Jouer au foot sur un terrain de golf, c’est possible et c’est même un sport

Créé aux Pays-Bas en 2009, le footgolf a rapidement conquis de nouveaux adeptes. En France, la discipline existe depuis 2013 et depuis 2024, la Meuse compte même l’un des meilleurs clubs de l’hexagone.

L’essentiel du jour : notre sélection exclusive

Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l’info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.

France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter « L’essentiel du jour : notre sélection exclusive ». Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Le soleil brille fort au-dessus du terrain de golf, situé à Combles-en-Barrois en Meuse. Pas un brin de vent, aucun nuage à l’horizon : les conditions idéales pour une partie de footgolf. La campagne à perte de vue !

Autour du drapeau blanc planté au-dessus du trou, la pelouse est finement tondue, couronnée par de nombreux arbres qui fournissent l’ombre nécessaire aux joueurs.

Contrairement au golf classique, où le trou mesure à peine 10,8 centimètres de diamètre, celui du footgolf a été élargi à 53 centimètres, juste ce qu’il faut pour laisser passer un ballon de football.

On est champion d’Europe mais personne ne nous arrête dans la rue pour prendre une photo

Fabrice Lefebvre

Champion d’Europe 2024 de footgolf

Ce sport en développement se joue en extérieur, sur la pelouse des parcours de golf traditionnels, adaptés pour accueillir ce sport hybride. Inspiré du golf, mais avec un ballon de football, le footgolf reprend les grands principes du sport de précision en y ajoutant une touche plus décontractée. Le jeu se pratique selon un nombre de coups prédéfini, généralement entre trois et cinq par trou, en fonction de la difficulté.

Seule différence notable : aucun club en main, les joueurs frappent directement le ballon avec le pied. Les distances restent comparables à celles du golf traditionnel. Les trous dits en cinq s’étendent sur 200 à 250 mètres, tandis que ceux prévus en trois coups mesurent entre 75 et 80 mètres.

Sur le papier, le principe du footgolf paraît simple : il suffit d’envoyer le ballon dans le trou en un minimum de frappes. Mais sur le terrain, la réalité est tout autre, et le spectacle bien plus technique qu’il n’y paraît. Lors du tournage, les joueurs ont rapidement montré l’importance cruciale du premier coup. Dès le départ, il faut frapper fort, avec précision, pour parcourir une longue distance. Cette performance physique est impressionnante à observer, car il est difficile d’envoyer la balle aussi loin tout en maîtrisant la trajectoire du ballon.

Ce sport encore très récent commence à faire parler de lui aux quatre coins de la France. À Combles-en-Barrois dans la Meuse, la passion pour le footgolf est née en janvier 2024 avec la fondation d’un club qui ne cesse de grandir.

À sa tête, Fabrice Lefebvre, champion d’Europe en titre. Polo du club sur les épaules, le président du club s’enthousiasme de l’intérêt qu’on lui porte : « on a 30 licenciés et une dizaine de joueurs qui jouent régulièrement les étapes du championnat de France ». Chaussures de foot aux pieds, mais pas n’importe lesquelles : « pas le droit aux crampons sur le parcours ! ça abimerait l’herbe, donc on porte des chaussures pour le foot en salle ».

Sur le terrain, les joueurs de footgolf adoptent donc une tenue qui emprunte autant à celle des golfeurs qu’aux footballeurs traditionnels. Chaque participant porte fièrement le polo à col aux couleurs de son club, accompagné d’un short et de longues chaussettes remontant jusqu’aux genoux.

Sacré champion d’Europe en décembre 2024 avec l’équipe de France senior lors d’un tournoi intense disputé à Antalya (Turquie), Fabrice Lefebvre ne cache pas sa fierté : « c’est une fierté d’être champion d’Europe et de représenter la France dans un sport qui est malheureusement encore trop méconnu ». Il se remémore avec émotion de la détermination de son équipe pendant la Coupe du monde : « on voulait absolument gagner cette compétition, on était 11 guerriers dans l’équipe et c’était génial ».

Malgré son titre de champion d’Europe, la notoriété ne suit pas forcément. Fabrice Lefebvre le constate avec humour et humilité : « on est champion d’Europe, mais personne ne nous arrête dans la rue pour prendre une photo… Nous restons humbles, ce n’est que du sport ».

Fabrice Lefebvre se souvient avec le sourire de la naissance un peu inattendu du Meuse Footgolf Club : « il est né un peu par hasard, un ami m’a demandé si j’étais intéressé à créer un club en Lorraine et comme cet ami était Meusien, on s’est naturellement orienté sur la ville de Combles-en-Barrois ».

Depuis, l’accueil local a été plus que chaleureux. Les habitants ont vite adopté ce sport original, avec l’enthousiasme de le découvrir. Passionné, Fabrice espère voir le footgolf prendre encore plus d’ampleur dans les années qui suivent. Pour lui, c’est bien plus qu’un simple loisir : « on est addict, une fois qu’on finit une compétition, on pense déjà à la prochaine ».

Lui aussi membre de l’équipe sacrée championne d’Europe de la Coupe du monde 2024 en Turquie, Laurent Guénaire partage sa fierté, les chaussettes remontées jusqu’aux genoux : « on est champion d’Europe, on s’entraîne depuis 2016 pour arriver à cet objectif ».

Entré rapidement en l’équipe de France dès 2017, le Meusien a vu le sport évoluer, même s’il reste encore dans l’ombre : « c’est un sport mineur comme beaucoup d’autres malheureusement, peu connu et peu suivi, pourtant la France reste un pays phare du footgolf dans le monde ». Son débit s’accélère quand il se souvient du voyage en Turquie : « grâce à mon sport, j’ai pu y aller, c’était la première fois, on a été très bien reçus et entourés là-bas ».

Laurent Guénaire réfute l’idée d’un sport réduit à sa dimension simpliste : « le footgolf est comme le golf, c’est un sport très mental. Il faut avoir de la force, de la précision et de la tactique de jeu ».  

Au fil de l’échange, il insiste sur l’exigence de concentration de la discipline, notamment lorsqu’un trou est manqué : « c’est une activité où l’on se bat contre soi-même ». Dans ce sport où les conditions peuvent vite devenir dérangeantes, il faut s’adapter en permanence : « l’ennemi numéro 1 du footgolf, c’est le vent ». Surtout quand on envoie le ballon à 50 mètres d’une seule frappe !

Parmi les joueurs rencontrés, Eliot Lefebvre se distingue par son jeune âge. À seulement 16 ans, tout de blanc vêtu, il marche dans les traces de son père, Fabrice Lefebvre : « il m’a proposé de venir essayer un sport où l’on tape dans un ballon. J’ai accepté et depuis je n’ai jamais arrêté, ça me plaît toujours autant ». Ce qui séduit Eliot dans le footgolf ? Le plaisir de pratiquer un sport en pleine nature, le mélange entre deux mondes qu’il affectionne : le golf et le ballon rond.

Pour Eliot, « c’est plus facile à jouer, mais il faut avoir de l’expérience dans le football ».  Ce sport demande une certaine endurance : « quand on se lance dans le parcours, on marche pratiquement 10 km. On doit marcher, s’arrêter, frapper fort dans la balle. À la fin, on morfle. Les obstacles d’eau et les pentes sont parfois difficiles à lire, le dosage de la frappe reste le plus difficile au footgolf ».

Romain Schweitzer, licencié au Meuse Footgolf Club depuis 2024, a découvert ce sport par hasard. Sportif accompli, fin avec une très grosse frappe, il tombe sur une annonce qui va tout changer à l’été 2024. Il explique avec passion : « j’avais vu dans un journal qu’un club avait ouvert à Combles-en-Barrois, j’ai appelé Fabrice Lefebvre, le président, pour prendre une licence loisir et venir essayer ».

Après 34 années passées à Bar-le-Duc en tant que footballeur amateur, Romain Schweitzer avait envie d’une nouvelle aventure. Le footgolf lui est apparu comme une reconversion idéale, mêlant passion du ballon et nouveau défi. Il a immédiatement été séduit par l’atmosphère qui règne au sein du club et sur les parcours : « une ambiance conviviale ! C’est une grande famille le footgolf ».

Romain, fort de son passé dans le football amateur, perçoit rapidement les différences entre les deux disciplines. Pour lui, le footgolf possède une atmosphère bien à part : « on n’a pas besoin de cardio, c’est un sport où même celui qui n’a pas un corps d’athlète peut performer. Il suffit d’être bon avec ses pieds, d’être technique et d’avoir beaucoup de mental pour réussir à faire un bon score sur les 18 trous ».

Ce joueur partage également les défis techniques : « quand on sort d’une carrière en foot amateur, on a l’habitude d’appuyer les passes parce que quelqu’un d’autre réceptionne la balle, là, personne n’arrête le ballon. Le dosage est l’aspect le plus compliqué à maîtriser au footgolf ».

Les deux anciens du club, Laurent Guénaire et Fabrice Lefebvre, ont déjà les yeux tournés vers le prochain grand défi de l’équipe de France de footgolf : la Coupe du monde 2026, qui se déroulera au Mexique. Ils abordent cet objectif avec détermination : « il faudra être solide mentalement et physiquement. Je vais avoir 61 ans donc tout cela reste du bonus pour moi. On va jouer, s’entraîner, garder la forme pour bien être préparés au prochain grand événement. On veut être champion du monde ».

(article écrit par Mehmet Eraydin)