Le Grand Prix d’Assen, théâtre de grandes batailles sur
la piste, a aussi été le décor d’un bras de fer verbal en
coulisses. Au cœur de la tempête : Jorge Martin, son manager Albert
Valera, Aprilia et Dorna, l’organisateur du championnat… Et un
précédent oublié : Maverick Viñales !

Albert Valera a choisi Assen
pour affirmer publiquement que son pilote était « libre » de tout
engagement contractuel avec Aprilia. Une
déclaration choc, que Dorna s’est empressée de
recadrer. L’organisateur a rappelé que « aucun pilote
ayant rompu son contrat unilat
éralement
sans accord mutuel
 » ne pouvait être engagé
ailleurs.

Pour Ricard Jové, ancien dirigeant impliqué dans le paddock, la
situation n’a cependant rien d’inédit. Il se souvient d’un épisode
similaire :

« En 2012, lorsque Maverick
Vi
ñales a
refusé de monter sur la moto en signe de
rébellion et a voulu rompre unilatéralement son
contrat, on lui a expliqué que, puisqu’il avait
un contrat non seulement pour 2012, mais aussi pour 2013, il ne
pouvait être inscrit dans une autre équipe que
s’il signait un accord préalable avec
l’équipe avec laquelle il était. Sinon, il
n’y avait aucune chance qu’il soit inscrit.
Franchement, qui croit que c’est nouveau ? Ça a
toujours été comme ça. »

« Valera et
Martin essayaient
d
’empêcher
l
’échec des
n
égociations, qui
étaient au point mort »

Jové estime que la médiatisation actuelle est
plus une manœuvre qu’une réelle innovation réglementaire :

« Ce qui me surprend,
c’est que toutes ces
d
éclarations aient
été rendues publiques de la
mani
ère dont Valera
l
’a fait. Il est clair
pour moi que la motivation est d’exprimer que le pilote
est libre, selon lui. Pourquoi ? Pour tenter
d
’obtenir des offres de Honda et de ses
partenaires, ce qu
’ils
n
’ont pas fait, car le
gentleman’s agreement était
respecté. »

Selon Jové, la stratégie de
Valera
et de Martin pourrait
bien se retourner contre eux :

« Ils essayaient d’empêcher
l’échec des négociations, qui étaient au
point mort. Diffuser tout cela avec l’arrivée de
Liberty n’est, à mon avis, pas une bonne
stratégie et je pense que cela a conduit à
quelque chose d’imprévu ; c’est
une escalade de
d
éclarations qui, selon
moi, va à l’encontre de l’intention
initiale de Valera et du pilote. »

Pour l’heure, l’avenir de Jorge Martin reste
suspendu à ces tensions. Son retour à la compétition est espéré
pour
Brno
, mais la bataille juridique avec
Aprilia
pourrait encore s’éterniser – et
retarder ses plans MotoGP
pour 2026.

Photo de Gold & Goose Photography/Getty Images