Les tiques, ces petits arthropodes vecteurs de maladies réjouissantes (comme celle de Lyme notamment) ne se limitent plus aux sentiers de randonnée et aux hautes herbes des sous-bois. Elles prolifèrent désormais dans les parcs et jardins des grandes villes, posant un nouveau défi sanitaire, rapporte le magazine National Geographic. Leur présence croissante en milieu urbain nous oblige à repenser notre rapport à la nature en ville.
Maria Diuk-Wasser, écologue spécialiste des maladies à l’université Columbia (New York), a observé une augmentation spectaculaire des tiques dans les jardins et parcs de Staten Island, un arrondissement de la ville de New York. En seulement quelques années, ces parasites ont colonisé de plus en plus d’espaces verts urbains, s’étendant même vers le Queens et Brooklyn. Ce phénomène reflète une tendance nationale aux États-Unis, où les populations de tiques ont explosé depuis le milieu des années 2000.
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Plusieurs espèces de tiques inquiètent les chercheurs américains, notamment les tiques du cerf (Ixodes scapularis), les tiques du chien (Dermacentor variabilis) ou encore celles «à longues cornes» (Haemaphysalis longicornis). Ces acariens ont élargi leur territoire, s’adaptant aux milieux urbains grâce à la présence d’animaux-hôtes comme les ratons laveurs, les renards, les souris, les écureuils ou encore les cerfs. Ces derniers jouent un rôle important, car ils transportent les tiques lors de leurs déplacements, leur permettant une installation sur le long terme dans les parcs et les jardins.
Se protéger en milieu urbain: les bons réflexes
La régression de l’agriculture et la reforestation autour des villes ont recréé des habitats favorables aux tiques et à leurs hôtes sauvages. Par ailleurs, la fragmentation des espaces naturels crée des zones de transition –les lisières– où les animaux et les tiques prospèrent. Le changement climatique prolonge aussi la saison d’activité des tiques, qui peuvent désormais survivre et se reproduire plus longtemps grâce à des hivers plus doux.
La présence de tiques en ville doit nous forcer à nous adapter pour limiter les risques: il faut a minima porter des vêtements longs. Les personnes travaillant dans ces espaces verts peuvent également opter pour des textiles traités avec des répulsifs. Évitez si possible de marcher dans les hautes herbes et inspectez soigneusement votre corps après une sortie en plein air, même en ville. Aisselles, aine, plis du coude, derrière les genoux et les oreilles, dans le cuir chevelu: ne négligez rien.
En France, la maladie de Lyme, transmise par la tique du mouton (Ixodes ricinus), connaît également une progression notable, en particulier dans les zones périurbaines. Selon Santé publique France, près de 47.000 cas ont été diagnostiqués en 2021 et l’incidence varie fortement selon les régions, avec une attention particulière portée sur le Grand Est. Comme aux États-Unis, la hausse des cas est principalement liée à l’évolution de leur environnement, ce qui pousse les autorités à renforcer la prévention et la sensibilisation auprès du public.
Les tiques ne sont plus seulement des habitantes des forêts reculées, car elles s’adaptent et s’installent dans nos espaces verts urbains. Connaître leur mode de vie, comprendre les facteurs qui favorisent leur expansion et adopter des gestes simples de prévention sont essentiels pour profiter de la nature en toute sécurité, que ce soit à New York, Paris ou ailleurs. Maintenant, allez inspecter l’arrière de vos genoux, juste pour être sûr.