Par
Maxime Pimont
Publié le
6 juil. 2025 à 11h16
Les 37 chalets flottants de l’étang de la Galiotte à Carrières-sous-Poissy (Yvelines) devraient bien disparaître. Dans une décision rendue le 26 juin 2025, le Tribunal administratif de Versailles a confirmé que les conventions d’occupation temporaire du domaine public par les chalets flottants ne seront pas renouvelées.
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Un chalet de 15 tonnes à retirer
Les deux propriétaires qui avaient intenté un recours auprès de la justice ont été déboutés. « On est attristé, explique une des deux personnes contactée par 78actu. Il y avait un problème juridique sur lequel le tribunal n’a pas tranché. Le Département a acheté ce domaine privé en 2012 mais ça n’en devient pas un domaine public pour autant. Cela aurait pu nous permettre de toucher des indemnités. »
Car la situation est complexe. Ces chalets sont, au niveau du droit, du « mobilier, comme une caravane et non de l’immobilier », explique Emmanuel Soyer, président de l’association de La Galiotte. Comme le Département des Yvelines ne souhaite pas renouveler la convention, il demande aux propriétaires d’enlever les chalets flottants.
« Le problème c’est que ça pèse 15 tonnes et que ça ne bouge pas. Les chalets ne sont pas navigants. Ce n’est flottant que de nom. Donc, il faut le démolir. »
Emmanuel Soyer, président de l’association de La Galiotte
Une démolition au frais des propriétaires
Un « crève-cœur » pour cette personne propriétaire qui est amère. « Certains ont payé leur chalet jusqu’à 100 000 €. On part sans indemnité. Et en plus, la démolition est à nos frais. »
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Ce bien avait aussi une valeur sentimentale et éducative. « C’est une habitation qu’on a entretenue. C’est du boulot car il y a toujours quelque chose à faire. L’idée était aussi que nos enfants aient accès à la nature sous une forme écologique avec les panneaux solaires, les toilettes sèches, l’utilisation de l’eau. »
Le Département souhaite renaturer les berges
Contacté, le Département des Yvelines réagit et rappelle le projet qu’il compte mener.
« La volonté du Département est d’abord de faire respecter la loi et de libérer le domaine public de l’étang de la Galiotte, au 31 décembre 2025, d’une occupation privée sans droit ni titre. Il revient à chaque propriétaire-occupant de retirer son chalet avant cette date. Dans le cas contraire, le Département, garant de l’intérêt général, se verrait dans l’obligation de procéder à des enlèvements, dans le respect des procédures juridiques. »
« Une fois cette libération effectuée, le Département procédera à la restauration écologique des bords de l’étang et à leur renaturation, ce qui n’interdit pas, une fois cette renaturation effectuée, d’y mener des activités à dimension sociale et inclusive. »
Département des Yvelines
« Ce n’est pas incompatible », pour l’association
Emmanuel Soyer n’est lui « pas surpris par la décision ». « L’association ne s’est d’ailleurs pas associée au recours. Le Tribunal confirme la loi. » Il poursuit. : « C’est juste dommage, car le Département préfère favoriser un projet soi-disant lié à l’écologie plutôt que de valoriser un patrimoine unique en Île-de-France. Ce n’est pas le bon choix. »
Pour l’association, le projet de renaturation des berges peut se faire tout en préservant les chalets. « Le projet du Département n’est pour nous pas incompatible avec la pérennisation des chalets. C’est vrai qu’il y a eu des dérives, avec des clôtures, des terrasses en bois, des appentis sur les berges. Mais nous sommes prêts à les détruire. Aussi, les chalets en eux-mêmes n’occupent pas les berges. »
Pour l’association, il suffit d’adapter la convention en stipulant que les occupants n’ont plus le droit d’occupation des berges mais simplement un droit d’amarrage « comme les péniches habitées en bord de Seine ».
Plusieurs projets proposés par l’association
« On a proposé une multitude de projets pour faire vivre ce lieu d’une autre manière : des journées portes ouvertes – ce qu’on a fait pour les journées du Patrimoine l’an dernier et on a eu des milliers de visiteurs – des journées culturelles avec des concerts, des expositions, des résidences d’artistes, des guinguettes pour qu’ils dégagent des recettes, des projets éducatifs. On a été de bonne volonté et ils n’ont rien accepté. On dit que le Département est en difficulté financière et il n’accepte pas. C’est curieux. »
Les propriétaires hésitent à poursuivre leur action en justice. « Il y a un côté légal, éthique, légaliste qui nous dit de ne pas lâcher, mais d’un autre côté il y a les frais, la fatigue… »
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