Par
Laurent Fortin
Publié le
2 juil. 2025 à 12h14
Un homme avait porté plainte fin avril 2023 à la brigade de gendarmerie de Vertou contre celle avec qui il avait eu, quelques années plus tôt, une « relation épisodique » alors qu’il était « célibataire » et elle « en couple », avait expliqué aux militaires ce professionnel de l’immobilier âgé aujourd’hui de 51 ans. Mais cette dernière avait « découvert » en 2021 qu’il « entretenait une relation avec une autre femme », ce qui ne les avait pas empêchés d’avoir « des relations sexuelles jusqu’en février 2022 » a fait observer la présidente du tribunal.
Cette « nouvelle relation » étant cette fois-ci « sérieuse », le quinquagénaire avait donc « fait comprendre à plusieurs reprises » à sa maîtresse que leur relation était « terminée ». Il l’avait même « accompagnée », car il voyait qu’elle « perdait pied » et qu’elle était « dans une détresse psychologique importante ».
De son côté, cette femme âgée de 40 ans s’était engagée à organiser « une réunion à quatre » avec leurs conjoints respectifs pour « rassurer » ces derniers sur le fait que leur relation adultère était bel et bien terminée. Mais, toujours « amoureuse », elle avait « plutôt dit l’inverse » le jour venu… L’amant s’était donc décidé à porter plainte contre elle quand il avait vu que son ancienne maîtresse était « rentrée » chez sa nouvelle compagne « sans y être invitée » et qu’elle s’était rendue sur leur ancien lieu de travail, où lui continuait d’exercer.
« Pas la première à tomber sous le charme »
Ce « harcèlement » avait en effet eu pour conséquence de faire déménager sa nouvelle compagne « à Nancy » car leur vie de couple était devenue « trop compliquée », avait confirmé l’intéressée aux gendarmes. Cela avait aussi généré « des tensions au bureau » alors qu’il avait « déjà des relations compliquées avec son président » : il a d’ailleurs été « licencié » depuis. D’anciens collègues se sont souvenus que cette « tarée » avait « forcé pour avoir un entretien dans le bureau » de son amant, le jour où elle était revenue dans leur ancienne entreprise.
Une salariée de la société avait pour sa part dit aux gendarmes que la prévenue n’était « pas la première » à tomber sous les charmes de cet « homme à femmes » car « il y en avait eu d’autres » avant elle.
Il soufflait le chaud et le froid tout le temps
Une ancienne collègue à propos du plaignant
Elle l’avait qualifié de personne « pas très saine » qui « écrase les gens pour se mettre en lumière ».
Il m’a rendue complètement dingue.
La prévenue à la barre du tribunal correctionnel de Nantes
Elle signalait aussi l’attitude de cet homme toujours « très flou » et « ambigu » sur leur relation.
Mais, depuis, j’ai lu des bouquins et j’ai pris part à des groupes de parole… Je sais désormais que j’avais affaire à un pervers narcissique et à un manipulateur.
Ce « collègue soutenant » l’avait au départ « aidée à quitter la société » alors qu’elle était « épuisée professionnellement » et qu’elle était « dans une mauvaise phase » de sa vie personnelle. Elle était en fait restée en couple « vingt-et-un ans » avec le même compagnon, qu’elle avait connu « à 17 ans » et avec qui elle a eu deux enfants.
Aujourd’hui, ça me paraît fou d’avoir fait ça… Mais je pense que c’était un appel au secours auprès de mon conjoint pour sortir de tout ça.
La quadragénaire.
Malgré « une thérapie de couple », ce compagnon qui était « toujours resté à mes côtés » ne l’a pas entendu de cette oreille.
On a décidé de se séparer : c’est très compliqué de rester ensemble après une telle épreuve.
La prévenue
Mais elle va « beaucoup mieux » aujourd’hui : elle est restée « en très bons termes » avec lui et a même pu « courir un marathon ».
« Un dossier classique de harcèlement »
Son avocate, Anne Bouillon, a souligné pour sa part que le plaignant avait « reconnu » des « violences » contre sa maîtresse, quand il lui avait « serré la gorge » et qu’il lui avait donné « une gifle ». Mais la procédure judiciaire a été classée sans suites « en opportunité », sa cliente n’ayant pas honoré sa convocation à l’Unité médico-judiciaire (UMJ) du CHU de Nantes.
Je ne m’attendais pas à ce qu’on étale cette affaire en public. Mais je n’avais pas d’autre choix que de déposer cette plainte : j’avais déjà fait intervenir à trois reprises les gendarmes. Quand j’ai voulu la retirer, ils m’ont dit qu’ils continueraient d’enquêter, avec ou sans moi.
La victime au moment de prendre la parole à la barre.
Il aimerait être partout ailleurs que dans cette salle d’audience : il n’est pas là de gaîté de cœur.
Son avocate, Stéphanie Salau
Elle confiait être « un peu pantoise » que sa consœur en défense « demande à son client pourquoi il demande des dommages et intérêts ». Après avoir un temps pensé à ne « rien demander » à son ancienne maîtresse, il sollicitait en effet 1 500 € de dommages et intérêts et autant de frais de justice : ce « harcèlement » a été la source de « troubles du sommeil » et d’une certaine « hyper-vigilance » chez lui.
Dans ce « dossier assez classique de harcèlement entre ex-conjoints » dont il fallait « relativiser la gravité pénale », le procureur de la République ne comptait pas demander une « peine sévère ». Il avait donc requis une simple interdiction de contacts et une interdiction de paraître au domicile du plaignant, sans inéligibilité, pour cette femme jusqu’alors inconnue de la justice.
Les deux anciens collègues n’ont déjà « plus de contacts depuis deux ans ».
On peut comprendre qu’il ait été effrayé mais il n’y a eu que six faits sur un an… On n’est pas sur du harcèlement.
Anne Bouillon, l’avocate de la défense,
Cette dernière souhaitait obtenir une relaxe ou au moins « un partage de responsabilités ».
Si vous estimez le contraire, attendez-vous demain à voir votre juridiction dépassée par les dossiers de harcèlement.
Anne Bouillon
Sa cliente a malgré tout été reconnue coupable : elle devra accomplir sous six mois, à ses frais, un stage de « lutte contre les violences au sein du couple ». Sur le plan civil, elle devra verser 1 500 € de dommages et intérêts à son ancien amant pour les « souffrances endurées » et autant pour ses frais de justice.
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