D’une voix étouffée par la honte, Alain(1) présente des excuses à peine audibles à la victime et tente d’expliquer son geste: « J’allais pour traverser après être descendu du bus. Elle m’a parlé, mais je n’ai pas compris ce qu’elle me disait. Je l’ai poussé avec la main gauche ».
Une version que le président du tribunal, Christian Legay, peine à croire tant ce qu’il raconte ne correspond pas à la gravité des blessures de la septuagénaire. En effet, Christiane souffre notamment d’un traumatisme cranio-facial et a reçu une ITT de six jours.
Diagnostiqué schizophrène et sous traitement depuis plusieurs décennies, Alain dit s’être senti « menacé » par la mamy trafic, qui lui avait simplement demandé si tout allait bien.
La scène n’a pu être filmée
« Je suis fatigué des nerfs », ajoute-t-il. Sa mère, présente au moment des faits, a déclaré aux enquêteurs: « On a essayé avec une dame de le raisonner, mais on n’a rien pu faire. » Si elle affirme qu’il ne l’a jamais frappée, Alain aurait l’insulte facile lorsqu’il est en crise. « Nous ne sommes pas là pour nier ou minimiser les faits, mais je veux que l’on tienne compte de qui est mon client », plaide Maître Florian Plébani.
Malgré une certaine fragilité, Christiane a trouvé la force de témoigner à l’audience. Depuis l’agression, elle a du mal à manger et à boire. D’une part parce qu’elle souffre, mais aussi parce que son dentier a été cassé lors de l’agression, précise son conseil, Maître Camille Luzi.
Les caméras de surveillance étant hors service ce jour-là, la scène n’a pu être filmée, mais « vu le bleu que j’ai sur la joue, je pense qu’il m’a frappée et pas juste poussée », avance la septuagénaire. Elle se souvient qu’une dame l’a avertie: « Attention, il va vous frapper. » Puis, le trou noir.
« Il m’a mis KO », souffle-t-elle, peinée de constater « qu’il existe des gens aussi méchants ».
Très marquée psychologiquement, Christiane ne pense pas pouvoir reprendre son rôle de « mamy trafic » à la rentrée. Une décision compréhensible, comme l’a souligné la procureure Marina Horlaville, car « même lorsque le corps est guéri, la crainte reste ».
Les experts psychiatres ont estimé qu’Alain, dont le casier judiciaire est vierge, était partiellement responsable de ses actes. La procureure avait requis 10 mois de prison avec sursis probatoire de deux ans. Le tribunal a décidé une peine plus légère, réduisant la sanction à huit mois avec sursis.
Alain devra verser 2.500 euros à titre de provision à la victime, ainsi qu’un euro symbolique à la Ville de Nice, qui s’est constituée partie civile. Le montant final du préjudice moral et physique sera fixé en février prochain.