Même si les températures sont éprouvantes, la situation actuelle ne s’apparente pas à la crise sanitaire de l’été 2003. © Freepik
Canicule exceptionnelle, la majorité des départements touchés en vigilance orange, un air chaud et lourd qui colle à la peau, des pics d’ozone à n’en plus finir… Joyeux été 2025.
Selon le bulletin hebdomadaire de Santé Publique France du 2 juillet, la vigilance orange a été déclenchée dès le 20 juin, avant de s’étendre sur tout le territoire hexagonal en l’espace d’une semaine. Depuis hier, mardi 1er juillet, 16 département ont été placés en vigilance rouge : l’Aube, le Cher, l’Essonne, les Hauts-de-Seine, l’Indre, l’Indre-et-Loire, le Loir-et-Cher, le Loiret, Paris, la Seine-et-Marne, la Seine-Saint-Denis, le Val-d’Oise, le Val-de-Marne, la Vienne, l’Yonne et les Yvelines.
“C’est un épisode inédit car particulièrement précoce et généralisé”, déplore la Dr Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France. Mais Robin Lagarrigue, chargé d’études scientifiques à Santé Publique France précise que “ce que nous vivons n’a rien à voir avec 2003. À l’époque, on avait eu 15 000 décès en trois semaines. Aujourd’hui, c’est différent, plus diffus, mais tout aussi dangereux.”
Un été qui démarre en alerte rouge Des passages aux urgences en hausse
Depuis fin juin, les données de Santé Publique France montrent une forte hausse des passages aux urgences pour des pathologies liées à la chaleur (l’indicateur iCanicule). Notamment hyperthermies et déshydratations chez les moins de 15 ans et 15-44 ans. Le 30, les indicateurs ont bondi, avec un pic de 240 consultations SOS Médecins liées à la chaleur.
“Les arrivées aux urgences sont généralisées à toutes les tranches d’âge mais on se concentre majoritairement sur les seniors. Chez les 75 ans et plus, les effets sont plus marqués.” précise Robin Lagarrigue, chargé d’études scientifiques à Santé Publique France.
La moitié des urgences pour iCanicule (coup de chaleur, hyponatrémie, déshydratation) concernent cette classe d’âge et les deux tiers de ces cas finissent à l’hôpital. Pour ne rien arranger, les effets de la chaleur peuvent apparaître plusieurs jours après l’exposition. Problèmes cardiovasculaires, atteintes respiratoires ou psychiatrie … Le danger ne s’arrête pas quand le mercure redescend.
Un air de moins en moins respirable
Comme ci cela ne suffisait pas, des pics de pollution à l’ozone viennent en prime aggraver la situation dans plusieurs régions, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes. Ce gaz irritant, formé par la chaleur et la pollution automobile, est un vrai problème de santé publique qui prend de l’ampleur année après année.
Canicule après canicule, il augmente les risques d’asthme, de détresse respiratoires et d’hospitalisations cardiovasculaires, rappelle Santé Publique France dans ses rapports hebdomadaires.
Prévention : savez-vous quoi faire face aux épisodes de chaleur ? Conseils canicule : oui… mais non !
Boire régulièrement, éviter les efforts physiques aux heures chaudes, fermer les volets la journée, les ouvrir la nuit… Ces conseils sont désormais bien ancrés dans les esprits. 90% des français déclarent les connaître, selon Santé Publique France. Mais quand il s’agit de les appliquer, c’est une autre histoire. Seulement cinq sur dix affirment les respecter réellement, souligne Agnès Verrier, chargée de prévention santé-environnement à Santé Publique France.
Un relâchement, voire une ignorance volontaire qui pourrait coûter cher aux plus fragiles. “Les bons réflexes ne doivent pas devenir une routine de second plan pendant la canicule” rappelle la Dr Semaille.
Prévention : une surveillance sanitaire permanente… mais invisible
En coulisses, les autorités sanitaires ne restent pas les bras croisés sous la clim. Le centre des crises sanitaires de Santé Publique France est en alerte continue. Marie Baville, qui le dirige, coordonne les actions avec les Agences Régionales de Santé (ARS) sur le terrain.
“Ce travail s’inscrit dans le cadre du dispositif ORSAN, un outil du ministère de la Santé qui permet aux ARS de gérer les situations sanitaires exceptionnelles. Que ce soit une canicule, une pandémie ou un afflux de patients à l’hôpital, ORSAN sert à organiser la riposte et à faire monter en puissance le système de santé quand ça chauffe” , explique-t-elle.
Bien sûr, le suivi ne s’arrête pas aux urgences. Santé Publique France observe aussi les données de SOS Médecins, les hospitalisations, et d’ici quelques semaines, les données de mortalité et de morbidité. Car il faudra attendre au moins un mois pour estimer l’impact réel de cette canicule sur la mortalité en France.
À SAVOIR
37 000 décès attribués à la chaleur entre 2014 et 2023, selon Santé publique France. Un fardeau sanitaire en constante augmentation à mesure que le climat se réchauffe. Les experts insistent : ce n’est pas une exception, mais une tendance lourde.
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