Loin des gazons scrupuleusement taillés de Wimbledon, une autre forme de tennis se joue en Allemagne depuis ce dimanche. À Mannheim, Cologne ou Berlin, un tennis de clubs, rythmé par les tambours et porté par des tribunes parfois garnies par des milliers de spectateurs, est dominé par des joueurs qui n’ont que très peu de choses à envier aux tout meilleurs mondiaux.

La « Bundesliga » du tennis, c’est son nom, attire chaque été une majorité d’étrangers, bien plus que lors des Interclubs français. Parmi eux cette année, Jakub Mensik (17e), Flavio Cobolli (24e), Sebastian Baez (38e), qui succèdent à Novak Djokovic, Rafael Nadal et Boris Becker, passés, avant d’exploser, par ces Interclubs (Djokovic a d’ailleurs perdu ses deux rencontres disputées en 2005, NDLR). Un contingent tricolore, composé d’Alexandre Müller, Quentin Halys, Ugo Blanchet, et Manuel Guinard, a aussi répondu à l’appel. Ces joueurs, notamment ceux classés au-delà de la 100e place, viennent chercher autre chose que des points ATP : une rémunération alléchante, et assurée.

Des gains indépendants des résultats

Le principe est simple : dix équipes en Première Division masculine, des matches entre juin et août. Chaque rencontre comprend six simples et trois doubles, soit neuf points à distribuer. Les équipes sont plus étoffées que lors des Interclubs en France et les compositions varient en fonction des disponibilités des joueurs, souvent de passage entre deux tournois. Et chacun perçoit un montant fixe par match, victoire ou non, même si certains « négocient des primes », nous dit-on.

Clément Chidekh, 233e mondial, disputera cette année ses premiers Interclubs outre-Rhin. « J’en avais entendu parler par pas mal d’amis joueurs. On ne m’a pas hameçonné mais je suis allé voir le site de la Bundesliga et j’ai écrit aux différents directeurs sportifs par mail », raconte-t-il depuis l’Espagne, où il participe à un tournoi Futures.

Résultat : une place assurée dans une équipe berlinoise, dans laquelle il retrouvera des visages familiers : Antoine Escoffier, son coéquipier en France au TC Marignane, en tête. « J’ai prévu de disputer trois rencontres, dont une est certaine. Les autres dépendront de mes résultats. C’est très flexible. »

Et pour cause : la plupart des clubs adaptent leur effectif au dernier moment. « Un joueur éliminé à Wimbledon peut être aligné en Bundesliga dès le lendemain », explique Florian Heer, journaliste et commentateur du Championnat sur Tennis Channel en Allemagne. « Les compositions changent parfois à deux heures du match. » Les têtes d’affiche comme Pedro Martinez, Jaume Munar ou Tallon Griekspoor ne font souvent que passer. Certains, comme Flavio Cobolli ou Kamil Majchrzak, ont même dû renoncer à la première journée… rattrapés par un troisième tour à Londres.

« Pour moi, ce sera 2000 à 3000 euros par match joué »

Clément Chidekh, 234e joueur mondial

Financés par la Fédération allemande de tennis, de généreux sponsors et une billetterie qui s’écoule aisément, ces Interclubs représentent un gagne-pain sans conteste. « Un joueur allemand de Challengers m’a confié qu’il finançait toute sa saison grâce à ces matches », rapporte le journaliste allemand Florian Heer. « Pour moi, ce sera 2000 à 3000 euros par match joué », détaille Clément Chidekh, soit la même somme que s’il atteint la finale en Espagne cette semaine. « Mais un joueur comme Alex (Müller, 41e mondial) peut prétendre à des gains bien plus élevés. Certains autres, qui peuvent être aidés par leur club formateur par exemple, gagnent même jusqu’à 10 000 euros par match », explique-t-il.

Il faut ajouter à cela qu’ils bénéficieront d’un logement et sont aidés pour le transport et la nourriture. Plusieurs aspects non négligeables, notamment pour un joueur comme Clément Chidekh, qui a dégagé la bagatelle de 600 euros par mois – de bénéfice – en 2024, lors d’une saison « à 75 000 euros ». Pas certain que le Tricolore, qui connaît ces chaudes ambiances après un passage remarqué dans l’Université de Washington (Seattle), remboursera l’ensemble de ses frais en Allemagne. Mais le coup de pouce est appréciable.