Par

Hugo Hancewicz

Publié le

7 juil. 2025 à 18h18

Dans les rues de Boulogne-Billancourt, difficile d’échapper à ces nouvelles affiches vertes et blanches placardées sur les vitrines : “Acheter local, c’est génial”. Un slogan simple, presque enfantin, mais qui traduit l’ambition très sérieuse de la ville, celui d’enrayer l’érosion de la consommation locale face aux géants du commerce en ligne. « Nous avons décidé de soutenir encore plus le commerce boulonnais, explique Jean-Claude Marquez, adjoint au commerce, auprès d’actu Paris. L’objectif est de réduire au maximum l’achat en ligne et de favoriser l’achat local. Il faut faire changer les mentalités ». Car si la commune des Hauts-de-Seine la plus peuplée peut se targuer d’un tissu commercial considérable – 2100 commerces recensés, soit 16 pour 1000 habitants contre 10 dans le reste du département – la réalité n’est pas exempte de fragilités. Depuis la crise sanitaire, l’Union des Commerçants et Artisans de Boulogne-Billancourt (UCABB) constate un changement de paradigme. « Après le Covid, tout a changé, confie les deux pilotes de l’association, Pascale Blas et Delphine Brouillet. Nous avons constaté une baisse de 30 % de la fréquentation chez les commerçants. Les gens n’ont pas encore conscience des conséquences pour. L’ennemi, c’est Amazon et le commerce en ligne ».

« Le commerce local est fondamental »

Pour inverser la tendance, la municipalité a élaboré une cartographie complète des commerces par typologie, destinée à améliorer leur visibilité et à ancrer un réflexe local chez les habitants. « Le centre commercial Les Passages sert de locomotive, grâce aux grandes marques qu’il accueille, mais nous voulons que l’ensemble du tissu commercial bénéficie de cette dynamique », insiste Jean-Claude Marquez.

« Le commerce local est fondamental pour le développement économique de Boulogne. Il dynamise les quartiers, crée du lien social et participe au développement durable »

Jean-Claude Marquez
Adjoint au commerce à la ville de Boulogne-Billancourt

Du côté de l’UCABB, on salue l’initiative, tout en rappelant que ce travail s’inscrit dans une démarche collective. « Cela fait plusieurs années que nous organisons des actions de communication, des rencontres, des conférences pour aider les commerçants. Nous avons beaucoup inspiré la mairie pour cette campagne. Leur aide est un coup de boost formidable ».

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Le commerce local comme vecteur de lien social

Pour la municipalité, l’enjeu est économique mais aussi social et environnemental. « Le commerce local dynamise les quartiers, crée du lien social et participe au développement durable », rappelle l’adjoint au commerce. Un engagement qui se traduit concrètement par des choix urbains assumés. Dans certains quartiers, la ville a préempté des locaux pour éviter l’implantation de fast-foods et préserver la diversité commerciale. De son côté, l’UCABB assume pleinement être « en guerre contre les dark kitchen ».

Reste que la situation demeure contrastée. « Dans certains quartiers, le commerce de proximité reste difficile car les loyers sont très chers, souligne l’association. Mais à Boulogne, il y a un roulement plus important : dès qu’un commerce ferme, un autre rouvre ». Une problématique qui ne touche pas simplement la petite couronne, mais qui impacte également le commerce à Paris.

Une prise de conscience

Derrière cette campagne de quelques milliers d’euros, c’est toute une stratégie à long terme qui se dessine. Aujourd’hui, cinq agents municipaux sont entièrement dédiés à la valorisation du commerce local. Un investissement qui s’inscrit dans un écosystème où se croisent chaque jour 120 000 habitants et 108 000 emplois, dont 30 % occupés par des Boulonnais.

Pour l’heure, commerçants et élus avancent main dans la main. Mais la partie est loin d’être gagnée. Comme le glisse un membre de l’UCABB : « Il faut une prise de conscience pour faire revenir les gens dans leurs commerces locaux. En défendant le commerce de proximité, on défend aussi les interactions humaines ».

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