Ne cherchez pas, ils ne sont plus là depuis quelques jours. Outre quelques traînées de fientes, ne restent que les images de cette nichée exceptionnelle. Grâce aux réflexes de plusieurs agents de la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) : « C’est Arthur Brody, développeur informatique au sein de la direction du numérique, qui a été le premier à observer une activité inhabituelle sur la façade nord de la bibliothèque », raconte Alexandre Szmidt. « Au niveau du médaillon Joseph-Scaliger, quelques plumes ont volé… » relate le responsable de la communication de l’institution.

Depuis les fenêtres de son bureau du premier étage, situées en face du bâtiment de la BNU, son collègue capture les premières images révélant les indices de présence d’ un couple de faucons, au 2e  niveau, à une dizaine de mètres de haut, juste sous les toits. La nouvelle se répand comme une traînée de poudre dans les bureaux administratifs du 3a rue du Maréchal-Joffre. Mais vu du premier étage, on n’est pas assez haut pour tout apercevoir. L’enquête se poursuit dans les niveaux supérieurs.

Objet de curiosité et sujet de conversation

D’autres collègues, installés au 3 e , sortent un appareil photo à leur tour et se relaient pour « obtenir le bon clic ». De nouveaux clichés, en plongée cette fois, confirment des indices de nidification en cours : le couple de rapaces a repéré un interstice propice pour faire son nid derrière l’un des 28 médaillons à portraits (creux à l’arrière) qui décorent les quatre façades de la BNU. Ces derniers évoquent les grands noms de la littérature et de la philosophie européennes. En l’occurrence, il s’agit de celui représentant l’illustre Joseph-Juste Scaliger – l’un des grands philosophes et savants français du XVI e  siècle.

Le couple de faucon considère que l’espace est suffisant pour y abriter son nid. C’est Alexandre Szmidt qui prend l’initiative de partager les clichés sur l’Intranet de la BNU. Habitués aux bestiaires qui figurent dans leurs collections érudites, les quelque 180 agents de la bibliothèque découvrent cette fois le couple de rapaces qui emménage dans un recoin de « leur » édifice – classé aux Monuments historiques. La faune sauvage qui s’invite « chez eux » devient un objet de curiosité et d’échanges dans leurs conversations.

L’aventure publiée sur Instagram

Quelques semaines plus tard, le nid est en place, confirmant l’installation définitive de ces rapaces majestueux. Le feuilleton de cette nidification « à domicile » est suivi de semaines en semaines. Des œufs apparaissent même dans un recoin du nid ! La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) est contactée pour valider la variété des rapaces : il s’agit bien d’un couple de faucons crécerelles.

Une espèce intégralement protégée : « Encore victimes de leur mauvaise réputation, ils sont en réalité important pour la biodiversité, notamment en consommant de petits rongeurs », peut-on lire en légende d’un premier post Instagram, publié début avril sur le compte de la BNU. On y voit, dans un des clichés d’Arthur Brody, l’un des faucons avec un orvet dans son bec crochu.

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Naissance des oisillons

Au début du mois de juin, « dans un moment d’une tendresse particulière, les œufs ont éclos, donnant naissance à de jeunes faucons », rapporte encore Alexandre Szmidt, enthousiaste. Une nouvelle publication sur Instagram met la communauté des followers de la BNU en émoi. Cette fois, c’est Ombeline Faure et Alexandra Montana-Lampo, opératrices de numérisation à l’atelier de photographie de la BNU, qui capturent les oisillons qui s’égosillent sous leurs yeux. Puis Jean-Pierre Rosenkranz, photographe dans ce même service, participe à son tour à cette documentation minutieuse de leur croissance.

La rencontre entre la robustesse de l’édifice de pierre taillée, la grâce et l’élégance sauvage des rapaces, ainsi que la fragilité duveteuse des oisillons achèvent de bouleverser les amoureux de la nature en ville. Dans un élan poétique, Alexandre Szmidt y voit le symbole de « l’essence même de la bibliothèque : un lieu de croissance et d‘épanouissement, à l’image de ce que viennent chercher les 700 000 visiteurs qui franchissent ses portes chaque année ». Avant leur envol, est-on tenté d’ajouter.