Par

Nicolas Gosselin

Publié le

13 avr. 2025 à 6h46

Au nord de Bordeaux, les roulottiers sont à la fête. Selon les données du ministère de l’Intérieur, compilées dans un classement par Le Figaro, trois communes de la métropole bordelaise figurent parmi les dix villes moyennes françaises les plus touchées par les vols dans les voitures en 2024. Selon la maire de Bruges, qui pointe à une fâcheuse deuxième place, l’explication pourrait se trouver dans la réorganisation territoriale de la police nationale, mise en place à partir de 2021.

Brigitte Terraza rappelle qu’avant cette réforme des divisions de la police nationale sur la circonscription de Bordeaux, la commune du Bouscat avait un commissariat avec des effectifs de police secours qui couvraient les secteurs du Bouscat, de Bruges et d’Eysines. Ils patrouillaient régulièrement sur le secteur, y compris la nuit.

« Une moindre présence policière »

Aujourd’hui, Le Bouscat et Bruges dépendent de la division centre, qui a en charge Bordeaux mais aussi Bègles et Villenave d’Ornon depuis la fermeture du commissariat de Bègles dans le cadre de cette même réorganisation. Le problème, c’est que les policiers sont déjà très occupés sur la ville centre.

« On constate une moindre présence de la police nationale sur Bruges, déplore Brigitte Terraza. Et quand on les appelle, ils mettent 30 minutes à venir dans le meilleur des cas car leurs équipages sont retenus ailleurs. Depuis cette réforme, on a tout de suite vu une augmentation des méfaits. »

Les chiffres corroborent ses propos. Avec 315 faits signalés en 2024, plus de 15 habitants sur 1 000 à Bruges ont été victimes d’un vol dans leur voiture. Par rapport à 2023, c’est quasi le double.

Eysines et Bègles sont aussi concernées

Dans la commune voisine du Bouscat, où la problématique est identique, la ville pointe à la huitième place du classement avec 12 habitants sur 1 000 victimes de vol à la roulotte. La tendance est clairement à la hausse par rapport à l’année précédente où aucune des deux villes d’un peu plus de 20 000 habitants n’apparaissaient dans le top 50.

Et Eysines (désormais rattachée à la division ouest et au commissariat de Mérignac), la troisième commune concernée par la fermeture du commissariat du Bouscat, apparaît à la 29e place du palmarès publié par Le Figaro avec une forte hausse des vols dans les voitures aussi. Il s’agit pourtant de trois villes résidentielles, réputées pour leur tranquillité.

« J’analyse ça par le désengagement de la police nationale. Il y a moins de bleu dans les rues », persiste Brigitte Terraza, qui cite Bègles comme autre victime de la réorganisation territoriale puisque la commune figure en neuvième position du classement avec 363 vols à la roulotte recensés en 2024.

Bordeaux intra-boulevards aspire les effectifs

« Forcément, une présence moindre sur la voie publique peut expliquer cette hausse, admet Bruno Vincendon, représentant du syndicat d’Alternative Police CFDT. Cette réforme a malheureusement défavorisé les villes rattachées à la division centre. Les effectifs bordelais ayant déjà beaucoup d’interventions à réaliser sur Bordeaux intra-boulevards. »

« En plus, nos effectifs police secours ne font que diminuer et nous sommes souvent accaparés par des missions chronophages, comme conduire des détenus condamnés par le tribunal judiciaire vers des maisons d’arrêt très éloignées de Bordeaux ou transférer des étrangers vers des centres de rétention administrative (CRA) comme celui d’Hendaye », ajoute le syndicaliste, qui plaide pour des renforts et une compagnie de CRS à demeure.

En attendant, les maires de Bruges et du Bouscat prennent le taureau par les cornes et mettent des moyens pour renforcer leur police municipale. Les deux municipalités ont décidé de recruter de nouveaux agents ces dernières années et de les doter d’armes létales.

« On pallie aux manques de la police nationale »

« Une ville tranquille n’a pas vocation à le rester si on ne la protège pas », se justifiait Patrick Bobet, le maire bouscatais, dans une interview pour actu Bordeaux datant de 2021. Dans le même esprit, Brigitte Terraza n’a pas hésité à étendre la plage horaire de fonctionnement de sa police municipale. Elle est désormais opérationnelle de 7h à 20h, du lundi au samedi.

En outre, l’élue a investi dans un dispositif de vidéoprotection avec 56 caméras actuellement en service. « Et tous les ans, on en budgétise de nouvelles. Il y en aura six de plus d’installées en 2025″, précise-t-elle.

On pallie aux manques de la police nationale. C’est aussi pour ça qu’on a armé nos policiers municipaux car ils sont souvent primo-intervenants.

Brigitte Terraza

« Je rêverais qu’on nous remette des effectifs de police secours au commissariat du Bouscat, avec une présence jour et nuit. Avant, il y avait des agents qui connaissaient bien le territoire et qui patrouillaient. Il n’y avait pas de problèmes. Maintenant, on a un poste de police où on peut juste venir déposer plainte », regrette Brigitte Terraza.

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