Tous deux engagés dans la compétition à Palau, la beach-volleyeuse Smaïna Mampasse et l’athlète Jeremiah N’Godrela partagent le point commun d’allier avec succès parcours universitaire et projet sportif. Se rendre disponible pour la sélection calédonienne leur tient également à cœur. Portraits croisés.

Smaïna Mampasse est sortie déçue du tournoi de beach-volley, aux Mini-jeux de Palau, convaincue que la paire formée pour la première fois avec Göimel Uedre, 17 ans, n’a pas exprimé son plein potentiel.

« Sur les trois matchs qu’on a faits, on n’a pas du tout fait notre jeu. On ne s’est pas lâchées, on n’a pas kiffé. On était plus en train de courir après le score. Plein de petites erreurs qui, sur un set de 21 points, causent de gros retards », a confié la joueuse à l’issue du dernier match perdu contre Fidji, le samedi 5 juillet.

Si les regrets sont là, la joueuse originaire de Hienghène reste lucide. « Je garde un point positif : nous n’avons eu qu’une semaine ensemble à Koror. Moi, j’arrivais de l’Hexagone, Göimel, de Lifou. En une semaine, on a fait des choses bien, mais pas assez pour montrer ce dont on était capable. » Une capacité d’analyse que cette jeune femme athlétique tient probablement de son parcours très riche jusqu’ici, avec la volonté de toujours avancer.

« J’ai commencé par le football à Hienghène sport, le futsal, le badminton et l’athlétisme ! C’est le fait d’avoir vu ma sœur partir aux Volleyades dans l’Hexagone qui m’a donné envie de pratiquer le volley. Monsieur [Jonathan] Taoupoulou m’a ensuite détectée en province Nord et j’ai rejoint le centre territorial d’entraînement qu’il dirige à Lifou, puis fait mes trois années de lycée là-bas. J’étais passeuse et libéro, parfois, du fait de ma détente. Il a vu aussi en moi des aptitudes pour le beach-volley. »

La suite, c’est un départ à Montpellier où elle trouve un relais en la personne du frère de Jonathan Taoupoulou. Après deux ans de licence STAPS qu’elle ne peut terminer faute de stage en sport santé, Smaïna Mampasse s’oriente vers une école de commerce, pour éviter de perdre une année. « J’ai besoin de quelque chose qui m’anime. J’ai choisi le management sportif. »

La voilà désormais en troisième année. Si des rattrapages l’attendent en raison de son déplacement aux Mini-jeux du Pacifique à Palau, sa licence en contrôle continu est en bonne voie. Son dossier est par ailleurs accepté pour un master à Nancy en transformation de projet et accompagnement de l’activité physique. « C’est pour manager les structures sportives, que ce soit du suivi d’athlète ou du soutien aux managers pour le suivi de la performance. C’est pile-poil ce que je recherche au niveau du volley. »

Un sport qu’elle continue de pratiquer en parallèle de ses études, avec la même détermination. Si elle a débuté « tout petit » en régional, la joueuse a gravi les échelons jusqu’en prénational et au-dessus. « Je dépanne en Nationale 3, donc tout me sourit pour l’instant. Comme je suis petite, j’ai l’habitude de gratter tout ce que je peux. J’ai gratté la Nationale 3, et on a dit du bien de moi. Maintenant, je voudrais gratter la Nationale 2 dans la ville où je vais être », sourit-elle.

Côté beach-volley, Smaïna Mampasse a récemment intégré l’académie de Montpellier, réputée pour sa formation des jeunes. Elle y profite d’une technicienne de très haut niveau avec Micha Formankova, triple championne de France de beach-volley et sélectionneuse de l’Égypte aux Jeux olympiques. « Je l’adore, et en plus c’est une femme, j’apprends beaucoup. »

Pendant un mois et dans la perspective des Mini-jeux, la volleyeuse de la côte Est a enchaîné les séances, matin et soir, toute la semaine, tout en poursuivant sa licence et son alternance. « J’essaye de surpasser les standards et j’ai envie de performer dans les études. On vient de loin, donc il faut réussir. Côté terrain, j’ai connu les Mini-jeux en 2017, mais jamais les grands Jeux. C’est un rêve pour moi ».

Ce qui pourrait l’en empêcher ? Pas grand-chose, semble-t-il. Elle est même revenue sur les terrains après une rupture des ligaments croisés au retour du Vanuatu. Pour préparer Palau, en plus du mois passé à l’académie de Montpellier, elle a accepté un stage de trois semaines à Nouméa et Lifou, pour travailler les réglages avec Göimel Uedre et sous les ordres de Jonathan Taoupoulou.

C’est dans un nouveau rôle qu’elle a vécu ses deuxièmes Mini-jeux. « Je suis dans la peau d’une aînée, c’est gratifiant. J’ai vraiment envie d’aller chercher les plus grands tournois, de jouer à l’international. Depuis huit ans, je n’ai pas lâché, en misant sur l’humilité et le respect. J’arrive à trouver ma place, même si parfois c’est dur, mais j’y arrive mieux aujourd’hui. »

Lui aussi a les idées très claires sur ce qu’il fait et ce qu’il veut. Jeremiah N’Godrela en a apporté l’illustration parfaite à l’issue de sa série du 400 m samedi, qu’il a remportée en 49 secondes 38 sur la piste du stade national d’athlétisme de Koror.

« Je pense avoir respecté les consignes de course. Le plus important n’était pas le temps, mais la place. Je connaissais très bien mon adversaire tahitien parce qu’il était mon ancien partenaire d’entraînement. Je sais que c’est un gros finisseur. J’en ai gardé sous le pied et je savais qu’à la fin, ce serait le plus fort qui l’emporterait. J’ai mis tout ce que j’avais pour terminer fort et remporter cette série », a-t-il analysé après la course.

Malgré des conditions difficiles, avec une piste trempée par la pluie et le vent de face, il a su garder le contrôle. « J’ai mis tout ça de côté dans ma tête et je me suis dit : cette série, ce sera ta finale et pas n’importe quelle course. »

Comme Smaïna Mampasse, Jeremiah N’Godrela a choisi l’Hexagone pour aller plus loin dans sa carrière sportive et ses études. Il s’est installé à Toulon et a rejoint le club de l’ASPTT où il a trouvé un mentor et des partenaires d’entraînement qu’il apprécie. Un tournant, pour ce coureur de 400 m.

« Pour moi, mon entraîneur Alexis Desjardins, c’est le meilleur, sur tous les plans : que ce soit pour les entraînements et humainement. Je m’entraîne six fois par semaine. Sur mon jour de repos, j’en profite pour aller chez le kiné et récupérer. Durant sa longue carrière de coach, il a travaillé dans le rugby, le foot. » Un Jeremiah que l’on a vu pleinement épanoui à Koror sur la piste. Et qui l’est tout simplement dans sa vie.

Je pense que si j’en suis là aujourd’hui, c’est grâce à lui. Je voudrais vraiment le remercier parce qu’il a été plus qu’un entraîneur. Il m’a permis de me concentrer sur l’athlétisme.

Jeremiah N’Godrela, athlète et étudiant en STAPS dans l’Hexagone.

« Je sors deuxième de ma promotion sur mes études de STAPS. Je l’ai validé avec mention bien. Ça montre que l’on peut s’expatrier et continuer le sport, tout en réussissant les études. C’est le message que j’aimerais passer en Nouvelle-Calédonie », conclut le jeune athlète.