Par
Adrien Filoche
Publié le
3 juil. 2025 à 20h12
Après avoir développé des complications médicales à la suite d’un traitement reçu lors d’un passage aux urgences du CHU de Rouen, Laurent*, un homme de 48 ans, a attaqué l’hôpital et a réclamé réparation. Une audience s’est tenue le jeudi 3 juillet 2025 au tribunal administratif de Rouen afin d’évoquer cette affaire.
Trouble du système sanguin et douleurs intenses aux pieds
Le 23 janvier 2018, Laurent est admis aux urgences du CHU de Rouen. Il souffre de douleurs rénales et génitales importantes, et de fièvre. Les soignants constatent une sévère infection urinaire et lui administrent un traitement antibiotique. Une exploration chirurgicale est menée et permet de constater l’inflation d’un testicule. Le traitement antibiotique ne faisant pas effet, la solution prise est l’orchidectomie, c’est-à-dire une ablation de son testicule.
Hospitalisé, il sort finalement le 6 février avec un nouveau traitement antibiotique, qui sera finalement stoppé le 14 février en raison d’une neutropénie, un trouble du système sanguin qui se caractérise par un nombre trop faible d’un type de globules blancs. Il développe par ailleurs une neuropathie, prenant la forme de douleurs intenses au niveau des deux pieds.
Le patient demande une indemnisation
Début 2021, le patient saisit la commission de conciliation et d’indemnisation (CCI) de Normandie pour une demande d’indemnisation. La CCI ordonne l’expertise d’un pharmacologue et d’un urologue. Sur la base de ce premier rapport, la demande d’indemnisation est rejetée.
Laurent saisit alors le juge des référés qui ordonne une expertise judiciaire en octobre 2022, confié à un autre médecin.
Lors de l’audience au tribunal administratif, le rapporteur public a présenté : « [Laurent] demande au tribunal de condamner le CHU à l’indemniser du préjudice qu’il impute à sa prise en charge hospitalière. Il demande par ailleurs d’annuler le rapport d’expertise [de 2022] pour non-respect du contradictoire et manque d’impartialité. »
Lors de ses conclusions, le rapporteur public avance l’idée de la tenue d’une nouvelle expertise médicale.
Son avocate déplore un « défaut d’information »
Au moment de prendre la parole, l’avocate de la victime soutient la conclusion du rapport public et réclame la désignation d’un expert infectiologue. Le conseil estime que son client « n’a pas été informé lors de sa sortie d’hospitalisation que son traitement pouvait provoquer une neutropénie ».
« Est-ce que le traitement antibiotique était conforme ? », se questionne l’avocate. Il y a encore beaucoup de questions à poser. » Elle pointe ainsi du doigt un « défaut d’information sur la neutropénie » et « l’absence de surveillance biologique » à la suite de l’hospitalisation de son client.
De son côté, l’avocate du centre hospitalier universitaire soutient simplement : « Je rappelle qu’il y a déjà eu deux collèges d’experts qui ont validé les soins dispensés au CHU », estimant que la tenue d’une nouvelle expertise n’est pas pertinente. L’affaire a été mise en délibéré.
*Le prénom a été modifié.
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