En 2018, à deux ans des élections municipales et métropolitaines, ce fut la solution retenue par Gérard Collomb. En froid avec les macronistes dont il venait de quitter avec fracas le gouvernement pour revenir, là aussi avec fracas, à Lyon, le maire fondait « Prendre un Temps d’Avance ».
Comme l’a révélé RTL ce jeudi, cette même structure doit être mise au service de Jean-Michel Aulas, qui est de plus en plus proche de l’officialisation de sa candidature pour les municipales de Lyon en 2026.
Selon nos informations, la manœuvre est toutefois loin d’être une simple nouvelle direction politique pour l’association.
Car « Prendre un Temps d’Avance » n’a jamais été dissous et est tout sauf une simple coquille vide. Après la défaite en 2020, puis le décès de Gérard Collomb en 2023, certains élus restés fidèles ont pris la relève. A commencer Yann Cucherat, son ancien adjoint aux Sports et binôme aux municipales. Et lorsque ce dernier a pris des responsabilités nouvelles à Paris – il est devenu manager général de la haute performance à l’Agence nationale du Sport – et a quitté ses mandats lyonnais, d’autres ont fait vivre le micro-parti.
Aujourd’hui, c’est ainsi l’ancien président de la CCI de Lyon, Emmanuel Imberton, qui est à la tête de Prendre un Temps d’Avance.
Il n’est pourtant pas un Collombiste de la première heure, mais plutôt un soutien affirmé de Jean-Michel Aulas, dont il dressait encore les louanges à LyonMag dans son numéro daté de mars 2025.
Autre changement notable, celui de l’adresse de Prendre un Temps d’Avance. C’était initialement celle du domicile de l’ancien ministre de l’Intérieur, elle a récemment déménagé chez Yann Cucherat.
Emmanuel Imberton prend donc les manettes du micro-parti. Pour l’offrir sur un plateau d’argent à JMA. Et avec son trésor de guerre ?
Un trésor de guerre, mais pour quoi faire ?
Car toujours selon nos informations, il avait été demandé aux colistiers de Gérard Collomb en position éligible pour les scrutins de 2020 d’adhérer à « Prendre un Temps d’Avance » et de faire un don de 2000 euros chacun.
Aujourd’hui, plusieurs dizaines de milliers d’euros figureraient sur les comptes de l’association, qui perd de l’argent chaque année. Près de 65 000 euros comme indiqué dans le rapport général des commissaires aux comptes sur les comptes d’ensemble de l’exercice clos le 31 décembre dernier ?
« Il subsiste un reliquat, nous concède Charles-Franck Lévy, membre du conseil d’administration de Prendre un Temps d’Avance et qui en fut le trésorier. Mais pas un montant qui permet de faire une campagne ».
Certes, avec 64 430 euros, on ne prend peut-être pas Lyon (un simple sondage ou organiser un meeting coûte plus de 10 000 euros ndlr), mais on permet à Jean-Michel Aulas de se lancer avec un matelas confortable et légal, que l’initiateur ne risque pas de venir réclamer puisqu’il est décédé…
Le conseiller municipal de Lyon n’a pas souhaité indiquer le montant exact présent sur les comptes de l’association, ni sa destination. « Le peu qui reste est gelé, on doit décider prochainement ce qu’il en sera fait », conclut Charles-Franck Lévy.
Les 64 430 euros feront-ils l’objet d’un don aux Hospices Civils de Lyon comme cela avait pu être évoqué par certains après la mort de Gérard Collomb ? Ou permettront-ils à quelques-uns de se vendre auprès de Jean-Michel Aulas pour négocier des places ?
Réponse ces prochains jours, dans l’attente d’une officialisation de candidature qui devient un drôle de feuilleton.