Assis sur un banc, Mohamad regarde, l’air un peu absent, les enfants courir dans les allées du Türkenschanzpark, un joli parc fleuri du XVIIIe arrondissement viennois. «Ça me touche de voir ça, souffle-t-il, moi aussi j’aimerais bien avoir mes enfants ici et jouer dans ce parc avec eux.» Ce Syrien de 54 ans arrivé en Autriche en 2023 avait l’espoir de faire venir sa famille à Vienne. Dans un français fluide, le père de huit enfants explique qu’après avoir obtenu l’asile l’an passé, il a très vite fait une demande de regroupement familial pour sa femme et six d’entre eux – ceux qui sont mineurs –, tous restés en Syrie. Un premier entretien a eu lieu, et «on avait beaucoup d’espoir», insiste-t-il ému, en regardant à nouveau les allées du parc.

Mais il s’est évaporé lorsque le gouvernement autrichien, alliance des conservateurs, sociaux-démocrates et libéraux, a annoncé qu’il souhaitait suspendre le regroupement familial: la mesure entre en vigueur ce jeudi. D’abord pour six mois, mais elle pourra être prolongée. Concrètement, durant cette période, les demandes peuvent être déposées mais elles ne seront pas traitées, sauf rares exceptions. Le ministre de l’Intérieur, Gerhard Karner justifie cette mesure par la surcharge du système autrichien, scolaire en particulier, en prenant comme exemple les écoles de la capitale autrichienne.