La société européenne de cardiologie estime que les vaccins contre le Covid, la grippe ou encore le zona ont un intérêt qui va au-delà de la protection des infections spécifiques : elle permet aussi de prévenir les maladies cardiovasculaires.
Vacciner peut protéger des maladies cardiovasculaires : c’est la conclusion d’une revue de littérature scientifique publiée le 30 juin dans la revue médicale spécialisée European Heart Journal.
Vaccin contre le Covid mais aussi la grippe, le zona, le pneumocoque… l’étude, basée sur des cohortes de milliers de patients, rend une conclusion surprenante : « La vaccination est de plus en plus reconnue comme une mesure préventive efficace, non seulement contre des infections spécifiques, mais aussi pour la prévention des maladies cardiovasculaires chez les patients à haut risque », établit cette déclaration de consensus à laquelle a participé François Roubille, cardiologue au CHU de Montpellier.
D’après l’enquête, « un nombre croissant de données suggère que les vaccins contre la grippe, le SARS-CoV-2, le virus respiratoire syncytial, le zona et d’autres virus réduisent significativement les infections, et dans le cas de la grippe, les événements cardiovasculaires indésirables majeurs chez les personnes vaccinées ».
L’étude rappelle que 64 millions de personnes souffrent d’insuffisance cardiaque et de « Mace », des événements cardiovasculaires indésirables majeurs. Et que les maladies cardiovasculaires sont une cause majeure de mortalité.
« Ce n’est pas une surprise »
« Ce n’est pas une surprise pour la profession », explique François Roubille. « Il existe déjà des recommandations en ce sens, on espère qu’elles seront élargies après cette étude », indique le médecin, qui espère aussi que l’étude « permettra de corriger les fausses idées sur la vaccination ».
Malgré une augmentation du risque de myocardite lors d’une vaccination contre le Covid ? L’effet indésirable est « confirmé mais peu fréquent et d’évolution favorable », a établi l’ANSM, l’agence de sécurité du médicament, en 2022, et chaque nouvelle étude confirme l’analyse.
« C’est un problème secondaire qui parasite le débat, et qui concerne uniquement le vaccin contre le Covid », estime le Pr Roubille. Les experts n’évacuent pas le sujet, et font explicitement référence au risque accru de myocardite. « La vaccination est un sujet crucial dans l’élaboration des politiques et les stratégies de santé, et elle suscite de vifs débats dans l’espace public, en particulier depuis la pandémie de Covid 19 », écrivent-ils.
L’étude ne se contente pas d’une « déclaration de consensus clinique », sur la base de « la littérature existante et des preuves accumulées ».
Elle « fournit des conseils pratiques sur le moment de la vaccination et les populations cibles ». Elle « inclut également des recommandations pour la vaccination de populations vulnérables telles que les personnes immunodéprimées, les patients atteints de cardiopathies congénitales, les femmes enceintes, ainsi qu’une analyse des aspects de sécurité et des complications potentielles de la procédure ».
« Les infections bactériennes et virales augmentent le risque d’événement cardiovasculaire indésirable majeur »
Comment expliquer cet effet bénéfique de la vaccination ? « Les infections bactériennes et virales augmentent le risque d' »événement cardiovasculaire indésirable majeur », rappellent les experts. Particulièrement : « La grippe augmente le risque de cardiopathie de 3,9 % ».
Alors sur la grippe, notamment : « La vaccination réduit le risque d’infection virale de 60 %, et réduit sensiblement le risque de complication après une infection ». « Les patients vaccinés voient réduire de 30 % le risque d’accident cardiovasculaire majeur ».
« Le vaccin contre la grippe est recommandé chaque année pour les patients atteints de maladies cardiovasculaires, y compris les syndromes coronariens chroniques et l’insuffisance cardiaque », concluent-ils.
Il est « recommandé dans les 72 heures suivant un infarctus du myocarde, y compris en cas d’hospitalisation ».
Sur la seule grippe, les spécialistes appuient leurs conclusions sur la base de centaines de milliers de patients inclus dans des essais.
Le vaccin contre le zona est « recommandé, surtout chez les personnes âgées ou immunodéprimées, avec un effet protecteur cardiovasculaire estimé à plus de 50 % ».
Pour le vaccin contre le virus respiratoire syncytial, les perspectives sont prometteuses : « Il est efficace à 89 % chez les personnes âgées contre les infections respiratoires. Les données cardiovasculaires sont prometteuses mais encore limitées », établit le collège de médecins.