Vingt photos portraits d’hommes et de femmes (10 sur chaque lieu d’exposition) qui vivent dans la rue à Bordeaux…
Vingt photos portraits d’hommes et de femmes (10 sur chaque lieu d’exposition) qui vivent dans la rue à Bordeaux et avec qui le photographe a tissé d’étroits liens d’amitié. De quoi attirer l’attention de la présidente de l’association « Tardoria » Sandrine Costa, elle aussi d’origine bordelaise, qui lui a donc proposé d’exposer ses clichés à Montbron.
« Rendre poreuses les barrières entre deux mondes qui ne prennent pas souvent le temps de se côtoyer. »
Pouvez-vous nous présenter « Mémoires d’oubliés » ?
Ken Wong-Youk-Hong. C’est une partie d’un travail que je mène depuis plus de 13 ans. Il s’agit de mettre en lumière des amis à moi qui vivent dans la rue. Ce sont des portraits réalisés depuis 2013 avec des personnes qui me sont proches sur Bordeaux et qui sont encore à la rue aujourd’hui, ou qui en sont sortis.
Quel est l’objectif de cette exposition ?
C’est de permettre à la femme et l’homme de dedans de se rendre compte que la femme et l’homme de dehors, ce sont exactement les mêmes personnes. Rendre poreuses les barrières entre deux mondes qui ne prennent pas souvent le temps de se côtoyer. Et permettre donc aux gens de dedans de pouvoir avoir une première approche des âmes incroyables que j’ai eu l’occasion de rencontrer.
À chaque fois, il y a une photo et en dessous un poème qui est associé ?
Tout à fait. Ce sont des textes que j’ai rédigés en prenant comme base les échanges que j’ai eus avec mes amis de la rue. Je le transforme en texte ou en poème en cherchant une musicalité à la fois du texte qui se rapproche de la musicalité des photos.
Que vous inspirent ces femmes et ces hommes ?
Ils sont tous incroyables et racontent chacun leur propre histoire. J’ai toujours eu un coup de cœur pour Aaron. C’est la jeune fille qui a un perroquet et un corbeau sur l’épaule et qui possède trois chevaux. Elle a cette qualité de pouvoir parler aux animaux, les animaux la comprennent et c’est juste magnifique. C’est une petite sœur pour moi que je suis attentivement depuis 2017.
Pouvez-vous nous en dire plus sur vous ?
Je suis né en Guyane en 1978 d’une mère martiniquaise et d’un père chinois. J’ai grandi dans une banlieue populaire de Bordeaux. J’ai d’abord été responsable d’une boutique de prêt-à-porter haut de gamme du centre-ville, mais la passion de la photographie a été la plus forte. Je suis surtout un homme engagé dans les causes sociétales. Je suis un photographe d’intervention.
C’est-à-dire ?
C’est le premier nom qu’on donnait au photographe social. Le premier photographe d’intervention, son nom était Riggs. C’est un photographe qui a habité à New York et qui a commencé à photographier la rue. C’est le premier à avoir utilisé le flash en photographie pour pouvoir mettre en lumière les démunis et les laissés-pour-compte à New York dans le quartier des Five Points.
Vous avez d’autres projets ?
Je travaille sur des thématiques qui me sont données sur des missions municipales, départementales, régionales ou nationales. J’ai trois thématiques en particulier. Le sans-abrisme au travers de cette exposition « Mémoires d’oubliés », la place de la femme dans le sport en extérieur. Et aussi le racisme au travers d’un projet hybride avec une compagnie qui s’appelle « La compagnie du risque ». C’est à la fois de la photographie et une pièce de théâtre à partir de rencontres, dont des proches de Martin Luther King, que j’ai réalisées aux États-Unis quand j’étais en résidence. On s’adresse aux scolaires et on se déplace dans les établissements pour permettre aux élèves de pouvoir avoir une pensée positive sur l’autre.
On peut vous suivre comment ?
Grâce à ma page Facebook « L’œil de Ken », où je publie toutes mes photos et qui m’apporte une belle visibilité. J’ai d’ailleurs déjà eu la chance d’avoir des reportages sur France TV ou France Inter. Mais l’important, ce n’est pas moi. L’important, c’est que ceux que je photographie le deviennent.
« Mémoires d’oubliés » jusqu’au 30 août à la médiathèque du Minage du mardi au vendredi de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h et le samedi de 10 h à 12 h 30. Et au bar associatif « Le Sonneur » le vendredi et le samedi soir de 18 h 30 à 22 h 30.