Antisémite ou inculte ? « Pas de taxe sur la mort. Pas de taxe sur les successions. Pas besoin d’aller voir les banques et d’emprunter auprès, dans certains cas, d’un bon banquier et, dans certains cas, de shylocks et de mauvaises personnes », a déclaré le président américain Donald Trump, jeudi, lors d’un meeting dans l’Iowa.

Sauf que « shylock » n’est pas un mot anodin, largement connoté pour son sens antisémite. Pourtant, interrogé plus tard à sa descente d’avion sur l’emploi de ce mot, Donald Trump a joué l’étonnement : « Le sens du terme shylock est quelqu’un qui prête de l’argent à des taux élevés. Vous le voyez différemment. Je n’ai jamais entendu ça », a-t-il affirmé.

Une incarnation durable des préjugés antisémites

Le mot « shylock » trouve son origine dans un personnage célèbre de la pièce de Shakespeare « Le marchand de Venise ». Le méchant Shylock, un riche usurier juif, est devenu depuis une des incarnations les plus durables des préjugés antisémites. D’ailleurs, selon l’actrice britannique de confession juive Tracy-Ann Oberman, « cette pièce […] était l’une des favorites d’Hitler ». Aujourd’hui, le terme « shylock » est aussi devenu un synonyme de « requin d’affaires ».

En 2014, Joe Biden, qui n’était alors que vice-président, avait dû s’excuser pour avoir employé le même terme, reconnaissant « un choix de mots malheureux ». Abraham Foxman, directeur de l’Anti-Defamation League, une organisation de lutte contre l’antisémitisme, avait à l’époque dénoncé un « stéréotype sur les juifs profondément ancré dans la société ».

Notre dossier sur l’antisémitisme

En septembre, avant son élection, Donald Trump avait promis de faire face à « l’horrible vague de haine antisémite et pro-Hamas » aux Etats-Unis, en se présentant comme un « défenseur, protecteur » des juifs américains. Depuis, son administration mène une bataille contre les universités accusées d’avoir permis des manifestations pro-palestiniennes sur leur campus.