C’était le test grandeur nature. Le défi inaugural de cet Euro face aux tenantes du titre qui allait permettre à ces Bleues version 2025 de savoir où elles se situaient vraiment dans la hiérarchie européenne. A l’arrivée, le rendu des joueuses du nouveau sélectionneur, Laurent Bonadei, est plus que prometteur.

Plus dangereuses, plus létales, supérieures presque partout, les coéquipières de Grace Geyoro ont démarré idéalement leur quête d’un premier titre international, en venant à bout d’Anglaises dépassées, à court d’idées sur la pelouse de Zurich (2-1). Et avec un peu de recul, le tableau d’affichage à Zurich n’est pas tout à fait surprenant. Les dynamiques des dernières semaines pouvaient laisser entrevoir un dénouement positif pour les Bleues. Parce qu’elles montaient en gamme sur l’année 2025, avec des rencontres globalement rassurantes. Parce que leurs adversaires du soir arrivaient un peu dans le dur, moins fringantes qu’à l’accoutumée. Des résultats poussifs, pour ne pas dire décevants, avec notamment six défaites en 19 matchs.

Bien sûr, côté équipe de France, il y avait ce talon d’Achille identifié, cette défense remaniée avec le forfait de la capitaine des Bleues, Griedge Mbock, indéboulonnable en défense centrale, blessée. Forçant Bonadei à composer avec une charnière inédite Maëlle Lakrar-Alice Sombath (21 ans), qui n’avaient qu’une quinzaine de minutes passées ensemble sur le terrain. Pas l’idéal, lorsqu’on doit se coltiner l’une des meilleures attaques de la planète, portée par son trio offensif cinq étoiles. Mais ni Beth Mead, ni Alessia Russo, ni Lauren Hemp n’ont réussi à percer les filets de Pauline Peyraud-Magnin.

Pourtant, à l’entame, les Françaises ont eu toutes les peines du monde à rester disciplinées derrière. Leurs adversaires ont eu tout le loisir de s’engouffrer dans des espaces béants laissés par l’arrière-garde bleue, égarée dans les marquages, sans véritables automatismes. Il a fallu un minuscule hors jeu, si infime que l’on se demande s’il existait vraiment, pour que les tricolores n’encaissent pas l’ouverture du score à la 16e minute.

Une frayeur qui a fait office de déclic. A partir de là, les Bleues ont rehaussé le curseur à tous les étages. Agressives, conquérantes, elles ont appuyé très fort, et au fil des minutes, ont peu à peu asphyxié les Anglaises.

La star anglaise, Lauren James, n’a pas donné l’impression de revenir tout juste de blessure, tant elle a brillé quand elle avait le ballon. Le problème, c’est que la milieu de Chelsea ne l’a plus beaucoup eu passées vingt minutes. Elle a été à peu près la seule Britannique à surnager. Acculées la plupart du temps, les vainqueures de l’Euro 2022 ont bafouillé leur football, dépassées par des tricolores omniprésentes dans l’entrejeu.

Dans la droite ligne de son année 2025 sans fausse note, l’équipe de France avait des atouts à faire valoir. Une Oriane Jean-François au volume de jeu impressionnant, tranchante dans les lignes de passes. Une Delphine Cascarino des plus remuantes, dont les accélérations ont fait vivre un calvaire aux défenseuses britanniques. Son caviar millimétré côté droit a permis aux tricolores d’ouvrir la marque, Marie-Antoinette Katoto n’ayant plus ensuite qu’à pousser le ballon dans le but vide.

Et qui d’autre que la joueuse en forme parmi les joueuses en forme, l’attaquante de Chelsea Sandy Baltimore, pour enfoncer le clou avant le retour aux vestiaires. Avec de la réussite, la plus anglaise des Bleues s’est défaite de deux Anglaises, en jouant au billard avec le dos de Lucy Bronze, pour loger le ballon du droit dans la lucarne opposée de Hannah Hampton.

Même avec deux buts d’avance, les joueuses de Laurent Bonadei n’ont pas relâché l’étreinte en seconde période. Avec un peu plus d’efficacité devant les cages, elles auraient certainement pu aggraver la marque. Et quand ça allait moins bien, elles ont remis le pied sur le ballon sans s’affoler. Du moins jusqu’à la réduction du score de Keira Walsh (85e). Il aura fallu un ultime sauvetage de Selma Bacha sur la ligne dans les dernières secondes pour valider une prestation globale plus qu’aboutie.

Les Françaises en voulaient plus, tout simplement. Elles ont désormais un bon pied et quelques crampons en quart de finale. Elles affronteront le Pays de Galles, sur le papier bien plus faible que leurs adversaires du soir, dès mercredi.