LE POINT SUR LA SITUATION – Une frappe russe dans le centre de la ville ukrainienne de Soumy, dans le nord-est du pays, a fait des «dizaines de civils morts et de blessés», ont annoncé les autorités locales.

La frappe russe qui a fait au moins 34 morts dans la ville ukrainienne de Soumy (nord-est), l’une des plus meurtrières depuis des mois dans le pays, «dépasse les limites de la décence», a dénoncé l’émissaire américain pour l’Ukraine Keith Kellogg dimanche. «L’attaque des forces russes contre des cibles civiles à Soumy dépasse les limites de la décence. En tant qu’ancien responsable militaire, je sais ce que sont les frappes ciblées et ceci est inacceptable», a écrit Keith Kellogg sur le réseau social X.

La frappe a fait de «nombreux morts» dans la ville, a indiqué ce dimanche le maire de Soumy. «De nombreux morts aujourd’hui après une frappe de missiles», a annoncé le maire de Soumy, Artem Kobzar, sur les réseaux sociaux, en ajoutant que «l’ennemi a de nouveau frappé des civils». Les secours, présents sur place, ont quant à eux donné un bilan plus précis, évoquant au moins 34 morts, dont deux enfants, et 84 blessés, dont dix enfants.

Cette attaque contre des civils intervient deux jours après la visite d’un haut responsable américain en Russie. Il s’agit de la frappe la plus meurtrière depuis des mois en Ukraine et notamment la reprise de contact entre Washington et Moscou initiée mi-février par le président américain Donald Trump.

«Seuls des salauds peuvent faire cela»

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s’est rapidement exprimé à ce sujet, sur X. «Terrible frappe de missile balistique russe sur Soumy (…) Selon les premiers bilans, il y a des dizaines de civils morts et blessés,» a déclaré le chef de l’État, ajoutant: «Et cela, un jour où les gens vont à l’église : le dimanche des Rameaux… Seuls des salauds peuvent faire cela». L’administration militaire régionale a de son côté précisé que deux missiles balistiques avaient été tirés sur le centre de la ville.

Un peu plus tard, Volodymyr Zelensky a appelé à «faire pression» sur la Russie pour «arrêter la guerre» en Ukraine. «Sans une pression vraiment forte, sans un soutien adéquat pour l’Ukraine, la Russie continuera à mener cette guerre», a déclaré le président ukrainien dans un message sur Telegram, en accusant son homologue russe Vladimir Poutine d’avoir «ignoré la proposition américaine d’un cessez-le-feu total et inconditionnel».

«Il faut imposer un cessez-le-feu», dit Macron

Sur le même réseau social, Emmanuel Macron a dénoncé cette frappe. «Cette guerre, chacun sait que c’est la Russie, seule, qui l’a voulue. Aujourd’hui, il est clair que c’est la Russie qui, seule, choisit de la poursuivre. Au mépris des vies humaines, du droit international et des offres diplomatiques du Président Trump », a-t-il écrit.

«Il faut des mesures fortes pour imposer un cessez-le-feu à la Russie. La France y travaille sans relâche, avec ses partenaires», assure Emmanuel Macron, qui exprime la «solidarité» de Paris «aux victimes, aux blessés» et «à toute l’Ukraine qui résiste».

Plusieurs autres dirigeants européens ont aussi réagi ce dimanche. Le premier ministre britannique Keir Starmer s’est dit «consterné» et a exigé que Vladimir Poutine «accepte» une trêve immédiate et sans conditions. La première ministre italienne Giorgia Meloni a dénoncé «une attaque russe horrible et lâche». «En ce jour saint du Dimanche des rameaux, une nouvelle attaque russe horrible et lâche a eu lieu à Soumy, faisant une fois de plus des victimes civiles innocentes, dont malheureusement des enfants. Je condamne fermement cette violence inacceptable, qui contredit tout engagement réel en faveur de la paix (…). Nous continuerons à travailler pour mettre fin à cette barbarie», a écrit Giorgia Meloni sur Whatsapp.

Des attaques répétées ces derniers jours

Le chancelier allemand Olaf Scholz a condamné de son côté une «attaque barbare». «De telles attaques russes montrent ce qu’il en est de la prétendue volonté de paix de la Russie», a ajouté le dirigeant allemand dans un communiqué, appelant la Russie à «enfin accepter un cessez-le-feu global». Le futur chancelier Friedrich Merz a dénoncé pour sa part le «grave crime de guerre» commis par la Russie. «C’est un acte perfide (…) et c’est un crime de guerre grave, délibéré et voulu», a dénoncé sur la chaîne ARD le chef du parti conservateur qui prendra début mai la tête du nouveau gouvernement allemand. «Voilà la réponse, c’est ce que Poutine fait à ceux qui discutent avec lui d’un cessez-le-feu», a-t-il ajouté.

La ville frontalière de Soumy subit des attaques répétées ces dernières semaines de la part des forces russes, depuis que Moscou a repoussé une grande partie des troupes ukrainiennes de la région russe de Koursk. Des images sur les réseaux sociaux, dont l’authenticité n’a pu être vérifiée, montrent des voitures calcinées et des panaches de fumée s’élevant dans les airs. Soumy se trouve à quelque 50 kilomètres de la frontière avec la Russie et Kiev avertit depuis plusieurs semaines que Moscou pourrait y lancer une offensive. La Russie avait revendiqué jeudi la prise d’un village dans la région frontalière de Soumy, ce qui constituerait une rare avancée dans cette zone du nord-est de l’Ukraine dont ses troupes avaient dû se retirer au printemps 2022.