Dans une étude, une molécule toxique issue d’une espèce de scorpion a montré une action contre les cellules cancéreuses du sein. Crédit : Tonini Grbavac/500px/GettyImages
João Cunha Meteored Brésil 06/07/2025 10:04 5 min
Un groupe de scientifiques de l’Université de São Paulo (USP) a révélé un allié potentiel dans la lutte contre le cancer du sein : le venin du scorpion amazonien Brotheas amazonicus. Des chercheurs de la Faculté des Sciences Pharmaceutiques de Ribeirão Preto (FCFRP-USP) ont présenté leurs découvertes sur une molécule extraite de ce venin, aux propriétés antitumorales.
Baptisée BamazScplp1, cette substance a démontré, lors de tests en laboratoire, une efficacité similaire à celle du paclitaxel, l’un des médicaments de chimiothérapie les plus utilisés contre le cancer du sein. Cette molécule agit en favorisant la mort des cellules cancéreuses, principalement par nécrose, un mécanisme d’action également observé chez des composés d’autres espèces de scorpions.
« Il s’agit d’une découverte réalisée grâce à la bioprospection, qui a permis d’identifier une molécule à potentiel thérapeutique chez une espèce de scorpion originaire d’Amazonie », a expliqué la coordinatrice de l’étude, la professeure Eliane Candiani Arantes du FCFRP-USP.
Progrès dans les produits biopharmaceutiques dérivés du venin
Cette étude s’inscrit dans le cadre d’une série de projets de recherche soutenus par la FAPESP, au sein du Centre de science translationnelle et de développement biopharmaceutique (CTS), situé au Centre d’étude des venins et des animaux venimeux (CEVAP) de l’Université d’État de São Paulo (UNESP), à Botucatu. Les chercheurs travaillent sur le clonage et l’expression de protéines bioactives d’origine animale, telles que les toxines de serpent et de scorpion, en se concentrant sur leurs applications médicales.
Parmi les produits déjà développés, se distingue le scellant de fibrine, un type de « colle biologique » fabriqué à partir d’une sérine protéinase provenant du venin de serpents tels que Bothrops neuwiedi pauloensis et Crotalus durissus terrificus, combiné à des cryoprécipités de sang d’animaux tels que les bovins et les moutons.
Ce scellant est prometteur pour le traitement des lésions osseuses, la liaison nerveuse et la régénération après des lésions de la moelle épinière. Il est actuellement en phase 3 d’essais cliniques. Une autre avancée récente a été le clonage de l’enzyme cholinéine-1, dérivée du venin de crotale, obtenue par expression hétérologue dans la levure Pichia pastoris. Les scientifiques s’attendent à ce que, combinée à d’autres facteurs, comme le CdtVEGF (un facteur de croissance endothélial), la cholinéine-1 puisse donner naissance à un scellant de fibrine au potentiel thérapeutique accru et à une production à grande échelle.
Vers de nouvelles thérapies et une production nationale
Outre les études sur les toxines, les chercheurs ont également identifié deux neurotoxines de scorpion au potentiel immunosuppresseur et prévoient de les produire ultérieurement en laboratoire grâce à la biotechnologie. Concernant la molécule BamazScplp1, l’objectif est désormais de la répliquer à grande échelle par expression hétérologue dans la levure, ce qui faciliterait son utilisation dans les études cliniques et, à terme, sa transformation en médicament.
L’application des biotechnologies au développement de nouveaux traitements prend de l’ampleur au Brésil, notamment grâce au soutien de centres comme CancerThera, basé à Campinas, qui cherche à combiner diagnostic et thérapie grâce à des techniques telles que la théranostique et les radiopharmaceutiques personnalisés.
Ces initiatives illustrent un scénario croissant d’innovation dans le domaine de l’oncologie au Brésil, alliant biodiversité brésilienne, science de pointe et biotechnologie pour créer des solutions thérapeutiques plus efficaces et plus accessibles. La toxine du scorpion d’Amazonie, avec son action surprenante contre les cellules cancéreuses, pourrait constituer la prochaine étape de ce processus.
Références de l’actualité
CNN Brésil, La toxine du scorpion peut tuer les cellules cancéreuses du sein, selon une étude, 2025