Selon Politico, Berlin négocie discrètement l’achat de 15 F-35 supplémentaires auprès des États-Unis, alors que le programme d’avion européen SCAF patine. Un revers cinglant pour la coopération franco-allemande en matière de défense.

La fracture se creuse dans le ciel européen. Alors que la course à l’armement pour dominer le ciel est plus que jamais lancée, les pays du Vieux Continent semblent incapables de s’entendre pour s’émanciper des États-Unis.

Dernier exemple en date, l’Allemagne qui s’apprête à passer une nouvelle commande de F-35 américains. Selon des informations publiées ce jeudi par Politico, Berlin négocie l’achat de 15 avions de chasse supplémentaires auprès des États-Unis. Si la transaction se concrétise, elle porterait la flotte allemande à 50 appareils, contre 35 initialement commandés en 2022.

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Ces négociations, tenues dans la plus grande discrétion, interviennent dans un climat particulièrement tendu entre Paris, Berlin et Madrid, les trois partenaires du SCAF (Système de combat aérien du futur), censé incarner la souveraineté technologique européenne mais qui s’enlise dans des rivalités industrielles.

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Des tensions entre Berlin et Paris

Mercredi 9 juillet, le chancelier allemand Friedrich Merz a pourtant assuré lors d’une rencontre avec le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte, avoir « décidé de clarifier définitivement cette question au cours des prochains mois » avant de reconnaître que « les divergences de vues sur la composition de ce consortium n’ont pas encore été résolues. »

Maquette du SCAF au salon du Bourget à Paris

Maquette du SCAF au salon du Bourget à Paris

NICOLAS MESSYASZ/SIPA
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© NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Le nœud du problème : les exigences de Dassault Aviation en termes de gouvernance qui réclame la maîtrise de 80 % des composants centraux du futur avion, une position difficilement acceptable pour l’Allemagne. Emmanuel Macron et son homologue allemand devraient aborder cet épineux dossier lors d’une rencontre prévue fin juillet à Berlin. D’ici là, le ministre allemand Boris Pistorius doit rencontrer son homologue américain Pete Hegseth.

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Combler un déficit opérationnel à court terme

De fait, cette probable nouvelle commande de F-35 conçus par l’américain Lockheed Martin sonne comme un aveu de faiblesse pour le projet européen. Berlin entend combler un déficit opérationnel à court terme. Ces nouveaux F-35 pourraient être opérationnels d’ici 2027 alors que le SCAF ne débutera ses vols de démonstration pas avant 2028 ou 2029.

Ironie du sort : Friedrich Merz s’est fait le chantre d’une Europe plus autonome, appelant à « s’émanciper progressivement des États-Unis » en matière de défense. En juin, il dénonçait encore la dépendance européenne à l’égard du bouclier américain. Ce nouvel achat, s’il est confirmé, illustrerait pourtant une soumission tactique aux standards de l’US Air Force, au détriment d’une vision industrielle commune.

D’autant que ces derniers mois, la Belgique ou encore la Suisse ont confirmé leur intention d’acquérir des F-35 malgré des factures bien plus élevées que prévues.