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Aurélien Delavaud

Publié le

7 juil. 2025 à 22h58

Enfin ! C’est un soulagement pour les amoureux du Tour de France, qui espèrent son retour chaque année. Après des années de disette, la Grande Boucle est de retour à Rouen et dans ses environs, le mardi 8 juillet 2025, pour la 4e étape de cette édition 2025.

Mais pour le pays d’Elbeuf (Seine-Maritime), il faudra encore prendre son mal en patience. Depuis 2006, le parcours boude l’agglomération. Retour sur les huit premiers passages du Tour de France dans la cité drapière.

Premiers passages

Les éditions d’avant guerre épousant scrupuleusement les contours de l’Hexagone, il a fallu attendre 1948 pour assister au premier passage de la Grande Boucle dans la Cité du drap. Encore convient-il de préciser que le peloton ne fit qu’effleurer Elbeuf puisqu’arrivant de Rouen par Orival, il tourna à droite au carrefour du Bout du couvent pour emprunter la côte de Bourgtheroulde en direction de Pont-Audemer puis Trouville, terme de cette première étape partie de Paris. Une furtive apparition mais déjà un nombreux public pour accueillir les forçats de la route.

Pour son deuxième passage, en 1953, le Tour traverse véritablement Elbeuf de part en part, remportant un énorme succès populaire. 40 000 personnes massées sur le parcours, de la route de Rouen au sommet de la côte du Neubourg, applaudissent en effet les coureurs de l’édition du cinquantenaire au cours de cette 5e étape disputée entre Dieppe et Caen. Ils voient passer en tête le futur maillot jaune, Hassenforder, accompagné de l’Italien Lauredi. Le duo sera certes repris du côté d’Amfreville-la-Campagne, mais la bonne échappée était lancée et en fin d’après-midi, à Caen, l’Alsacien s’emparera de la fameuse tunique jaune.

1957 : les Elbeuviens applaudissent Jacques Anquetil

Le début de Tour 1957 se déroule par un temps caniculaire. Lors de la première étape, Charly Gaul et le Normand Claude Leber ont déjà jeté l’éponge, vaincus par la chaleur. Le second tronçon de la deuxième étape se dispute entre Caen et Rouen, le samedi 29 juin. Il traverse Elbeuf pour la troisième fois, venant de Saint-Ouen-du-Tilleul et du plateau de l’Eure.

C’est le premier Tour de Jacques Anquetil et celui-ci est bien décidé à marquer l’épreuve de son empreinte. C’est ainsi que les Elbeuviens ayant bravé la chaleur et massés rue Boucher-de-Perthes, rue de la République et rue Guynemer le voient arriver dans le groupe de tête de 14 coureurs. Ils l’applaudissent sans réserve mais déjà les échappés filent vers Saint-Aubin, Cléon, Tourville-la-Rivière après que la course a franchi, pour la première fois de son histoire, la Seine à Elbeuf par le pont Guynemer.

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Un peu plus tard, Jacques Anquetil s’impose à Rouen, où l’arrivée est jugée quai… d’Elbeuf, rebaptisé quai Jacques-Anquetil en 1997, à l’occasion du départ du Tour organisé à Rouen pour les dix ans de sa mort. Le jeune champion normand remportera ce Tour, pour sa première participation, à 23 ans.

Le passage du Tour de France 1957, relaté par le Journal d'Elbeuf.
Le passage du Tour de France 1957, relaté par le Journal d’Elbeuf. ©Archives / Le Journal d’Elbeuf1964 : le Tour  » inaugure  » le pont-Jean-Jaurès

La fois précédente, en 1957, le peloton du Tour de France avait franchi la Seine à Elbeuf par le pont Guynemer. Cette fois, à l’occasion de la 2e étape Lisieux-Amiens de la Grande Boucle 1964 (dans laquelle s’imposera André Darrigade), il emprunte le pont Jean-Jaurès inauguré quelques mois plus tôt et où s’est massée la foule pour le voir passer, ainsi que rue Jean-Jaurès, rue des Martyrs, place du Calvaire et sur l’ensemble du parcours.

Les Essarts, deux fois ville-étape

Si Elbeuf n’a jamais eu la chance d’être ville-étape du Tour et n’a vu passer l’épreuve qu’à huit reprises en 111 (et bientôt 112) éditions, deux étapes (ou plutôt demi-étapes) se sont déroulées à ses portes, sur le circuit des Essarts. En 1954 et 1956, les organisateurs eurent en effet la bonne idée de faire coïncider le passage du Tour à Rouen avec le Grand Prix automobile. Ils en profitèrent pour organiser un contre-la-montre le dimanche matin en « lever de rideau » du Grand Prix. Une riche idée puisqu’en 1954, 40 000 spectateurs applaudirent aux victoires de Maurice Trintignant sur sa Ferrari et avant cela de l’équipe de Suisse emmenée par Kubler, Koblet et Schaer ainsi que Louison Bobet qui devait s’emparer du maillot jaune. Mieux, en 1956, ce sont 100 000 personnes qui assistèrent aux succès de Castellotti (Ferrari) et du Luxembourgeois Charly Gaul, le contre-la-montre étant cette fois couru individuellement.

À noter, enfin, que le Tour est passé à plusieurs reprises à la Maison Brûlée et donc sur le territoire de la (très étendue) commune de La Londe, notamment en 1977 quand le Hollandais Fedor Den Hertog s’était envolé dans la côte pour aller s’imposer en solitaire à Rouen.

1967 : le jour de gloire de Peter Hill

Pour la première fois, en 1967, les Elbeuviens peuvent applaudir l’un des leurs à l’occasion du cinquième passage du Tour à Elbeuf. Peter Hill, l’Anglais de Caudebec-lès-Elbeuf lance la bonne échappée à Saint-Ouen-du-Tilleul avant de traverser Elbeuf en tête et de prendre la 5e place de la 3e étape à Amiens.

En 1970, c’est sous la pluie que les Elbeuviens assistent, à l’heure du déjeuner, au passage de la Grande Boucle à l’occasion du premier tronçon de la 5e étape. Au sein du peloton figurent notamment le Normand Raymond Delisle, le maillot jaune Italo Zilioli, Eddy Merckx, en route pour un deuxième succès final dans le Tour, ou encore Walter Godefroot, qui s’imposera au sprint une demi-heure plus tard à Rouen.

Elbeuf Tour de France 1967
En 1967, le passage du Tour de France a permis d’inaugurer le pont Jean-Jaurès. ©Archives / Le Journal d’Elbeuf1990 : sous la pluie et sans Fignon

Après vingt ans d’attente, le Tour de France est enfin de retour à Elbeuf en 1990. Difficile de dire qu’il traverse la ville puisqu’à l’occasion de la 5e étape entre Avranches et Rouen, il emprunte le chemin inverse de la première fois (1948). Venant de Saint-Ouen-du-Tilleul, il descend la côte de Bourgtheroulde, prend la rue Boucher-de-Perthes et tourne au carrefour du Bout du couvent, pour prendre la direction d’Orival via la route de Rouen. Il ne fait donc qu’effleurer l’ex-Cité du drap.

Sous la pluie, qui s’est mise à tomber peu avant le passage des coureurs pour s’arrêter juste après, le public est une nouvelle fois au rendez-vous pour applaudir le peloton, pressé d’en finir avec la plus longue étape de cette édition (301 km) et qui arrive avec trois quarts d’heure d’avance sur l’horaire prévu mais sans Laurent Fignon qui a abandonné en début d’étape. En tête avec 6 minutes d’avance à Elbeuf, le Hollandais Gerrit Solleveld l’emportera à Rouen.

2006 : le dernier passage du Tour

Après seize ans d’absence, la Grande Boucle traverse de nouveau Elbeuf le 6 juillet 2006 à l’occasion de la 5e étape menant les coureurs de Beauvais à Caen. Sous un beau soleil cette fois, le public est toujours nombreux de chaque côté de la chaussée pour assister au passage de Samuel Dumoulin et Björn Schröder, qui précèdent le peloton d’une douzaine de minutes.

Il s’agit du huitième et dernier passage (en date) du Tour à Elbeuf. Depuis dix-neuf ans, la population attend en vain son retour.

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