Toute de blanc vêtue, accompagnée des pianistes Éric Legnini et Tony Paeleman, Youn Sun Nah fait son entrée sur une reprise étonnamment douce de Nina Simone, Feeling Good. Sa voix de velours jusque-là en apesanteur se pare de nouvelles couleurs et de tessiture grave pour livrer un Libertango de Piazzolla propice aux vocalises et improvisations.

Dans un souffle, elle s’adresse alors au public qui l’écoute presque religieusement : « Bonsoir, merci beaucoup d’être venus ce soir. Je suis très heureuse d’être sur scène avec ces deux musiciens extraordinaires. »

Deux complices qui changeront de fauteuil, passant du piano à queue à sa version plus électronique, et pour lesquels Youn Sun Nah saura se faire parfois silencieuse.

Revisitant avec maîtrise des standards qui l’ont sans doute inspirée et qui la touchent, mais interprétant aussi ses propres chansons, la chanteuse coréenne fera ainsi pendant plus d’une heure la démonstration de son talent.

Le festival Marseille Jazz des Cinq Continents n’a pas de frontières

Sans se soucier des genres, elle ose le lyrisme, les digressions, les onomatopées, les roulements de crooneuse, les notes éraillées de rockeuse (comme sur God’s gonna cut you down de Johnny Cash) et les suspensions emplies d’émotions. Trouvant pourtant son équilibre.

Telle une funambule pleine de grâce, dans une cour où dansent les lumières, elle déambule sur son fil à couper le souffle, passant de Sometimes I Feel Like a Motherless child au psychédélique White Rabbit. Ou encore à l’acrobatique Coisas Da Terra de Maria Joao. Pour conclure sur le rock’n roll Jockey Full of Bourbon de Tom Waits puis le captivant My Funny Valentine.

Un jazz qui s’écoute comme un voyage à travers des contrées parfois éloignées, à l’image du festival Marseille Jazz des Cinq Continents qui n’a pas de frontières.

Ludivine Issambourg promet un voyage inclassable samedi

Ce dernier se poursuit justement jeudi soir avec la saxophoniste londonienne Nubya Garcia, déjà invitée au parc Longchamp il y a deux ans pour un focus sur la nouvelle scène anglaise. Elle aura le champ libre, à la Vieille Charité, pour présenter son Odyssey musicale, forcément détonante. Vendredi, le Marseille Jazz des Cinq Continents se pose dans un nouveau lieu, la Citadelle, avec le pianiste Tigran Hamasyan et son projet fou The Bird of a Thousand Voices conviant les mythes arméniens et le hard rock.

Samedi, au théâtre de la Sucrière, la flûtiste Ludivine Issambourg promet un voyage inclassable, entre jazz, funk, électro, psyché… Tandis que le saxophoniste Antonio Lizana, ambassadeur de la musique hispanique et fou de Coltrane, fusionnera le jazz avec le flamenco, accompagné de son quartet et d’un danseur.

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