Depuis le début de l’année, une nouvelle version du variant Omicron a suscité un rebond épidémique important en Asie. Sa prévalence, encore faible, augmente en Amérique du Nord et dans plusieurs pays d’Europe, laissant présager qu’il devienne dominant. Face au risque d’une reprise épidémique de Covid-19 pendant les mois d’été, due notamment à ce variant plus transmissible, l’Académie nationale de médecine recommande de vacciner sans tarder les personnes les plus fragiles [1].
Variant placé sous surveillance
Janvier 2025 a vu apparaitre en Chine un nouveau variant du SARS-CoV-2, dénommé NB.1.8.1. « Plusieurs mutations le différencient des variants Omicron circulant actuellement : suivant leur position, ces mutations pourraient améliorer l’affinité de liaison au récepteur cellulaire ACE2 et augmenter la transmissibilité du virus, mais aussi faciliter son échappement aux anticorps induits par des infections ou des vaccinations antérieures » écrit l’Académie de médecine. Depuis le début de l’année 2025, ce variant a d’ailleurs suscité un rebond épidémique important en Asie (Hong Kong, Taïwan, Singapour). S’il ne semble pas déterminer, à ce jour, des formes cliniques plus sévères que les autres variants en circulation mais, il a néanmoins été classé le 23 mai 2025 par l’OMS parmi les variants placés sous surveillance.
Concernant les symptômes de ce variant, ils semblent être similaires aux précédents variants du virus, avec des symptômes tels que la fièvre, les maux de tête, la toux, l’écoulement nasal, la fatigue, les courbatures, les nausées, les vomissements et la diarrhée, a déclaré Shirin Mazumder, médecin spécialiste des maladies infectieuses à Memphis (Tennessee), lors d’une interview à nos confrères de Medscape Medical News .
« Le mal de gorge est un symptôme courant du Covid-19 qui se manifeste chez plus de 70 % des patients », a-t-elle déclaré. Bien que certains rapports décrivent le mal de gorge associé à NB.1.8.1 comme plus aigu et évoquant une « lame de rasoir », il n’est pas certain que ce symptôme soit distinctif de ce nouveau variant, a-t-elle fait remarquer.
Pour ce qui est de la gravité, elle ne semble pas être augmentée, a déclaré la Dre Mazumder à Medscape Medical News. « Bien que la plupart des personnes se rétablissent après une infection par le Covid-19, certaines devront être hospitalisées et d’autres développeront un Covid long, comme nous l’avons vu avec d’autres variants », a-t-elle précisé.
À ce jour, aucune étude n’a rapporté d’impact du NB.1.8.1 sur les résultats cliniques, et aucune preuve disponible ne suggère une résistance au nirmatrelvir (Paxlovid), selon l’OMS, qui précise que les vaccins actuellement utilisés restent efficaces contre les formes symptomatiques et graves.
Quid de sa circulation en Europe ?
Après l’OMS, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a lui aussi placé le variant NB.1.8.1 du SARS-CoV-2 sous surveillance, c’est le 5ème sur la liste [3]. « Si l’activité du virus ces dernières semaines dans l’Union Européenne/Espace économique européen montre une légère augmentation des cas, les taux de consultation en soins primaires respiratoires restent égaux ou inférieurs aux niveaux généralement observés à cette même période, les saisons précédentes. En outre, NB.1.8.1 n’a, à ce stade, pas d’impact significatif sur les indicateurs de gravité comme les hospitalisations, les admissions en soins intensifs et les décès », stipule le communiqué publié le 13 juin. Edoardo Colzani, responsable des virus respiratoires à l’ECDC, a néanmoins prévenu que si « le SARS-CoV-2 circule actuellement à de faibles niveaux dans l’UE/EEE […] son incidence pourrait augmenter dans les semaines à venir » (voir encadré ci-dessous).
L’inquiétude de l’ECDC porte essentiellement sur la couverture vaccinale des personnes les plus fragiles : « Nous ne prévoyons pas que le variant NB.1.8.1 présente un risque plus important pour la santé publique que les autres variants issus d’Omicron, et nous ne prévoyons pas non plus d’impact significatif sur l’efficacité du vaccin contre les formes graves de la maladie, affirme Edoardo Colzani. Cependant, après un hiver marqué par une faible circulation du SARS-CoV-2, l’immunité de la population contre le SARS-CoV-2 pourrait avoir partiellement diminué, en particulier chez les personnes âgées et les autres personnes présentant un risque plus élevé de forme grave, ce qui pourrait accroître la vulnérabilité à mesure que l’activité virale augmente. »
Vaccination des plus fragiles recommandée
En écho à ces avertissements des chercheurs européens, l’Académie de Médecine a émis un avis le 25 juin dans lequel elle évoque « le risque d’une possible prochaine reprise épidémique en France pendant les mois d’été ». Pour y faire face, elle recommande qu’une vaccination soit faite sans tarder à :
– l’ensemble des personnes identifiées à très haut risque de formes graves (d’âge égal ou supérieur à 80 ans, immunodéprimés, résidents en établissement pour personnes âgées dépendantes ou en Unité de soins de longue durée) vaccinées ou non à l’automne 2024;
– l’ensemble des personnes éligibles pour une vaccination annuelle (d’âge égal ou supérieur à 65 ans, femmes enceintes, avec comorbidités, ou en contacts réguliers avec des personnes fragiles ou immunodéprimées), mais n’ayant pas été vaccinées à l’automne 2024.
La campagne de vaccination de printemps, lancée le 15 avril 2025 et destinée aux personnes les plus fragiles ne semble pas rencontrer une forte adhésion dans la population cible ; elle pourrait être prolongée jusqu’au 15 juillet, indique l’Académie de médecine.
Scénarios pour l’été 2025 selon l’ECDC
L’ECDC a réalisé des projections de scénarios pour la dynamique du Covid-19 dans l’UE/EEE entre juin et décembre 2025 en se basant sur les données collectées dans 6 pays. Ces projections ont permis de tirer trois conclusions essentielles. Premièrement, le modèle suggère que l’immunité au niveau de la population a considérablement diminué depuis la fin de 2024, en raison des faibles niveaux de circulation du SARS-CoV-2 au cours de l’hiver 2024/25. « Pour les six pays considérés, l’immunité de la population est légèrement plus faible en juin 2025 qu’en juin 2024, c’est-à-dire légèrement plus faible qu’avant les vagues de Covid-19 en 2024 », écrit l’ECDC. Deuxièmement, les projections du scénario suggèrent que la faible immunité de la population, en l’absence de toute modification de la transmissibilité et/ou de la gravité du variant, est suffisante pour provoquer une vague de Covid-19 dans l’UE/EEE au cours de l’été 2025. Troisièmement, les projections des scénarios suggèrent un pic d’admissions hospitalières d’une ampleur comparable à celui qui s’est produit au cours de l’été 2024, bien qu’avec des variations et une incertitude marquées entre les pays et les scénarios.
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