« Nous forcer à partir alors qu’on est très bien là où on est, c’est… » Cadre dans l’informatique, Stéphane (son prénom a été modifié à sa demande) travaille aujourd’hui à Cesson-Sévigné (35) pour le groupe Cegid, mais les choses pourraient changer. Basé à Lyon, l’éditeur de logiciels de gestion souhaite réorganiser ses équipes de recherche et développement (R&D) et de support client afin de les regrouper sur trois sites principaux à Lyon, Roubaix (59) et Boulogne-Billancourt (92).
« L’entreprise va donc proposer des mutations à ceux qui officient actuellement à Cesson-Sévigné, Nantes, Aurillac, Besançon et Cournon, à côté de Clermont-Ferrand », explique Thierry Montel, le délégué central CFDT de Cegid. Si les salariés concernés ne souhaitent pas être mutés, des offres de reclassement leur seront proposées au sein du groupe ou chez des partenaires ; ils pourront aussi bénéficier d’un accompagnement à la création d’entreprise. Mais « si nous n’acceptons aucune de ces options, nous serons licenciés », déplore Stéphane.
Rien de figé avant la mi-septembre
Auprès du Télégramme, une porte-parole du groupe (5 000 salariés et 967 M€ de chiffre d’affaires en 2024) confirme ce projet de réorganisation et l’explique par l’histoire de l’entreprise : « Nous nous sommes beaucoup développés ces dernières années grâce à des acquisitions. Nous en avons réalisé 32 depuis septembre 2017, c’est énorme. Résultat, nous avons des sites partout en France et en Europe ». Une organisation loin d’être optimale et qui a conduit Cegid à repenser les choses pour « regrouper les compétences afin d’être meilleurs ».
Annoncé en avril lors d’une réunion du comité économique social et économique central (CSEC), le projet a fait l’objet d’une consultation jusqu’à la fin mai. Constatant que plusieurs points devaient encore faire l’objet de discussions entre la direction et les partenaires sociaux, un « complément de consultation » a été lancé jusqu’à la mi-septembre. Les sujets à trancher sont importants. Parmi eux, le calendrier précis de mise en œuvre de la réorganisation, qui doit entrer en vigueur au premier semestre 2026, et le nombre de postes concernés par une mutation. Environ 280 pourraient être visés, dont 60 sur 80 à Cesson-Sévigné et 50 sur 130 à Nantes, selon nos informations. « Ça pourrait être moins », nuance la porte-parole du groupe.
« Des conséquences difficiles pour les collaborateurs concernés »
Reste que chez les salariés, le projet tend les esprits. « Ça met beaucoup de gens dans l’angoisse », confirme Thierry Montel, dont l’organisation syndicale n’est « pas d’accord avec le choix de la direction ». « On pense qu’il y avait d’autres solutions. Ce qui nous importe, aujourd’hui, c’est que les salariés soient bien traités et que l’entreprise mette les moyens. »
De son côté, la direction reconnaît que la réorganisation a « des conséquences difficiles pour les collaborateurs concernés. Nous avons conscience que cela perturbe beaucoup, que cela crée de l’incertitude, du stress et des interrogations », déclare la porte-parole. Qui précise que l’objectif de Cegid n’est ni de fermer des sites, ni de faire des économies. « Sinon, on ne continuerait pas à recruter 400 à 500 salariés par an. »