Certes, en Autriche, Lando Norris et Oscar Piastri ont étalé leur talent dans les duels roue contre roue, Liam Lawson a inscrit son meilleur résultat en carrière et Fernando Alonso ainsi qu’Esteban Ocon ont de nouveau terminé dans le top 10. Mais la belle histoire du week-end restera sans doute les premiers points de Gabriel Bortoleto en F1. 

Le Brésilien, qui n’avait jamais eu autant de chance que son coéquipier jusqu’alors – ne parvenant pas à débloquer son compteur -, est parvenu à hisser sa Stake Sauber à la huitième place du Grand Prix d’Autriche après une course et un week-end maîtrisés de A à Z.  

« C’est génial. C’est vraiment super d’être pilote du jour. Mais surtout, marquer ce point pour l’équipe, c’est très important pour la confiance de tout le monde », a déclaré Bortoleto dans le carré des interviews dimanche dernier.

« Évidemment, c’est énorme, ça donne beaucoup de confiance. Mais je savais qu’à un moment ou un autre, je finirais par marquer des points. Il fallait juste être au bon endroit, avec un peu de chance de mon côté. Et on l’a fait. Mais le vrai objectif, c’est de gagner des courses un jour et de se battre pour le championnat. On sait exactement ce qu’on doit faire pour ça. »

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En fin d’épreuve, le jeune rookie s’est même octroyé une bataille contre son manager, avec qui il partage la piste : Fernando Alonso. Revenu comme une flèche dans les derniers tours, Bortoleto a mis l’Espagnol sous pression. Mais l’arrivée du leader de la course Lando Norris, qui leur prenait un tour, a facilité la défense d’Alonso, qui n’a pas manqué de montrer au jeune homme de 20 ans de quel bois se chauffait un double champion du monde de F1. 

« Les drapeaux bleus ne nous ont pas aidés, mais ça, c’est quelque chose de très difficile à prévoir », a expliqué Bortoleto. « Ça dépend du rythme de chacun, surtout quand tout est aussi serré. J’ai vraiment le sentiment qu’on a tout fait de notre côté. »

« On savait que la stratégie à un arrêt [choisie par Alonso, ndlr] et celle à deux arrêts [choisie par Bortoleto, ndlr] allaient être très proches, c’était clair sur le papier. Après, peut-être qu’il aurait fallu rentrer un peu plus tôt, je ne sais pas. Mais franchement, l’équipe a fait un super boulot. À chaque fois que mon rythme commençait à baisser, ils me rappelaient pour me mettre un meilleur train de pneus et me donner d’autres options pour aller chercher les points. Donc je ne regrette pas du tout d’avoir fait deux arrêts. »

Gabriel Bortoleto devant Liams Lawson et Fernando Alonso.

Gabriel Bortoleto devant Liams Lawson et Fernando Alonso.

Photo de: Zak Mauger / LAT Images via Getty Images

« [La bataille avec Alonso] était fun. Surtout parce qu’il s’est durement battu et j’ai pris beaucoup de plaisir. Heureusement, on ne s’est pas accrochés, sinon je n’aurais peut-être même pas eu de quoi rentrer chez moi [Bortoleto utilise souvent le jet privé de son manager pour voyager entre les courses, ndlr] ! Il a énormément d’expérience. Il savait parfaitement jouer avec les drapeaux bleus et tout le reste. Il a failli dépasser Norris dans la ligne droite, mais il savait exactement comment faire ça proprement, sans faute, parfaitement. »

Interrogé sur ce qu’il pouvait apprendre du pilotage du double champion du monde, lui qui en a été le premier témoin en piste, Bortoleto a répondu : « Bien sûr [qu’il y a de quoi apprendre]. Mais c’est une étude que tu fais plutôt à la maison, quand tu es tranquille, que tu regardes l’onboard du gars et que tu analyses chaque trajectoire. La façon dont il regarde dans ses rétros, dont il freine pour choper le DRS au bon endroit, etc. »

« Ce n’est pas quelque chose que tu peux vraiment analyser en direct, parce que toi, tu es concentré sur comment le dépasser. Et moi, j’étais juste un jeune pilote qui essayait de marquer ses premiers points, alors que lui, il était là, relax, à défendre sans stress. Il savait exactement ce qu’il faisait. Il contrôlait la situation. Et même avec des pneus plus usés, il a réussi à me garder derrière pendant deux tours. Chapeau à lui. »

Un rookie déjà impressionnant
Gabriel Bortoleto avec Jonathan Wheatley, directeur de Stake Sauber.

Gabriel Bortoleto avec Jonathan Wheatley, directeur de Stake Sauber.

Photo de: Andy Hone / LAT Images via Getty Images

Bien que ces quatre points ne soient « que » les premiers de Gabriel Bortoleto en F1, il ne fait aucun doute que le rookie impressionnait déjà depuis le début de saison. Le Brésilien avait montré du potentiel en parvenant à s’extraire de la Q1 à trois reprises alors que la C45 était loin d’afficher le niveau du week-end dernier. 

« Je pense qu’il aurait déjà dû marquer des points sur d’autres courses », a déclaré Jonathan Wheatley, directeur de Stake Sauber, au sujet de son pilote. « Je suis super content pour lui, vraiment ravi. Il a fait une course parfaite. Vraiment parfaite tout le week-end : chaque relais, il a bien géré le trafic, il a pris de bonnes décisions pour se faire dépasser et reprendre un tour… C’était une prestation impeccable. »

« Ce circuit nous a toujours bien réussi, dans toutes les équipes où j’ai travaillé. Et c’est un tracé que Gabi connaît bien. On oublie facilement que c’est sa première année. Il n’a pas fait dix mille heures d’essais privés en F1, il apprend sur le tas, circuit après circuit. Et cette piste, OK, on pensait qu’elle conviendrait bien à la voiture, mais elle convient aussi à Gabi. Et au final, chaque circuit lui conviendra – à lui comme à Nico [Hülkenberg] – si la voiture continue à bien fonctionner comme maintenant. »

Malgré ses belles performances, et sa capacité à tenir tête à son expérimenté coéquipier Nico Hülkenberg, Bortoleto n’avait encore jamais été récompensé par des points. Interrogé sur le fait que ce résultat en Autriche devait être libérateur pour le rookie, Wheatley a répondu : « Pour moi, c’était inévitable. Je sais qu’il y avait un petit storytelling autour du fait qu’il était le seul à ne pas avoir marqué de points, mais pour moi, ça ne m’a même pas traversé l’esprit. C’est juste un truc que les médias me demandaient sans arrêt. »

« Depuis le début, il a une approche très mature et une éthique de travail incroyable. Et ce que j’adore – et que j’ai déjà vu chez d’autres jeunes pilotes – c’est que même s’ils ont déjà toute la confiance du monde, chaque étape franchie leur permet de construire là-dessus, encore et encore, et leur confiance grandit sans cesse. Il a vraiment un avenir très, très prometteur devant lui. »

Propos recueillis par Filip Cleeren 

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Téha Courbon

Formule 1

Gabriel Bortoleto

Stake Sauber

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