Saviez-vous que si chaque Marseillais s’équipait d’un climatiseur, l’air extérieur se réchaufferait de 4 degrés ? Et que d’ici quelques décennies, peut-être moins, ces 38, 39, 40°C qui nous éreintent ne seront plus l’exception mais la norme de nos étés ? Le phénomène des nuits tropicales, qui se répète 30 fois par an actuellement pourrait, sur la trajectoire actuelle, être multiplié par trois ou quatre. Dans les terres, à Aix-en-Provence ou dans les villages du Vaucluse, le mercure filera vers les 50°C. Quelles vies nous attendent ? Comment nous y préparer, éviter le pire alors que la baisse des émissions de gaz à effet de serre recule en France, et que le pays ralentit la course à la décarbonation ?

« Avenir vivable »

Sur le parvis de la gare Saint-Charles, ce mercredi après-midi, le thermomètre s’affole et transforme Marseille en fournaise. À la Faculté d’économie et de gestion, boulevard Maurice-Bourdet (1er), ce sont les neurones qui entrent en ébullition : depuis trois semaines, à raison de 22 modules de 3 heures, les premiers participants au certificat universitaire « Acteurs de la transition environnementale » aiguisent leurs connaissances quant au réchauffement climatique et à ses impacts, mais aussi les adaptations possibles.

Biodiversité, santé, économies, ressources en eau et énergies, « à chaque cours, à chaque échange, une pièce de plus s’est ajoutée : non pour figer une image, mais pour construire, ensemble, les contours d’un territoire habitable et d’un avenir vivable », déroule Sophie Pekar, cheffe de projet à l’Institut Institut méditerranéen pour la transition environnementale (Item).

Haut niveau

C’est lui, avec le Groupe régional d’experts sur le climat en région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur (Grec-Sud) qui a conçu cette formation, portée par Aix Marseille Université, au travers d’Osu Institut Pythéas et de la faculté des sciences d’Amu. Climatologues, géographes, océanographes, sociologues, écologues, économistes et physiciens, ce certificat universitaire « mobilise des expertises scientifiques de haut niveau » pour proposer une approche « résolument interdisciplinaire et holistique » des enjeux climatiques.

Les étudiants ? Ils ont dépassé depuis longtemps l’âge de la fac, tels Isabelle Lemaitre. Ingénieure agronome de formation, elle voulait « actualiser » ses connaissances pour en irriguer son métier d’acheteuse dans l’alimentaire. « Pour cela, j’ai besoin d’aller à la bonne source d’information, c’est aussi une façon de pouvoir ensuite porter les bons arguments », observe-t-elle, ravie de l’expérience. « Acquérir un savoir académique pour mieux comprendre ce qui se passe, sortir de l’opinion » a aussi animé Étienne Poudrai, ingénieur développement dans l’aéronautique.

Ces cours lui ont permis notamment de prendre conscience à quel point la région Paca « intègre énormément d’enjeux » liés aux changements climatiques. Sécheresses, canicules, mais aussi inondations, recul du trait côtier, mégafeux, « c’est aussi impressionnant de découvrir que notre territoire dispose d’experts de haut vol sur tous ces sujets ». « Ce sont des ressources que l’on ne voit pas au quotidien et sur lesquelles on peut s’appuyer pour agir », se félicite de même Florence Bocquillon, venue du marketing. Financée par les CPF, cette formation sera rééditée probablement au printemps 2026. « Il est primordial de dépasser la difficulté à communiquer sur les enjeux climatiques, pointe le paléoclimatologue Joël Guiot. Beaucoup veulent empêcher la société d’évoluer, nous devons former des ambassadeurs de la connaissance. »

Nouvelle formation : Acteur de la transition environnementale