L’idée de décrocher le jackpot au Loto continue de fasciner de nombreux joueurs. Aux yeux de certains, l’intelligence artificielle (IA) représente peut-être le nouvel atout capable d’augmenter leurs chances. Récemment, trois étudiants en mathématiques de l’Université de Salento, dans le sud de l’Italie, ont tenté de défier le hasard à l’aide d’un algorithme assisté par l’IA, analysant les tirages passés sur deux ans. Leur initiative leur a permis de remporter la somme impressionnante de 43 000 euros. Cette prouesse soulève de nombreuses questions : l’IA peut-elle vraiment apporter une révolution dans ce type de jeu ? L’analyse statistique de ces étudiants avait-elle vraiment quelque chose de différent ?

Une démarche basée sur l’analyse des tirages passés

Les méthodes classiques de sélection des numéros gagnants au Loto varient souvent d’un joueur à l’autre :

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  • Certains misent sur les « numéros rares », c’est-à-dire ceux qui ont été peu souvent tirés, en espérant maximiser leur chance d’obtenir un gain important si ceux-ci sortent à nouveau.
  • D’autres, comme les jeunes mathématiciens italiens, se sont concentrés sur l’analyse des tirages précédents afin de repérer les numéros les plus fréquemment gagnants.

À partir de cette observation, ils ont utilisé une IA pour analyser les résultats passés, cherchant à identifier des tendances ou des biais potentiels dans la façon dont les numéros sont tirés. Grâce à cette stratégie, ils ont remporté plusieurs gains significatifs en cumulant jusqu’à 43 000 euros.

Le regard critique d’un mathématicien : hasard, probabilités et IA

Frédéric Giroire, chercheur en mathématiques au CNRS et à l’Inria, met en perspective cette approche qualifiée de « contre-intuitive ». Pour lui, le Loto reste avant tout un jeu de hasard. Théoriquement, chaque tirage est indépendant, comme le lancement d’un dé : il n’existe a priori aucune mémoire ni influence entre les tirages. Ainsi, chaque numéro a la même probabilité d’être sélectionné à chaque nouvelle partie.

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Pourtant, il existe des outils mathématiques pour vérifier si des biais interfèrent avec l’aléa parfait attendu :

  • La forme ou le poids des boules, qui pourraient, par exemple, favoriser certains numéros si une boule est légèrement plus lourde ou asymétrique.
  • Un mélange imparfait des boules avant le tirage, pouvant influer sur la répartition aléatoire.

Si, par hasard, un numéro apparaît plus souvent que la moyenne, cela suggère la possibilité d’un biais. Cependant, cela ne signifie pas nécessairement que l’IA ait permis de prédire efficacement les résultats futurs du Loto. Cette distinction est fondamentale : il n’est pas prouvé que l’intelligence artificielle améliore les probabilités de gagner.

Innovation ou fausse promesse ?

La réaction instinctive du chercheur face à cette expérience est de rappeler qu’il ne s’agit pas d’une approche révolutionnaire. Repérer les numéros qui sortent fréquemment ne relève pas d’une nouveauté scientifique ou technologique majeure, car cette stratégie existe depuis des décennies dans le milieu des jeux de hasard.

Ce qui pourrait véritablement transformer la donne, c’est une application inédite de l’IA qui irait plus loin, par exemple en mettant en lumière des failles structurelles ou des anomalies non détectées par des méthodes traditionnelles. Mais pour valider une telle avancée, il serait indispensable que les étudiants italiens dévoilent avec précision leur méthodologie et les critères utilisés par leur algorithme, ce qu’ils n’ont pas fait à ce jour.

Conclusion : l’IA, un mythe ou un atout réel pour le Loto ?

L’utilisation de l’intelligence artificielle dans le domaine des jeux de hasard, et en particulier du Loto, alimente les fantasmes et les espoirs. Si des exemples existent où des joueurs obtiennent des gains notables en analysant les résultats passés, il est important de rappeler que, selon les principes mathématiques, chaque tirage doit rester indépendant. Sauf détection d’un biais réel dans le système, la part de chance demeure prépondérante. L’IA peut certes aider à analyser d’énormes volumes de données plus rapidement qu’un humain, mais rien ne prouve à ce jour qu’elle donne un avantage significatif sur le long terme dans ce genre de jeux purement aléatoires.

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