Il est dix-huit heures, et dans la queue pour rentrer dans l’espace évènementiel Festsaal Kreuzberg, on entend déjà les invités alterner entre français et allemand avec un naturel confondant. Ce brouhaha bilingue vient confirmer – si besoin était – l’efficacité redoutable du programme Voltaire, qui fêtait ce 3 juillet ses vingt-cinq ans, aux côtés de ses participants d’aujourd’hui ou d’il y a quinze ans. 

« Une expérience unique », « une aventure humaine », « des souvenirs incroyables »… Les compliments envers ce programme géré par l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ) et la Centrale Voltaire du Centre français de Berlin s’enchaînent sur la scène, au rythme des prises de parole des organisateurs et invités. Autant de manières de célébrer un dispositif historique. 

 

Rapprocher la jeunesse des deux pays
 

Car le programme Voltaire, nommé d’après le philosophe français qui passa plusieurs années auprès du roi de Prusse Frédéric II, est l’une des forces vives de l’amitié franco-allemande. Son administrateur, l’OFAJ, est un enfant du traité de l’Élysée, signé en 1963 par Adenauer et De Gaulle pour renforcer la coopération entre la RFA et la France, et qui établit en fer de lance de cette collaboration accrue la jeunesse des deux pays. En 2000, après une phase de test d’un an, cet organisme franco-allemand lance le programme Voltaire.

S’adressant aux élèves français (en classe de 3e et 2nde) et allemands (en classe de 8e, 9e et 10e), il établit des paires de correspondants, qui sur un an, vivront six mois en Allemagne, puis six mois en France, dans les familles des deux élèves. Depuis sa création, ce sont près de 8 000 jeunes qui ont pu faire le voyage et découvrir la culture du voisin en s’immergeant dans une famille et une nouvelle école. 

La jeunesse est au cœur de l’amitié franco-allemande, il y a 25 ans comme aujourd’hui. 

Anke Rehlinger, ministre-présidente de la Sarre, présidente du Bundesrat et plénipotentiaire d’Allemagne, chargée des relations culturelles franco-allemandes

L’objectif est de rassembler la jeunesse des deux pays, pour conjurer le spectre de la guerre qui conduisit les deux pays à l’abîme lors du premier 20e siècle. Pour Baptiste, parti en Allemagne avec l’OFAJ il y a dix-huit ans, le pari semble réussi. Après avoir fondé une famille avec une Allemande, la dernière étape de son parcours de l’autre côté du Rhin s’esquisse sous forme de questionnement : « Qui sait, un jour, j’aurais peut-être la nationalité allemande ». 

 

Une Schultüte rouge est exposée avec un petit texte racontant le souvenir associéLa Schultüte de Léa, fabriquée par sa correspondante allemande pour son premier jour de cours, lors d’un échange avec le programme Voltaire en 2006-2007 © Pénélope Le Mauguen – Lepetitjournal.com Allemagne 

De nombreux souvenirs formateurs
 

Une jeune française en échange à Berlin chez sa correspondante anticipe déjà son départ dans un mois : « Ce qui me manquera le plus, ce seront les moments passés avec ma famille allemande « , déplore-t-elle. La famille d’accueil s’érige en véritable repère pour les jeunes, qui doivent s’adapter rapidement à un nouveau pays, une autre langue, une nouvelle école… et elle est souvent au cœur de l’expérience des participants. Ainsi, si on demande à Clara de partager un souvenir marquant de son échange en France, elle se rappelle cette fois, juste avant son départ, où ses quatres soeurs françaises lui ont chanté « Ma soeur », de la chanteuse française Clara Luciani. 

Au fond de la salle de fête, une petite exposition présente justement les souvenirs d’ancien⸱es participant⸱es : une Schultüte (cornet plein de bonbons, fournitures scolaires et autres cadeaux que les familles allemandes offrent à leur enfant, usuellement lors du passage en primaire) datant de 2006, une crêpière, une plaque à Spätzle, quelques maillots d’équipes de sport, mais aussi un gilet jaune, signé par les amis français d’Anton, en échange à Marseille en 2017-2018 lors du mouvement de protestation français. Autant de souvenirs qui témoignent de ces morceaux de vie passés plongés dans la culture et la langue de l’autre, et illustrent l’impact profond du programme Voltaire sur la vie de ses participants. 

 

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