sensibilité au premier tour, Laure Lavalette réalise cependant un score relativement contenu (38%). Un trompe l’œil, pour Jean-Pierre Colin: « Au second tour, la dynamique changerait profondément. Et la division crée les conditions d’une victoire du RN ».

Concernant le choix du candidat idoine, celui-ci refuse à prendre position. « Ce n’est pas à moi de le dire ».

Tout juste rappelle-t-il que le député Yannick Chenevard est le dernier à avoir battu le parti lepéniste aux élections législatives de 2024.

Quid de Michel Bonnus, pour le compte de qui il avait commandé ce sondage? « Malheureusement, dans le cas d’une opposition à Laure Lavalette, celle-ci atteint le score de 48% au premier tour », contre 30% pour le sénateur LR. « À cette heure, ni Josée Massi ni Michel Bonnus ne sont invités à la table. Il y a le feu… »

« Aucun intérêt personnel »


Hypothèse Michel Bonnus, candidat LR/Ensemble. En % des intentions de votes exprimées. Source Elabe

Reste que ces chiffres, si significatifs soient-ils, montrent une réalité politique approximative, qui plus est datée de trois mois.

André de Ubeda est ainsi « testé » comme candidat de la gauche unie – aux côtés de LFI, ce qui semble loin d’être fait – quand on sait désormais que la tête de liste sera la socialiste Magali Brunel.

Étiqueté MoDem, Pierre-Jacques Depallens n’apparaît pas non plus, alors que sa présence sur la ligne de départ en 2026 ne fait guère de doute.


Hypothèse Josée Massi, candidat LR/Ensemble. En % des intentions de votes exprimées. Source Elabe

Au final, certains ne manqueront pas de s’interroger sur la démarche de Jean-Pierre Colin, par ailleurs élu d’opposition à La Seyne, et toujours ambitieux dans la deuxième ville du Var. « Il n’y a aucun intérêt personnel en jeu », jure-t-il. « Simplement, quand on a découvert ces résultats, ça a été un choc. Et ça nous oblige. »

Pourquoi n’en parler que maintenant? « Depuis le printemps, ça patauge. Aucune voix ne s’élève alors que ces chiffres devraient interpeller dans toute la métropole. On a une responsabilité collective: si Toulon tombe, La Seyne va être impactée car TPM peut aussi tomber. C’est arithmétique. On veut tout faire pour que ça n’arrive pas. »