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La maladie de Parkinson touche environ 10 millions de personnes dans le monde. Elle débute généralement de façon asymétrique, affectant d’abord un seul côté du corps. Si elle se manifeste d’abord par des symptômes moteurs – comme des tremblements, une lenteur des mouvements ou une rigidité musculaire – elle entraîne aussi des troubles cognitifs, anxieux ou dépressifs, dont l’évolution reste encore peu comprise et étudiée. C’est sur cette piste que s’est penchée une équipe genevoise.
Un côté du corps plus prédictif qu’on ne l’imaginait
Publiée dans la revue npj Parkinson’s Disease, cette étude menée par des chercheurs de l’Université de Genève et des HUG montre que le côté du corps atteint par la maladie de Parkinson influe directement sur la nature et la sévérité des symptômes non moteurs.
Les patients dont les troubles moteurs débutent du côté droit du corps (ce qui implique une atteinte dominante de l’hémisphère cérébral gauche) présentent un risque plus élevé de déclin cognitif global, pouvant mener à une démence. À l’inverse, ceux dont la maladie commence du côté gauche (donc impliquant davantage l’hémisphère droit) souffrent plus souvent de troubles émotionnels et psychiatriques, comme la dépression, l’anxiété, ou une difficulté à reconnaître les émotions.
Ces résultats mettent en lumière des mécanismes asymétriques jusque-là négligés. « Ces résultats constituent une avancée cruciale pour l’étude des symptômes non moteurs de la maladie, longtemps mésestimés par les recherches », explique Julie Péron, professeure de neurosciences affectives à l’Université de Genève et co-auteure de l’étude.
Une nouvelle boussole pour des thérapies plus ciblées
L’étude ouvre la voie à une prise en charge plus personnalisée de la maladie de Parkinson, en intégrant le « pattern asymétrique » du patient dès le diagnostic. En clair : connaître le côté du corps touché permettrait non seulement d’anticiper les symptômes moteurs, mais aussi de prédire les complications cognitives ou émotionnelles, et de mieux adapter les traitements – qu’ils soient médicamenteux, psychologiques, ou neurochirurgicaux.
Dans l »article scientifique, les auteurs juge que l’asymétrie motrice pourrait même influencer l’efficacité de certaines interventions : « L’asymétrie motrice pourrait également influencer les réponses au traitement, notamment les résultats de la stimulation cérébrale profonde ». Une remarque reprise par Philippe Voruz, neuropsychologue et premier auteur de l’étude : « Cette prise en compte permettrait une vraie anticipation et une orientation de la personne vers des thérapies ciblées en fonction de son pattern parkinsonien ».
Ce changement de paradigme s’impose d’autant plus que les symptômes non moteurs, souvent moins visibles mais tout aussi invalidants, sont encore peu intégrés dans les parcours de soins classiques.
En redonnant toute sa place à l’asymétrie du corps dans la maladie de Parkinson, l’équipe genevoise propose une clé de lecture innovante de son évolution. Une avancée qui pourrait bien transformer la manière de diagnostiquer, suivre et traiter cette pathologie complexe.