Et si l’on utilisait des déchets plastiques pour
produire du paracétamol ? Des chimistes écossais l’ont fait, selon
une récente étude. En théorie, ces travaux pourraient ouvrir la
voie vers une revalorisation de certains déchets plastiques et ce,
tout en produisant l’un des médicaments les plus courants.
Toutefois, ces travaux certes prometteurs n’ont pas vraiment
convaincu certaines organisations de défense de
l’environnement.

Un processus assez surprenant

Depuis le début des années 1950, le paracétamol fait partie des
médicaments les plus communément utilisés et prescrits au monde
contre la douleur et la fièvre. En France, ce composé chimique se
trouve sur le marché principalement sous les noms suivants :
Doliprane, Dafalgan et Efferalgan. Soulignons également que
d’ordinaire, le paracétamol est produit en Asie par des
sous-traitants, au moyen de techniques peu onéreuses mais
finalement assez polluantes.

Récemment, des chercheurs l’Université d’Édimbourg (Écosse) ont
découvert un moyen de produire ce médicament à partir de
déchets plastiques
et ce, en impliquant des bactéries.
Dans un premier temps, les chercheurs ont utilisé des composants
provenant d’une bouteille en polytéréphtalate d’éthylène (PET).
L’objectif ? Induire une réaction chimique au sein d’une souche de
bactéries Escherichia coli, avant de déboucher sur la
synthétisation d’une molécule d’acide para-aminobenzoïque (PABA ou
Vitamine B10). Enfin, les chercheurs ont pu obtenir une molécule de
paracétamol en modifiant génétiquement les
bactéries.

Pour les auteurs de cette étude publiée dans la revue Nature Chemistry le 23 juin 2025,
l’expérience ouvre la voie vers de nouvelles techniques de
revalorisation des déchets plastiques.

bouteille plastique recyclage

Crédit :
iStock

Crédits : Pablo Rasero / iStockDes recherches prometteuses mais limitées ?

Si l’étude fait office de démonstration de
faisabilité
, plusieurs considérations pratiques restent à
résoudre avant d’aller plus loin. Par exemple, il semble que la
réaction chimique initiale ne produit qu’un nombre limité de
molécules PABA, une quantité qui ne serait pas suffisante
dans le cadre d’applications industrielles
. En attendant
une possible optimisation des resultats, l’expérience reste
prometteuse et permet de souligner l’intérêt d’étudier des
processus associant la biologie et certaines réactions chimiques
artificielles. Pour les auteurs, leurs travaux sont pertinents car
ayant eu recours à une stratégie habituellement
impossible à réaliser par la seule synthèse chimique (ou
biologique).

Par ailleurs, comme l’expliquait France 24 dans une publication
ayant fait suite à l’étude, certaines organisations de défense de
l’environnement se sont montrées sceptiques. C’est notamment le cas
de l’ONG Beyond Plastic, dont la directrice en communication a
déclaré que ce genre de découverte n’atteignait
généralement pas une échelle suffisante
pour faire
réellement face au problème majeur que constitue la pollution
plastique.