Près d’un an après l’incendie qui avait décimé une famille comorienne dans le quartier des Moulins à Nice, deux suspects sont en garde à vue dans le cadre de cette enquête hautement sensible. Selon nos informations, confirmées par le procureur de la République de Nice Damien Martinelli, deux hommes ont été interpellés ce lundi 30 juin, puis placées en garde à vue dans les locaux du service interdépartemental de police judiciaire (SIPJ 06). Leurs auditions peuvent durer jusqu’à vendredi.

Les limiers du SIPJ 06 sont saisis d’une enquête pour « destruction volontaire par incendie en bande organisée ayant entraîné la mort » et « association de malfaiteurs », enquête pilotée par un juge d’instruction niçois. Quatre suspects avaient été interpellés, et incarcérés, dans les deux semaines qui avaient suivi le drame. Tous seraient directement impliqués dans l’incendie criminel, soit pour avoir participé à son allumage, soit pour avoir conduit ou accompagné les exécutants.

Depuis, un troisième incendiaire présumé manque toujours à l’appel. Tout comme le ou les commanditaire(s). Ni l’un ni l’autre ne figurent parmi les gardés à vue entendus cette semaine à la caserne Auvare. De source proche de l’enquête, il s’agirait de « logisticiens », qui n’auraient pas directement participé aux faits. Il s’agit des premières interpellations depuis onze mois dans ce dossier douloureux.

Sept victimes collatérales

Le feu se déclare le 18 juillet 2024, à 2h27, aux trois premiers niveaux d’un ensemble HLM situé au 38 rue de la Santoline. Flammes et fumées se propagent via la cage d’escalier jusqu’au septième et dernier étage. Elles s’engouffrent dans un appartement occupé par une famille comorienne. Deux occupants se défenestrent. Le bilan est effroyable: trois adultes, trois enfants et un adolescent décédés.

Très vite, cet incendie criminel apparaît lié au « contrôle de points de vente de stupéfiants situés à proximité », dixit le procureur Martinelli. Mais la famille décimée y est totalement étrangère. Une victime collatérale de ce « conflit de territoires ». Trois jeunes franciliens, recrutés via les réseaux sociaux, ont exécuté cette sale besogne qui a pris une tournure dramatique.

Quatre suspects déjà écroués

Deux d’entre eux sont rattrapés dans la foulée: un habitant du Val d’Oise, âgé de 21 ans, en région parisienne; et un ado de 17 ans, originaire de Seine-Saint-Denis, à bord d’un bus à son retour d’Espagne. Le conducteur s’est rendu dès le premier jour. Un passager est intercepté à la gare du Nord. Tous deux ont la vingtaine et habitent les Alpes-Maritimes.

Le procureur n’en dit pas plus, à ce stade, sur les derniers interpellés en date. Ils pourraient être déférés ce jeudi ou vendredi, en vue d’une mise en examen. Le juge des libertés et de la détention décidera alors s’ils rejoignent en prison, ou non, les quatre suspects déjà mis en examen.

Quoi qu’il en soit, les enquêteurs n’ont pas encore récupéré tous leurs objectifs dans leurs filets. L’enquête sur l’incendie meurtrier aux Moulins n’a pas encore livré tous ses secrets.