C’est parti, sortez le bob, la glacière et/ou allumez la télé : c’est l’été, c’est Tour de France ! Du 5 au 27 juillet, le peloton va sillonner le pays entre Lille et Paris, pour une Grande Boucle qui promet beaucoup. Pas vraiment pour le suspense autour du maillot jaune, tant le Slovène Tadej Pogacar part favori pour un 4e sacre. Mais plus pour le spectacle au bord des routes, les batailles pour les victoires d’étape et le maillot à pois, et les paysages de ce Tour 2025 100 % hexagonal.
1. La ferveur du Nord
Le hors-d’œuvre de jeudi a déjà filé la chair de poule. Une marée jaune a envahi la Grand-Place de Lille pour la présentation des coureurs au public. La bière et la bonne humeur ont coulé à flots, le peuple Ch’ti a fait la fête comme il sait si bien le faire. Et ça ne fait que commencer ! C’est parti pour trois jours de folie, autour de Lille, puis de Lauwin-Planque à Boulogne-sur-Mer et de Valenciennes à Dunkerque. S’il faut s’attendre à au moins deux sprints massifs, le spectacle sera surtout au bord des routes : fan-zones, baraques à frites, déguisements, défilé de Géants… Ambiance garantie !
2. Alaphilippe, le retour du chouchou
À l’applaudimètre, c’est encore lui le maillot jaune. Julian Alaphilippe revient cette année sur le Tour, après avoir séché la dernière édition pour préparer les JO. S’il ne gagne plus autant qu’avant, « Loulou » régale encore par son cyclisme offensif.
Au sein de sa nouvelle équipe, Tudor, le double champion du monde aura carte blanche pour réveiller le peloton. « Dans ces journées non cadenassées par les meilleurs, avec son expérience et son tempérament, je pense que Julian sera opportuniste, il ira dans les échappées », affirme Laurent Jalabert, ambassadeur du Prix de la Combativité Century 21 et consultant RTL. Plusieurs étapes correspondent à son profil d’attaquant. Dès dimanche, par exemple, dans les monts du Boulonnais. Avec un maillot jaune, qu’il a déjà porté 18 jours, à retrouver quatre ans après le dernier ?
Désormais chez Tudor, Julian Alaphilippe (ici lors de la présentation des équipes), est toujours le grand vainqueur du Tour à l’applaudimètre. Belga/David Pintens 3. La Bretagne d’Hinault
En juillet, le pays s’offre une pause et aime se retourner sur son passé cycliste. En particulier cette année. 2025, ce sont les 40 ans de la dernière victoire française, la 5e de Bernard Hinault en 1985. La 7e étape, entre Saint-Malo et Mûr-de-Bretagne, sera ainsi un véritable pèlerinage sur les terres du Blaireau, avec un passage de l’idole dans sa commune de naissance et de résidence, comme un chef d’État, pour un moment d’émotion.
4. Hommages et anniversaires en série
Le Tour partira le lendemain de Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine), village d’un certain Louison Bobet, qui a gagné son 3e Tour il y a 70 ans. Dans la série anniversaire, cela sera aussi les 50 ans de la première victoire de Bernard Thévenet, et de la première arrivée sur les Champs-Elysées. Le Tour y retournera en apothéose le 27 juillet, après avoir délaissé la plus belle avenue du monde pour Nice en 2024, JO obligent. Ils nous avaient manqué.
5. Van der Poel, Van Aert, les Français… Les puncheurs vont régaler
Même sans montagne avant la 10e étape, l’encéphalogramme de ce début de Tour sera loin d’être plat. Bosse, mont, coup de cul, raidard… Peu importe comme on les appelle, des mines ont été posées un peu partout près des arrivées, à Boulogne, Rouen, Vire et au bien nommé Mûr-de-Bretagne…
Un régal pour les chasseurs de classiques, comme les rivaux de toujours Van Aert et Van der Poel, qui retrouvera Mûr-de-Bretagne où il avait gagné le maillot jaune en 2021. Sans victoire sur le Tour depuis, le petit-fils de Poulidor a des fourmis dans les jambes. Il aura à ses trousses des Français ambitieux du même profil, les Alaphilippe, Vauquelin ou Grégoire. « Que les Français osent une course offensive pour se créer des opportunités », exhorte Jalabert. Et si un cannibale type Pogacar s’en mêle, cela promet un paquet d’arrivées spectaculaires…
6. Un 14 Juillet au Mont-Dore
Ce jour-là, il y a toujours du feu d’artifice dans l’air sur la route du Tour. Le lundi 14 juillet ne dérogera pas à la règle. Les organisateurs ont décalé le traditionnel premier jour de repos au mardi, pour que la fête nationale soit célébrée sur la route.
Au menu : la toute première étape de montagne de cette édition 2025, entre Ennezat et Le Mont-Dore – Puy de Sancy. 4 450 m de dénivelé positif, 7 cols tous plus casse-pattes les uns que les autres, et une arrivée au sommet de la station de ski auvergnate. Une étape qui plaît beaucoup à Romain Bardet : le néoretraité sera chez lui, sur le bord de la route, pour voir ses anciens collègues se livrer la première grande bataille en montagne.
7. Martinez, à la conquête des pois et des cœurs
Quand les routes vont s’élever, attendez-vous à voir un petit lutin à la silhouette familière se dresser sur les pédales. Lenny Martinez, qui fêtera ses 22 ans vendredi 11 juillet, vise un succès de prestige en montagne. En forme (3 victoires à Paris-Nice, au Tour de Romandie et au Dauphiné), le jeune Français de l’équipe Bahrain Victorious a aussi le maillot à pois dans un coin de la tête.
Vainqueur d’étape sur Paris-Nice et sur le Dauphiné, Lenny Martinez compte bien récidiver lors de cette Grande Boucle. Stefano Cavasino/LiveMedia
Celui que son grand-père, Mariano, a conquis en 1978. Lequel rêve de voir le petit-fils l’imiter. « S’il a les coudées franches et qu’on lui laisse chasser des étapes comme il a fait sur le Dauphiné, il a le profil idéal », abonde Jalabert.
8. Incontournable Ventoux
Lui aussi nous avait manqué. Depuis la victoire de Van Aert en 2021, le Tour de France n’avait plus gravi le Géant de Provence. La dernière arivée au sommet du Ventoux, son paysage lunaire et brûlant, battu par les vents, remontait même à 2016. Un des lieux mythiques de la Grande Boucle, que le peloton escalade cette année par Bédoin, son versant le plus difficile. Une montée sèche de 15,7 km où les favoris, Pogacar et Vingegaard, s’étaient déjà livrés une superbe bataille il y a quatre ans. On en salive d’avance.
9. Le col de la Loze, sommet du Tour
Au bout d’une interminable montée de 26,4 km, les rescapés du peloton atteindront le col de la Loze, sur les hauteurs de Courchevel, terme de la 18e étape dans les Alpes à 2 300 m d’altitude. Le sommet, géographique et sportif, de ce Tour 2025, après une étape qui s’annonce dantesque, avec les redoutables cols du Glandon et de la Madeleine en apéritif. Quelque chose nous dit que le maillot jaune au soir de ce 24 juillet aura toutes les chances de le garder trois jours plus tard à Paris…
10. La rue Lepic, olympique et polémique
L’étape 1 même pas courue, on parlait déjà beaucoup, avant le Grand Départ à Lille, de l’étape 21. L’ultime arrivée, sur les Champs-Élysées, a beau être incontournable ou presque depuis 50 ans, elle est pimentée cette année de la principale innovation de ce Tour 2025 : le fameux triple passage par la butte Montmartre.
Un an après les JO, le public parisien va goûter à nouveau à la folie olympique. Les coureurs, dont le médaillé d’or Remco Evenepoel, ne s’avouent pourtant pas fans de cette ultime difficulté après 3 330 km d’un Tour déjà éreintant. Nervosité, risques de chute et de perte de temps… Ça va batailler sévère sur les pavés de la rue Lepic, avant d’enfin souffler sur les Champs. Une apothéose à la fois dramatique et grandiose.