Daimler Truck, plus grand constructeur de camions au monde, a annoncé le 8 juillet vouloir supprimer 5 000 postes en Allemagne d’ici à 2030. Plus de 900 Alsaciens travaillent dans l’usine de Wörth, frontalière avec le Bas-Rhin. Les syndicats dénoncent un coup de communication à destination des actionnaires.

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Coup de tonnerre mardi 8 juillet dans l’industrie automobile. La direction du groupe Daimler Truck, leader mondial de la production de camions, a annoncé la suppression de 5 000 postes en Allemagne d’ici à 2030, soit environ un emploi sur sept. Cette restructuration fait partie d’un « plan d’efficacité » nommé Cost down Europe (traduction : baisse de coûts en Europe), incluant notamment des délocalisations. Le constructeur espère ainsi réaliser 1 milliard d’euros d’économies en Europe et renforcer sa compétitivité.

À la frontière franco-allemande, l’usine de Wörth emploie 9 800 salariés dont 10 % sont des Alsaciens. Comme dans tous les sites Daimler Truck, le syndicat majoritaire IG Metall a reçu de nombreux coups de fil de salariés très angoissés après cette annonce, se demandant si leurs postes étaient concernés.

Les syndicalistes de l’entreprise ont réagi vertement à cette annonce dans un communiqué. « C’est Daimler Truck États-Unis qui a fait cette annonce de 5 000 postes en moins, c’était surtout destiné aux actionnaires, et c’est ce que nous déplorons. Il s’agit de faire monter le cours de la Bourse, et pas d’informer les salariés. »

Marc Tinger, chef du bureau IG Metall Landau et chargé d’accompagner les représentants du personnel de l’usine de Wörth, rassure : « Les négociations ont abouti sur un accord qui nous satisfait. Nous avons signé cet accord parce qu’il ne prévoit aucun licenciement. Et pour les postes administratifs, il n’y aura que des départs à la retraite non remplacés et des indemnités de départ pour ceux qui sont volontaires. Par contre, jamais aucun chiffre n’a été avancé lors de ces négociations par la direction, et c’est ce qui nous met en colère : les salariés sont très stressés par cette annonce fausse. D’où vient ce chiffre ? »

[Le chiffre de 5000 postes supprimés est là pour] faire monter le cours de la Bourse, et pas [pour] informer les salariés

Marc Tinger, délégué syndical IG Metall

Une communication d’autant plus critiquée qu’elle jette le trouble sur l’entreprise, selon le délégué syndical. « Notre situation est très bonne, nous sommes très concurrentiels. Rien à voir avec une entreprise sur le point de déposer le bilan. Nous attendons maintenant de la direction qu’elle applique les accords signés, rien d’autre. »

Selon la porte-parole du constructeur Daimler Truck, qui nous a répondu par mail, les suppressions de poste en production concerneront principalement le siège, situé à Leinfelden-Echterdingen, près de Stuttgart. Pour ce qui est des usines de Kassel, Mannheim, Gaggenau et Wörth, Daimler Truck précise que ce sont les emplois administratifs qui seront avant tout visés par le plan de départs volontaires indemnisés et le non-remplacement des départs en retraite.

Cédric Rosen, président de l’association des frontaliers d’Alsace et de Lorraine (AFAL) préfère temporiser. « Les frontaliers se posent tous des questions, mais il y a toujours eu des plans sociaux. […] Ce ne sont pas vraiment des licenciements. [Daimler Truck] va proposer des indemnités de départ et c’est aux gens de voir s’ils acceptent ou pas. »

Au premier trimestre 2025, Daimler Truck a réalisé un chiffre d’affaires de 11,6 milliards d’euros. C’est 900 millions d’euros de moins que l’année dernière à la même période.