Par

Brian Le Goff

Publié le

2 juil. 2025 à 19h40

Il y a ceux qui profitent du tennis à la télé et ceux qui le transportent jusque chez eux. C’est le cas de Christophe Natu. À Thorigné-Fouillard, près de Rennes, le quinquagénaire a transformé une partie du jardin de la résidence familiale en un terrain de tennis en gazon naturel, digne de Wimbledon. À l’occasion de ce tournoi du Grand Chelem qui a lieu jusqu’à la mi-juillet, le Breton a accepté de revenir sur la genèse de ce court très rare en France.

« J’avais affaire à des professionnels qui me regardaient un peu de haut »

En cette matinée caniculaire, l’homme à la carrure solide, casquette blanche et casque anti-bruit sur la tête, enchaîne les allers-retours avec sa tondeuse à cylindre, avant de redessiner les lignes avec une traceuse à rouleau.

C’est comme la pelouse chez soi, mais on tond à quelques millimètres. Pour les lignes, si on a un petit peu trop bu la veille, il faut attendre d’avoir dessoûlé, sinon vous n’irez pas droit bien sûr. J’ai des méthodes qui se rapprochent de Wimbledon d’il y a 40 ans.

Christophe Natu

Fort d’anecdotes, tout en continuant la préparation du terrain, Christophe explique les évolutions que les jardiniers de Wimbledon ont pu apporter aux courts de compétition.

Et ces connaissances, il les a acquises seul. « Au début, c’était très dur parce qu’il n’y avait pas internet au moment où j’ai voulu faire ce court. Tout se faisait à l’ancienne. On téléphonait à droite à gauche, j’avais affaire à des professionnels qui me regardaient un peu de haut. Mais, à partir du moment où j’ai pu me former et savoir comment faisaient les jardiniers anglais pour leur tennis sur gazon, ça m’a beaucoup aidé pour progresser et arriver à ce résultat. »

Seulement quelques terrains en France

« Il y a eu un complexe à Deauville, mais il a fermé. Sinon, il n’y a presque qu’à Lagardère Paris Racing et à l’ambassade britannique qu’il existe des courts similaires au mien », développe Christophe.

« Un terrain de tennis à la place des moutons »

C’est au tournant des années 1990 que le Breton a pris le taureau par les cornes et entrepris la création de ce terrain qui existe depuis plus de 25 ans.

À l’origine, c’était une ferme ici. Dans le village, il y avait des hectares et c’était un champ de la ferme. On a construit là parce que ça ne coûtait pas cher. Un jour, Christophe a décidé de faire un terrain de tennis à la place des moutons.

Emmanuel
Père de Christophe Natu

En 2013, ensemble, ils ont retravaillé le terrain pour le rendre le plus plat possible. « En gros, j’ai cherché la difficulté. Ce type de courts, c’est l’un des plus durs à faire. »

Et côté sportif, ce n’est pas plus facile. « Sur gazon, ça joue sur les effets. Déjà, le rebond est plus bas parce que le centimètre de gazon amortit le rebond. Et il atténue le lift. Donc, plutôt que d’avoir un rebond très haut, il va être plus normal en quelque sorte. Enfin, il accentue les effets coupés et c’est là que l’on a des balles très basses. »

« Un rêve qui deviendra réalité quand un pro s’entraînera ici »

Après la saison estivale, seule période où le gazon est praticable pour jouer au tennis, Christophe compte entreprendre à nouveau de gros travaux afin de changer le sens du terrain exposé aujourd’hui est-ouest en nord-sud : « Car, là, on a le soleil dans les yeux en fin de journée ».

Ces travaux permettront également de rendre le terrain encore plus plat.

Si le terrain est ouvert à la location (comptez une vingtaine d’euros pour au moins une heure), l’objectif de Christophe est plus grand.

Le rêve de Christophe ? Qu'un joueur pro vienne s'entraîner sur son court.
Le rêve de Christophe ? Qu’un joueur pro vienne s’entraîner sur son court. (© Brian Le Goff / actu Rennes)

« Ce court n’est ni plus ni moins qu’un rêve de gosse, qui deviendra complètement réalité le jour où j’aurais un professionnel qui s’entraînera ici. À mon avis, j’aurais les larmes. S’il apprécie, ça voudra dire que j’ai réussi. »

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