Par
Marie Vermeersch
Publié le
4 juil. 2025 à 16h16
Ils ont fait la notoriété et la gloire de la vallée de Chevreuse (Yvelines) au XIXe siècle et aujourd’hui, c’est une mise en valeur bien méritée qui se profile pour les peintres de la colonie des Vaux-de-Cernay.
« Des artistes disparus et injustement oubliés », confie Dimitri Dutat, président de l’association des peintres en vallée de Chevreuse.
Une structure créée en 2007 qui compte 120 adhérents. Pas forcément tous des artistes, mais en revanche, tous amateurs d’art en général et de ce courant de peinture en particulier.
Gardiens de la mémoire
« Notre mission, c’est d’être des gardiens de la mémoire des peintres de la vallée. Notre objectif est de promouvoir, faire connaître et présenter les artistes d’hier et d’aujourd’hui ayant travaillé dans notre vallée. »
Dimitri Dutat, président l’association des peintres en vallée de Chevreuse
Alors, quand le projet d’une grande exposition sur plusieurs sites a fait son chemin, l’association, sollicitée, a travaillé étroitement en lien avec les communes de Rambouillet, Cernay-le-Ville et Clairefontaine pour cette grande première.
Vidéos : en ce moment sur Actu
Le Palais du Roi de Rome, au cœur de la cité présidentielle, présentera, du 5 juillet au 21 septembre 2025, l’essor de la peinture de paysage, devenue un genre majeur au XIXᵉ siècle, en explorant l’histoire de la colonie de peintres des Vaux-de-Cernay.
Œuvres, dessins et documents rares illustreront l’évolution de la colonie et des techniques artistiques.
L’histoire de la colonie des peintres paysagistes de Cernay
Peindre en plein air, au XIXe siècle, cette idée a fait office de petite révolution. Même si, au départ, le paysage n’était pas considéré comme un sujet important, car la mode était principalement aux portraits et aux tableaux historiques.
Au milieu du siècle, avec l’invention de la peinture à l’huile en tube, des chevalets pliants et le développement du chemin de fer, les artistes sont partis vers la campagne, dont la vallée de Chevreuse, et plus précisément Cernay. « Pourquoi ce village plutôt qu’un autre ? Car à Cernay, il y avait de nombreuses auberges pour les accueillir », explique Dimitri Dutat, le président de l’association des Peintres en vallée de Chevreuse. En 1882, ce village de 614 âmes ne comptait pas moins de sept auberges !
Beaucoup de ces peintres venaient de Barbizon, à l’instar de Jean-Baptiste Corot, car dans les années 50, ce haut lieu de la peinture de paysage était devenu trop fréquenté. En vallée de Chevreuse, les peintres éprouvaient une fascination pour les arbres, les rochers de grès et les scènes rurales.
À Cernay, un chef de file va se dégager comme meneur de la colonie. Léon Germain Pelouse. De 1871 à 1884, il s’installe à Cernay et anime la colonie. Beaucoup de peintres le suivent, notamment au printemps. Car c’est en mai et juin que se tient le salon officiel à Paris. Seul événement qui peut amener prestige et reconnaissance aux peintres qui patientent et peignent en vallée de Chevreuse en attendant les résultats.
En 1887, la Revue illustrée qualifie même Cernay de « Quartier latin du paysage ». C’est un site à la mode où l’on peut côtoyer de nombreuses personnalités illustres. Peintres, poètes et romanciers se pressent ici en quête d’inspiration
De 1850 au début du siècle suivant, Cernay-la-Ville a accueilli plus de 800 peintres français et étrangers.
La plus grande expo jamais réalisée
Un petit film d’une dizaine de minutes sera projeté au début de l’exposition pour retracer l’histoire de ces peintres avant que les visiteurs n’aillent découvrir la plus vaste collection d’œuvres jamais rassemblée dans la région.
Une quarantaine de tableaux seront présentés dont une dizaine provient de la belle collection de la mairie de Cernay-la-Ville.
« En 1998, l’Auberge Léopold a organisé une vente de tableaux. La mairie s’est tout de suite positionnée pour en racheter car ils font partie du patrimoine communal. Depuis, les municipalités successives sont attentives aux ventes aux enchères et en achètent encore, ce qui est formidable. »
Dimitri Dutat, président l’association des peintres en vallée de Chevreuse
Des tableaux encore jamais présentés au public
Les autres œuvres de cette exposition proviennent de collectionneurs privés ainsi que de trois musées nationaux.
« Les visiteurs vont pouvoir découvrir des merveilles que personne n’a encore jamais vues comme des tableaux de l’Abbaye de Vaux de Cernay avant sa destruction ou encore des Corot », s’enthousiasme Dimitri Dutat.
Cette exposition intitulée Paysage en vallée de Chevreuse permettra donc de découvrir le travail de ces peintres réalistes et naturalistes, qui mèneront par la suite à l’Impressionnisme.
L’association des peintres en vallée de Chevreuse (Yvelines) organise plusieurs événements afin de faire perdurer dans les mémoires l’œuvre des peintres de la colonie de Cernay. ©D.R.« Une mine à faire prospérer »
« Nous espérons que cela va faire découvrir au plus grand nombre ces peintres. C’est une vraie mine d’or qu’il faut faire prospérer, à l’instar de ce que Barbizon a su faire. »
Dimitir Dutat
Ces peintres du XIXe siècle ont tout de même laissé un héritage chez certains artistes contemporains. Ce seront leurs œuvres qui seront mises en valeur dans les deux autres sites d’exposition.
À la Chapelle de Clairfontaine, du samedi 5 juillet au dimanche 14 septembre 2025, les visiteurs seront amenés à se laisser transporter par la poésie des paysages actuels de la vallée à travers les œuvres d’artistes contemporains, dont six adhérents de l’association des peintres de la vallée de Chevreuse.
Quant au Petit Moulin des Vaux de Cernay, site champêtre largement fréquenté par les peintres au XIXe, il alliera art et nature du samedi 5 juillet au dimanche 28 septembre 2025.
Une exposition inédite
À découvrir, une exposition inédite mêlant art contemporain, nature et participation citoyenne. Artistes professionnels et amateurs investiront le Petit Moulin et ses abords naturels avec des installations monumentales, des œuvres participatives, des photographies, des gravures, des dessins, des cabanes d’artistes et de l’art numérique. Un parcours à ciel ouvert et dans les murs à ne pas rater.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.