En mettant au jour une « vieille » technique des années 1970, Vincent Daïen, chef du service d’ophtalmologie du CHU de Montpellier, redonne la vue à des patients qu’un accident ou la maladie, ont rendus aveugles. La vision retrouvée peut atteindre dix dixièmes. Témoignanges.
C’est l’histoire d’un charpentier victime d’un accident du travail qui a vécu des années dans le noir avant d’être opéré à Montpellier. Il a dix-dixièmes à chaque oeil. « Je faisais des travaux, j’ai reçu un jet d’acide chlorhydrique dans les deux yeux. La cornée s’est complètement opacifiée au bout de six, sept mois, j’ai fait une greffe qui n’a pas tenu. Après l’intervention au CHU de Montpellier, j’ai retrouvé un certain niveau de vision : je percevais le contour des meubles, je voyais les fenêtres, la couleur des fauteuils de ma chambre… Dès le lendemain, j’ai commencé à apercevoir les arbres à l’extérieur depuis la fenêtre de ma chambre d’hôpital, je voyais les véhicules passer dans la rue… Pour ce qui est des actes du quotidien, j’ai aujourd’hui une autonomie à quasi 100 %. Je peux aller me promener seul dans mon jardin, faire la cuisine. C’est spectaculaire. «
« Ma ville a énormément changé ! »
L’intervention a aussi changé la vie de monsieur R., le premier patient qu’a opéré il y a deux ans, le chef du service d’ophtalmologie du CHU de Montpellier, Vincent Daïen. « J’ai pu revoir ma famille, et je commence à faire connaissance avec ma ville qui a énormément changé ! », témoigne, quant à elle, une septuagénaire qui n’avait pas vu sa famille depuis trente ans, dans un petit film déposé sur la chaîne youtube du médecin.
Dylan Vas attend, lui, une intervention depuis plus de dix ans. Il a même créé une association pour partir se faire opérer à l’étranger. Avant que le professeur Daïen, qui l’a connu adolescent, ne se lance à son tour : « Il me suit depuis que j’ai 12 ans », depuis que le syndrome de Lyell a mis fin à l’insouciance de l’enfance, sans raison évidente. Dylan « a passé un mois et demi au service des grands brûlés de Lapeyronie, entre la vie et la mort ».
Impatient à la perspective d' »ouvrir les yeux »
« Je n’ai pas pris de médicaments, mais j’ai vécu trois décès difficiles en quelques mois, et des chocs émotionnels peuvent déclencher la maladie », explique le patient, qui ne « s’est jamais arrêté de vivre » et « jamais laissé abattre » : « J’ai fait des études et je fais une formation de praticien de massages bien-être. J’avais une mémoire très visuelle, maintenant, c’est la peau qui me sert de capteur », explique l’Héraultais, impatient à la perspective d' »ouvrir les yeux ».
Vincent Daïen, chef du service d’ophtalmologie du CHU de Montpellier.
Midi Libre – SYLVIE CAMBON
« Le monde a changé, en douze ans. Mon frère et ma sœur avaient 4 et 6 ans, ils en ont 17 et 18 aujourd’hui. Moi, j’étais un adolescent potelé. Je ne vais plus me reconnaître ! Ça va être magique, ça me fait un peu peur. Je vais entamer une troisième vie, après une première avant mes 12 ans et celle qui a suivi jusqu’à aujourd’hui », témoigne encore le Frontignanais, qui n’exclut pas un résultat imparfait : « Si ça ne marche pas, je ne veux pas être trop déçu ». « On a eu un résultat décevant, chez une personne qui n’avait pas un nerf optique de bonne qualité. Mais on va tout faire pour que ça marche », l’encourage Vincent Daën.