Le grand public la connaît surtout pour ses impressionnantes Maman, monumentales araignées de bronze qui ont colonisé les musées et l’espace public à la fin des années 1990. Or, Louise Bourgeois (1911–2010) a nourri pendant plus de 70 ans une pratique protéiforme, mêlant à la sculpture le dessin, la peinture, l’art textile ou encore l’écriture.

Artiste totale, ce petit bout de femme à la voix piquante, s’exprimant en anglais avec un accent à couper au couteau, s’est tardivement imposée sur la scène internationale, où elle est désormais unanimement reconnue comme un monument de la création contemporaine. Diffusé sur Arte ce dimanche 13 juillet (et déjà disponible en streaming sur arte.tv), un documentaire réalisé par Marie-Ève de Grave, enrichi de nombreuses images d’archives et d’extraits des carnets de l’artiste, retrace la vie de cette figure majeure de l’art féministe, qui a fait exploser tous les tabous liés à la sexualité, au genre et à la maternité.

Mythologie personnelle

L’art de Louise Bourgeois puise ses origines dans son histoire personnelle. Née en 1911 au sein d’une famille de restaurateurs de tapisseries, l’artiste a vécu une enfance troublée par des angoisses d’abandon et de mort. Le choc de la disparition de sa mère, qui la pousse à commettre une tentative de suicide, rebat les cartes de son existence : la jeune Louise, qui s’était destinée à des études scientifiques, embrasse finalement la carrière d’artiste et épouse, quelques jours seulement après leur rencontre, un historien de l’art américain.

Louise Bourgeois dans son atelier devant sa sculpture « Pass »

Louise Bourgeois dans son atelier devant sa sculpture « Pass », 1988

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Photo Claudio Edinger / © The Easton Foundation / ADAGP, Paris 2025

Installée aux États-Unis et devenue mère de trois enfants, elle trouve dans la création non pas un refuge, mais un espace de confrontation de ses angoisses, qui l’assaillent de plus belle après le décès de son père. Nourrie par la psychanalyse, son œuvre explore les méandres de la condition féminine, sonde la mystérieuse beauté du sexe masculin qu’elle sculpte dans le plâtre ou le latex.

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De l’underground à la lumière

Devenue la coqueluche de l’underground new-yorkais dans les années 1970, immortalisée dans une série de portraits mythiques par Robert Mapplethorpe, elle accède finalement à la consécration lorsque le MoMA lui consacre une grande rétrospective en 1982 – la première dédiée à une artiste femme par le musée. Le monde découvre alors toute la richesse et, surtout, la puissance de son œuvre, dont ce foisonnant documentaire se fait admirablement l’écho.

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Louise Bourgeois, la sculpture et la colère

Par Marie-Ève de Grave

France, 2024 • 57 min

Diffusion le dimanche 13 juillet 2025 à 17h55

Disponible jusqu’au 10 octobre 2025 sur arte.tv