Par
Ivan CAPECCHI
Publié le
4 juil. 2025 à 12h08
Rénover sans tarder des équipements vétustes, accélérer la transition écologique, apaiser l’espace public ou repenser la place de la voiture : en cinq ans, Jeanne Barseghian et son équipe ont initié une série de réformes structurelles qui redessinent le visage de Strasbourg. Des projets salués pour leur ambition… mais aussi parfois critiqués pour leur méthode ou leurs effets. À l’approche des municipales de 2026, et alors que Jeanne Barseghian a annoncé être candidate à sa réélection, retour sur un mandat d’écologie de rupture, où chaque avancée s’est accompagnée de son lot de controverses.
La culture, l’une des priorités de ce mandat
La culture fut clairement l’une des priorités de Jeanne Barseghian. Dans ce domaine, la Ville a entamé la rénovation de plusieurs équipements emblématiques : agrandissement de la salle de concerts de La Laiterie (réouverture prévue en 2026), mise aux normes et accessibilité du Palais Rohan et du Musée Alsacien, travaux au cinéma Star Saint-Exupéry, ou encore refonte attendue de l’Opéra national du Rhin, en souffrance depuis 1997.
Des serpents de mer pris à bras le corps
Jeanne Barseghian a également pris à bras le corps un certain nombre de serpents de mer, à commencer par la rénovation de l’Opéra national du Rhin, citée juste avant.
L’Opéra, vétuste et sous avis défavorable de la commission de sécurité depuis 1997, doit bénéficier d’un vaste chantier à 120 millions d’euros.
Il prévoit deux extensions, un abaissement de la scène pour améliorer la logistique, une réinterprétation de la salle pour améliorer cette fois-ci la visibilité, et une rénovation énergétique ambitieuse.
Les travaux démarreront à l’automne 2028 pour s’achever à l’hiver 2033.
Le projet de gare à 360 degrés
Autre serpent de mer : le projet de gare à 360 degrés. La municipalité veut apaiser un secteur saturé et s’adapter à des usages déjà massivement tournés vers les mobilités douces. Un parking-silo de 800 places doit voir le jour rue du Rempart, le parking sous la place sera transformé en vélostation de 3 000 places, et la circulation sera repensée pour les piétons, cyclistes, usagers du bus et riverains.
La révolution des mobilités
Sous le mandat de Jeanne Barseghian, Strasbourg a engagé une transformation profonde de sa politique de mobilités. Seul ou avec l’Eurométropole, l’exécutif écologiste a renforcé l’offre de transport (tram ouest, Bus à haut niveau de service (BHNS), Réseau express métropolitain européen (REME)), développé les mobilités actives (ring vélo, plan piéton) et modifié en profondeur la politique de stationnement.
Si ces changements répondent à une volonté de rupture face à l’urgence climatique, ils ont aussi suscité des tensions : hausse des tarifs de stationnement, lancement critiqué du LAPI, et arrêt brutal du tram nord.
Malgré les polémiques, la maire revendique une ligne claire : transformer la ville, quitte à bousculer les habitudes.
Plan Canopée et ordonnance verte
Parmi les projets phares de la maire écologiste, on peut également citer le plan Canopée, qui vise à planter 10 000 arbres d’ici 2030, ou encore l’ordonnance verte, qui permet notamment aux femmes enceintes de bénéficier gratuitement de paniers de fruits et légumes issus de l’agriculture biologique.
La gestion critiquée du campement du parc de l’Etoile
Le mandat de Mme Barseghian a également charrié son lot de polémiques.
On pense par exemple à la gestion du campement du parc de l’Etoile, qui a mis à jour les tensions entre Jeanne Barseghian et la préfète de l’époque, Josiane Chevalier, chacune se renvoyant la balle dans ce dossier complexe.
Polémique autour du financement de la mosquée Eyyub Sultan
Mmes Chevalier et Barseghian se sont également opposées sur l’affaire de la mosquée Eyyub Sultan.
En mars 2021, la décision de la Ville de Strasbourg d’accorder une subvention de 2,5 millions d’euros à l’association Millî Görüş pour la construction de la mosquée Eyyub Sultan a déclenché une vive polémique nationale.
Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a accusé la municipalité écologiste de soutenir une organisation jugée contraire aux valeurs républicaines. Jeanne Barseghian a rétorqué n’avoir reçu aucun signalement officiel de l’État à ce sujet.
Face à la controverse et à un plan de financement jugé insuffisamment consolidé, l’association a finalement retiré sa demande de subvention. La mairie n’a donc pas versé les fonds.
La gestion de la Foire Saint-Jean, autre caillou dans la chaussure de la maire
Enfin, Jeanne Barseghian a aussi été critiquée dans sa gestion du dossier de la foire Saint-Jean, ou encore accusée par certains habitants d’avoir une « vision Bisounours » du sujet sécuritaire dans le quartier Gare. Dans le même esprit, sa majorité a été attaquée pour avoir défendu une approche « bienveillante » dans l’éradication du problème des rats et punaises de lit.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.