L’annonce d’une nouvelle étape dans le réarmement allemand a fait réagir mardi 8 juillet Éric Coquerel. Sur BFM, le député LFI de Seine-Saint-Denis a exprimé une vive inquiétude face aux priorités affichées par Berlin : montée en puissance de l’industrie de défense, hausse du budget militaire, renforcement des capacités conventionnelles… Autant de signaux qui, pour lui, ne peuvent être ignorés. «Ça ne me rassure jamais quand mon voisin veut posséder l’armée conventionnelle la plus puissante d’Europe», a-t-il déclaré. L’élu interroge les objectifs de cette politique : «Quels sont les ennemis désignés ? Quels sont les adversaires des Allemands ?»

Dans ses déclarations, Éric Coquerel ne se contente pas de pointer le renforcement militaire. Il critique plus largement le modèle économique qui l’accompagne. Pour lui, l’armement est devenu un moteur de croissance problématique : «Je suis extrêmement inquiet quand une économie capitaliste se base sur la production d’armes», affirme-t-il. L’Allemagne s’appuie en effet sur un tissu industriel dense et performant dans ce domaine : des géants comme Rheinmetall, MTU Aero Engines ou Hensoldt occupent une place de choix sur le marché européen. Et les coopérations avec la France se multiplient : véhicules blindés développés avec Daimler Truck, partenariat entre Nexter et Krauss-Maffei Wegmann, ou encore le programme d’avion de combat du futur mené avec l’Espagne. Des projets qui soulèvent, selon Éric Coquerel, des enjeux de souveraineté autant que des interrogations morales.

Une ligne de fracture

Derrière ses critiques, le député insoumis oppose deux visions : celle d’une souveraineté défensive, recentrée sur les besoins strictement nationaux, et celle d’un capitalisme de l’armement, tourné vers l’exportation. «La souveraineté, ce n’est pas de fabriquer des armes pour les vendre. C’est produire ce dont on a besoin pour se défendre. Rien de plus», résume-t-il. Le risque, selon lui, est d’alimenter indirectement des conflits, par la simple logique des débouchés commerciaux. «Quand on produit des armes, il faut les écouler. Et quand on les vend, elles finissent par être utilisées.»

Éric Coquerel s’oppose également aux objectifs budgétaires définis par l’OTAN, notamment la barre des 5% du PIB consacrés à la défense à l’horizon 2030, dont 3,5% pour l’armée. Pour lui, ce cap est non seulement excessif, mais surtout dangereux au regard des priorités écologiques. «Chaque euro mis dans l’armement est un euro en moins pour la bifurcation écologique», martèle-t-il. La véritable urgence, selon le député, n’est pas militaire mais environnementale. Un message qui tranche avec l’élan de réarmement européen actuel, mais qui, dans le climat politique tendu, n’en résonne pas moins fortement.